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Le coup de fil affolé de Donald étonna Bianca. Il n'avait donc pas trouvé son message ?

-J'ai demandé à Alyssa de venir me chercher, expliqua-t-elle. Tu dormais tellement bien que je n'ai pas voulu te déranger. Ne t'inquiète pas, tu es autant en sécurité seul chez moi que si j'étais là.

-Que je ne m'inquiète pas ? Tu aurais pu me prévenir, s'emportaitDonald.

Elle aurait pu trouver cela énervant. Au lieu de cela, elle trouva son attitude touchante. Et flatteuse.

-Je t'ai prévenu ! Je t'ai laissé un message sur la table à côté de la piscine. Je pensais que tu irais te baigner. Tu as l'air d'en avoir tellement envie.

-Tu pensais que j'irais dans la piscine avant de savoir ce que tu es devenue ? s'étrangla-t-il.

Ce n'était sans doute pas la meilleure réaction à avoir, mais cela fit rire Bianca. C'était peut-être la première fois que quelqu'un s'inquiétait autant pour elle. Si l'on ne comptait pas Natalia, bien sûr.

-Oui, avoua-t-elle quand elle cessa de rire.

-Tu ne devrais pas t'en amuser comme ça. J'ai vraiment cru qu'il t'était arrivé quelque chose.

-Mais il m'est arrivé quelque chose, rectifia-t-elle, avant d'ajouter pour calmer les exclamations affolées de Donald : toi.

Cela le fit taire d'un seul coup.

-Je viens à la clinique, finit-il par répondre, une fois qu'il se fut repris.

-Non. Tu es en sécurité là-bas. Je demanderai à Alyssa ou un autre prédateur de me ramener ce soir.

-Mais...

-De toute façon, je n'enverrai personne pour t'escorter jusqu'ici.

-Je n'ai pas besoin d'escorte. J'ai échappé au hibou deux fois, je peux le refaire.

-Peut-être. Mais je n'ai pas envie de tenter le diable. Soit raisonnable, Donald.

Il lui fallut encore de longues minutes de discussion, mais il finit par accepter de rester.

*

**

Il était midi, et Natalia n'avait toujours pas adressé la parole à Ajay. Celui-ci se rongeait les ongles, dans son bureau, en se demandant comment la calmer. Il comprenait sa réaction, bien sûr –comment accepter l'idée d'être espionnée sans ciller ? - mais il avait espéré qu'elle réagisse un peu mieux que ça. Il ne fallait pas qu'il soit en froid avec elle. Ca ne l'arrangeait absolument pas.

Parce qu'elle était en danger, et qu'il était en mesure de la protéger. Certes, il était moins impressionnant qu'un grizzli, mais il était rapide et tout le monde savait qu'un chat qui se battait était sacrément vicieux. Il était tout à fait capable de tenir tête à un hibou ou à un renard, voir aux deux en même temps.

Il avait espéré pouvoir discuter avec Natalia. Avec le caractère qu'elle avait, il n'aurait jamais imaginé qu'elle puisse simplement... l'ignorer. Ce qui le blessait bien plus qu'il ne l'aurait cru. Donc, lorsqu'il la vit sortir de son bureau le midi et se diriger vers l'ascenseur, il décida de lui emboîter le pas et parvint à la rejoindre avant que les portes ne se ferment. Elle le fusilla du regard sans dire un mot jusqu'à ce que les portes soient closes.

-Vous n'avez rien à faire là.

-Vous ne pouvez pas rester seule. Il y a des gens qui vous en veulent.

-Je le sais. J'ai été déjà agressée une fois, et l'un de mes amis aussi. Nous avons pris les mesures nécessaires à notre protection.

-En sortant seule ? Vous avez à faire à des chasseurs de primes. Vous pensez pouvoir les affronter seule ?

-J'ai plus de chances seule qu'avec vous.

C'était volontairement méchant. Il était plus que capable de se battre, et pas uniquement sous forme animale. Les chats étaient doués pour le combat de rue, mais lui avait fait du judo et du taekwendo pendant des années. Il n'avait cessé que par manque de temps.

-Je n'ai pas envie de prendre le risque, répondit-il.

Elle se tourna vers lui. Elle était moins jolie en colère.

-Vous ne prenez aucun risque, Ajay. Vous êtes mon assistant, pas un membre de ma famille ni même un ami. Nous ne nous connaissons que depuis quelques jours. Vous n'avez pas à me coller comme vous le faites.

-Ma conscience et mon instinct m'y obligent, répliqua-t-il en refusant de se laisser impressionner. S'il vous arrive quelques chose, je ne me le pardonnerais jamais. Et vous ne me le pardonnerez pas.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent à cet instant sur le rez-de-chaussée. Plutôt que de lui répondre, Natalia s'élança vers la sortie. Avait-elle l'intention de le semer ?

Il la suivit d'un pas leste. Elle était déjà sur le trottoir et lui à quelques pas derrière elle lorsque l'attaque eut lieu.

Prime de chasse - Chasses interdites 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant