-Tu crois vraiment que tu vas sortir plus rapidement si tu ennuies tes infirmières ? demanda Bianca d'un ton moralisateur.
Yago était allongé dans son lit d'hôpital, l'expression d'un enfant coupable sur le visage. Le grand et bel homme qu'il était, dont les cheveux longs et châtains lui arrivait sous la mâchoire, avait le bras plâtré. Son regard clair trahissait à peine le perroquet qu'il était.
-Non, mais ça me défoule, répondit-il comme si c'était une raison valable.
-Tun'as pas à te défouler sur mes infirmières, répliqua vertement Bianca. Tu es blessé : tu es hospitalisé. C'est une équation que tu connais bien et que tu devrais finir par accepter.
Yago se renfrogna. Bianca le connaissait assez bien pour savoir qu'il comprenait, qu'il avait su même avant qu'elle n'intervienne qu'il était allé trop loin.
-Si tu ne veux plus revenir ici, tu dois changer de métier. Dans le cas contraire, tu acceptes les soins, tu es gentil avec mon personnel et tu prends tes médicaments sans rechigner.
Il lui jeta un regard assassin. Yago était un homme de caractère qui détestait qu'on lui donne des ordres. Ce qui était plutôt surprenant vu que son métier consistait pour la majeure partie à suivre les directives à la lettre.
-Je n'ai aucun problème à prendre mes médicaments, grogna-t-il entre ses dents, comme si c'était le nœud du problème.
-Tu le fais en étant désagréable. Il n'y a plus beaucoup d'infirmières qui accepte de s'occuper de toi, tu sais. Et j'ai autre chose à faire que passer trois fois par jour vérifier si tu es sage.
Il se hissa en position assise, le cou tendu, outré par ses propos.
-Je ne suis pas difficile à ce point-là, se défendit-il.
-Vraiment ?On m'a pourtant rapporté que tu leur parlais comme si tu les insultais, que tu passais ton temps à demander quand tu allais sortir – alors que tu sais parfaitement que tu en as pour un bon moment – qu'il a fallu t'immobiliser pour te plâtrer, que...
-Je suis un oiseau ! Me plâtrer le bras, c'est...
-Avec un bras cassé ou un bras dans le plâtre, tu ne peux de toute façon pas voler, le coupa-t-elle sèchement.
-Avec ce plâtre, je ne peux pas me transformer, répondit-il sur le même ton.
-Parce que tu avais l'espoir de t'envoler ?
-Non,mais j'aime être un ara.
C'était une chose commune à presque tous les métamorphes oiseaux. Ils aimaient leur part animale, ils l'embrassaient et parfois même préféraient être des oiseaux plutôt que des humains. C'avait été le cas de Donald, mais c'était aussi par moment celui de Natalia.
Alors qu'elle-même, petit rongeur facile à attraper, ne supportait plus cette moitié d'elle-même.
Elle s'approcha du lit pour poser une main douce sur celle de son ami. Lui aussi était sorti de la cage où elle avait été enfermée, sauf qu'au lieu de devoir s'accrocher aux poils d'un orang-outan en fuite, il avait pu le faire en volant. Il n'avait dépendu de personne.
-Tu redeviendras un perroquet, le rassura-t-elle avec douceur. Tu dois seulement être patient.
-J'en ai marre d'être coincé sur ce lit. J'ai beau être prudent, il y a toujours un moment où je me casse quelque chose.
-Tu es cascadeur. Il est difficile de rester indemne toute sa vie.
Ceci dit, Bianca avait noté que Yago était blessé de plus en plus souvent. Ce n'était pas une question d'âge, à son avis, mais d'inattention. A moins qu'il ne soit entré dans un cercle vicieux d'autodestruction... Quoi qu'il en soit, elle était vigilante avec lui depuis plusieurs semaines déjà, bien avant que Raja ne parte pour la Russie.
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Prime de chasse - Chasses interdites 2
RomansaCinq ans après avoir échappé à La Cage, le quotidien de Natalia et Bianca se retrouve de nouveau bouleversé. Leur ancien ennemi leur envoie de nouveaux adversaires : des chasseurs de primes. Ces professionnels ne reculeront devant rien pour rattrape...