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Donald entrait dans la climé au moment même où Bianca en sortait. A ses côtés, il reconnut l'infirmière lionne.

Bianca écarquilla les yeux au moment où elle le vit :

-Qu'est-ce que tu fais là ?

-Où vas-tu comme ça ? répliqua-t-il sur le même ton exaspéré.

-Alyssa et moi allons chez Thomas.

-Je venais pour être avec toi.

Ils se toisèrent un instant, sous le regard intrigué de la lionne.

-Je travaille, tu n'as pas besoin d'être ici.

-Tu travailles en allant chez Thomas ?

-Il a des ennuis à cause de moi, le minimum est que je m'assure qu'il aille bien.

-Il a des ennuis à cause de nous, si je n'avais pas été attaqué par ce hibou il n'aurait pas dû protéger ton amie et il n'aurait pas été impliqué dans cette histoire.

-Faux. Son implication a commencé bien avant la tienne, quand Natalia a fait un malaise.

Ils se regardaient avec colère. Lui parce qu'il ne concevait pas qu'elle prenne le risque de sortir de la climé, seul autre endroit après son domicile où elle savait qu'elle ne risquait rien. C'était irrationnel, parce qu'il savait également qu'il y avait peu de chances pour qu'il lui arrive quelque chose alors qu'elle était accompagnée d'Alyssa. D'un autre côté, si les chasseurs de primes étaient parvenus à neutraliser un grizzli, il était tout fait possible qu'il neutralise une lionne.

Mais elle ?

-Pourquoi es-tu en colère contre moi ?

-Tu es venu comment ? demanda-t-elle en réponse.

-Par la voie des airs. Ça me semblait plus sûr et plus rapide que devenir à pieds.

-Par les airs. Seul. Avec un hibou prêt à t'attaquer à tout moment.

Ah. Il commençait à comprendre.

-J'ai été prudent...

-Si tu l'avais vraiment été, grogna-t-elle, tu serais resté chez moi, là où tu sais que nul ne peux t'atteindre. Au lieu de cela, tu es sorti seul et sans protection. Tu aurais pu te faire tuer.

Alors ça, il n'y était pas habitué. Qu'on s'inquiète pour lui, oui, mais de voir une telle fureur sur le visage de Bianca ? C'était la première fois depuis qu'il la connaissait.

-J'étais prêt à prendre le risque pour que ce ne soit pas toi qui le soit, répondit-il avec douceur.

Elle en resta interdite. Puis elle rougit, avec un regard furtif vers Alyssa qui fit mine de ne rien avoir remarqué.

-Tu peux nous accompagner, finit-elle par répondre sans le regarder. Mais ne te promène plus seul tant que ces chasseurs de primes seront à nos trousses !

*

**

Natalia et Ajay étaient très en retard sur un horaire de bureau classique. Heureusement, Natalia n'avait pas de comptes à rendre sur ses allées et venues, et Ajay ne devait en rendre qu'à elle. Autrement dit, de ce point de vue là, ils étaient tranquilles.

En conduisant, Natalia demanda à voix haute :

-Vouvoiement ou tutoiement ?

-Pardon ?

Ajay semblait perdu dans ses pensées, le regard parfois vers l'extérieur, parfois sur elle.

-Au bureau. On continue à se vouvoyer ou on passe au tutoiement ?

Il réfléchit un instant, comme si sa réponse changerait la face du monde :

-Je pense qu'il vaut mieux rester naturel. Je crois que le tutoiement sera ce qui me viendra le plus facilement maintenant.

-A moi aussi, avoua-t-elle dans un sourire.

Elle était surprise de pouvoir être aussi détendue avec lui. Elle avait laissé libre cours à ses envies sans penser à la suite, et alors qu'ils étaient étendus l'un à côté de l'autre sur le canapé, elle s'était demandé s'ils auraient droit à cette fameuse « gêne du lendemain ». Visiblement non.

Ajay posa la main sur sa cuisse, la caressant à travers son pantalon. Même à travers le tissu, le contact de ses doigts sur sa peau faisait naître des éclairs de désir en elle.

-Si tu ne retires pas ta main, annonça-t-elle, je m'arrête quelque part pour te sauter dessus.

Il sourit, fit courir sa main le long de sa cuisse avant de l'immobiliser à son sommet. Du bout des doigts, il la titilla là où ça comptait. Se penchant à son oreille, il murmura :

-J'aime l'idée de faire l'amour avec toi n'importe où, n'importe quand.

Elle était déjà en train de voir où elle pouvait s'arrêter pour lui prouver qu'elle ne bluffait pas lorsque l'animal traversa la route. Elle n'eut pas le temps de l'identifier avant de réagir. Sinon, elle aurait fait exactement à l'inverse.

Elle appuya sur le frein de toutes ses forces, braquant en même temps. La voiture dérapa sur le côté droit. Ajay s'agrippa d'une main à la portière, de l'autre à la cuisse de Natalia. Elle resta accrochée à son volant, le pied bloqué sur la pédale de frein. Les roues heurtèrent le trottoir si violemment que la voiture décolla du sol pour monter dessus, terminant sa course brutalement au milieu de la foule de passants affolés.

Ils restèrent un instant immobiles, leur cerveau remettant en ordre ce qu'il venait de se passer, sidérés de n'avoir rien touché et de n'être blessés ni l'un ni l'autre.

*

**

Se retournant, Ajay grogna :

-Qu'est-ce que c'était ?

-Un renard, répondit obligeamment une voix d'homme à son oreille.

Ajay n'eut pas le temps de se tourner vers lui : le chasseur de prime le frappa violemment à l'arrière du crâne. Sonné, Ajay se retourna laborieusement. Leprince, semble-t-il, n'attendait que ça pour finirde l'assommer à coups de poings.


Prime de chasse - Chasses interdites 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant