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Il fallut dix minutes à Bianca pour arriver sur place. Si la femme au téléphone était plus déboussolée qu'effrayée, Bianca était clairement paniquée. Ce n'était pas la première fois que Natalia présumait de ses forces, mais c'était bien la première où elle ne sentait pas la fatigue arriver et n'avait pas le temps de se mettre à l'abri.

La femme s'appelait Marion Hunt. Pas très courant en France, aussi Bianca trouva-t-elle sans problème le bouton de son interphone. Elle ouvrit aussitôt ; Bianca s'élança dans l'ascenseur, sa trousse de soin à la main. Ça avait beau être irrationnel, elle n'avait pu s'empêcher d'appuyer une quinzaine de fois sur le bouton d'appel et de taper du pied pendant que l'appareil gravissait les étages. Trop lentement à son goût.

Dans le couloir, la porte était déjà ouverte et une femme attendait devant en se tordant les mains, lançant des regards inquiets vers l'intérieur de l'appartement. Elle devait avoir une trentaine d'années et avait couvert son pyjama court par un peignoir d'intérieur.

-Mme Bianca ? s'écria-t-elle en se portant à sa rencontre.

-Appelez-moi Bianca, répondit celle-ci par réflexe. Où est mon amie ?

-Dans la chambre.

Bianca passa devant Mme Hunt, s'élança vers la chambre dont la porte ouverte dévoilait une partie du lit.

Natalia était bien là. Mme Hunt l'avait couverte d'un plaid vert. Elle était pâle, les traits tirés, les joues déjà émaciées.

Bianca s'assit au bord du lit, juste à côté de son amie. Se penchant sur elle, elle l'appela fermement : les paupières bougèrent mais elle ne se réveilla pas.

Bianca ouvrit sa trousse de soins. Après de multiples examens, elle en conclut que Natalia n'était rien de plus qu'épuisée. Aucun signe de blessures extérieures ni intérieures. En revanche, elle était glacée.

-Est-ce que vous avez une autre couverture ? demanda-t-elle à Hunt.

-Oui.

Elle partit dans le couloir pour revenir quelques instants plus tard avec une couverture, rose cette fois-ci, qu'elle plaça avec précautions sur Natalia. Pendant ce temps, Bianca sortait ce dont elle avait besoin pour faire une transfusion de glucose. Elle posa le cathéter sur le bras de Natalia puis, avec l'aide de Hunt, disposa la poche en hauteur, de façon à ce qu'elle se vide par le bas.

-Il va falloir une bonne heure avant qu'elle se réveille, déclara-t-elle.

Un soupir de soulagement échappa à la femme :

-Rien d'irréversible, alors ?

-Non, rien, sourit Bianca.

Maintenant qu'elle s'était occupée de Natalia, elle était beaucoup plus rassurée. Son amie irait bien très vite. Ce n'était pas la première fois qu'elle devait passer par une transfusion à cause de l'épuisement, et ce ne serait pas la dernière.

*

**

Natalia était allongée sur un lit d'hôpital. Elle était enfermée depuis un an maintenant, et cet imbécile de Jafar n'avait toujours pas compris. Il pensait encore que sa faim permanente n'était qu'un caprice, une envie de jeune femme qui n'avait pas encore réalisé qu'elle était soumise à la volonté de ses geôliers.

Bianca le savait, elle. Elle savait que Natalia ne mentait pas, elle savait qu'elle avait besoin de se nourrir plus que n'importe qui d'autre ici. L'absence de nourriture la tuerait plus sûrement que les chasseurs.

Elle-même était enfermée dans une cage de verre, la cage spéciale « petits animaux », comme l'appelait les médecins d'ici. Là dedans, nul besoin d'enchantement pour la maintenir sous sa forme humaine. Même si elle se transformait, elle ne trouverait aucun trou de souris par lequel s'échapper.

Prime de chasse - Chasses interdites 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant