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Natalia rejoignit Rosis dans la salle de réunion. Ajay était là, disposant différents dossiers devant lui.

-Vous pouvez retourner à vos occupations, Ajay, lui dit-elle avec fermeté.

Les yeux rivés sur Rosis, elle avait adopté une attitude de froide détermination. Ajay dut remarquer son changement d'attitude, parce qu'il sortit sans dire un mot. Une fois la porte refermée derrière eux, elle contourna la grande table pour se placer face aux dossiers. A l'opposé exact de Rosis.

Elle n'avait jamais été particulièrement violente. C'était plutôt le contraire, d'ailleurs, elle était du genre pacifiste, et ce bien avant d'entrer dans la cage. Les horreurs auxquelles elle avait participé et survécu n'avaient fait que conforter son opinion : la violence n'apportait rien de bon.

Pourtant, face à cet homme, douloureux souvenir de ses années de calvaires, elle avait une folle envie de le frapper. Un bon coup de poing en plein visage, voilà ce qui lui ferait le plus plaisir à l'heure actuelle.

Mais elle ne le ferait pas. Elle valait mieux qu'un chasseur. Et elle le lui prouverait dès maintenant.

Elle resta debout devant Rosis, dominant la situation :

-M.Rosis, j'ai beaucoup entendu parler de vous, dit-elle en guise de salutation.

L'homme était assis, bras croisés sur sa poitrine, comme s'il était le maître des lieux. Elle allait lui faire comprendre qu'il n'avait plus le moindre pouvoir sur elle.

-En bien, je suppose, répondit-il avec un petit sourire.

-Pas vraiment.

Il se renfrogna. S'il s'attendait à ce qu'elle lui lèche les bottes comme Montfort le faisait avant elle, il allait être déçu.

-J'ai repris les rênes de votre projet, annonça-t-elle. Je dois vous dire que les directives que vous aviez données à mon prédécesseurs ne menaient à rien de bon. J'ai donc pris la liberté de chercher ailleurs.

Rosis posa les mains sur la table d'un geste brusque en s'écriant :

-Je ne vous en ai pas donné l'autorisation.

-Je n'en avais pas besoin.

Elle ne lui laissa pas le temps d'ouvrir la bouche pour la rabrouer ; elle sortit des dossiers les projets qu'elle avait mit au point la veille avec les infographistes. Elle devait reconnaître que Nancy était particulièrement rapide à comprendre ses directives, mêmes les plus embrouillées.

Elle disposa devant lui plusieurs d'entre eux. Sur l'une des affiches était écrit « Exprimez votre bonheur avec des fleurs », accompagné de l'image d'une femme disposant un bouquet sur sa table, sourire aux lèvres. Les autres projets arboraient différents slogans comme « La vie c'est comme un bouquet de fleurs » ou « Aussi simple qu'un bouquet de fleurs », etc. Ce n'étaient que des projets, aussi y avait-il encore beaucoup de travail à faire, mais elle s'en fichait.

Elle bouillonnait intérieurement.

-Aucun de ces projets ne correspond à ce que...

-Vous voulez donner un souffle nouveau à votre entreprise, le coupa-t-elle. Vos idées étaient mauvaises, toutes sans exception, aussi ai-je dû les écarter afin de faire mon travail correctement.

C'était rude, mais il ne méritait pas mieux.

Rosis se dressa d'un bond. La colère déformait ses traits. Rien à voir avec l'expression de pure extase qu'il avait eue lorsqu'il avait appuyé sur les boutons enclenchant les pièges.

Prime de chasse - Chasses interdites 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant