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Lorsque Natalia ouvrit les yeux, elle se retrouva exactement là où elle aurait voulu ne pas être : dans une chambre d'hôpital, blanche et aseptisée. Heureusement, quelqu'un avait disposé desfleurs fraîchement coupées sur la table de nuit où se trouvait aussi un téléphone et la télécommande du lit. Une petite touche de couleur et de fraîcheur qui ravissait son côté animal.

Elle tendit la main pour saisir la télécommande, trouva le bouton contrôlant le haut du lit et appuya dessus jusqu'à se retrouver en position presque assise. Le soleil tapait à travers le rideau avec tant de force qu'elle se demanda depuis combien de temps elle était là.

Elle ferma les yeux un instant, les souvenirs de la veille lui revenant en mémoire.

Le hibou. Attaquée par un hibou, en pleine ville. Un qui avait la ferme intention de l'attraper elle.A son acharnement à la poursuivre, il était clair que les autres proies n'intéressaient en aucun cas le rapace.

Soit la curiosité de voir un animal aussi exotique sur son territoire l'avait poussé à ne s'en prendre qu'à elle, soit... non. L'autre possibilité semblait improbable.

Et pourtant... ce rapace avait semblé être doté d'une intelligence plus grande que la moyenne.

Elle se souvenait vaguement... très vaguement d'une femme brune.

Rouvrant les yeux, elle se décida à appuyer sur le bouton d'appel.

*

**

Bianca avait eu le temps de dormir quatre heures avant de repartir pour la clinique. Elle était passée voir Natalia, qui était alors toujours endormie, donc elle était retournée travailler. A commencer par une visite à Donald.

Le jeune homme était debout à côté du lit, observant le plateau qui lui avait été amené pour le petit déjeuner comme si c'était un ennemi.

-Bonjour, dit-elle gentiment.

Il leva la tête vers elle, visiblement surpris par son entrée. Dès qu'il la reconnut, un sourire s'épanouit sur ses lèvres. Il était maladroit, mais cela prouvait que, déjà, les réflexes humains lui revenaient.

Elle constata avec plaisir qu'il portait les vêtements qu'elle lui avait apportés, et même que la valise avait été amenée dans sa chambre. T-shirt orange, jean noir. Pieds nus. Sans savoir pourquoi, ce dernier détail la fit sourire et la toucha en même temps. Comme si, bien qu'heureuse qu'il embrasse de nouveau sa part humaine, elle avait été aussi secrètement inquiète qu'il oublie du coup sa part animale. Ça c'était déjà vu.

-Bonjour, répondit-il après un instant d'hésitation.

Là encore, sa voix s'était raffermie. Ses cordes vocales reprenaient vie. Parfait.

Réalisant le cours que prenaient ses pensées, elle se mordit la lèvre pour se ramener à la réalité et s'exhorter : ces réflexions devaient rester purement professionnelles. Son travail désormais était à la fois de s'assurer qu'il reprenne le contrôle de toutes ses fonctions humaines, mais aussi de l'accompagner dans son retour à la vie normale.

-Je suis désolé pour cette nuit, commença-t-il. Je n'avais pas réalisé l'urgence.

-Ce n'est pas grave. Nous avons pu nous occuper d'elle.

-Elle va bien ?

Bianca plissa les yeux. Elle allait avoir une réponse acerbe, puis se rappela à temps que Donald n'avait aucun moyen d'avoir la moindre conscience de ce que « secret professionnel » signifiait.Après tout, il avait été enfermé à l'âge de dix ans, et il n'avait rien connu d'autre que la mare depuis qu'il était libre.

Prime de chasse - Chasses interdites 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant