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Alyssa toquait à la porte de Thomas avec insistance. Côte à côte, Bianca et Donald adoptaient un silence tendu. Se heurtant à un silence résolu, la lionne posa l'oreille contre le battant de bois rouge, les sourcils froncés, concentrée.

-Il n'y a personne, annonça-t-elle. Que fait-on ?

-Il ne devrait pas être en train de travailler à cette heure-ci ? questionna Donald.

Il revenait peut être à peine parmi le monde des vivants, mais il savait qu'à 14h30, généralement, on travaillait.

-Pas aujourd'hui, répondit Bianca. Il ne travaille pas le vendredi après-midi.

Les traits tirés, elle fixait la porte comme si elle essayait de voir au travers.

-On peut entrer, si vous voulez, proposa Alyssa.

-Comment ?

Elle sortit une radio de son sac à main :

-Avec ça. Mon mari est serrurier, il m'a montré comment faire.

Donald jeta un œil vers Bianca :

-Si tout va bien, il n'appréciera pas qu'on entre chez lui comme ça.

-Si tout va mal, il sera bien content qu'on l'ait fait. Vas-y, fit-elle à Alyssa.

La lionne se pencha sur la porte, et, en quelques secondes, parvint à l'ouvrir.

Ils entrèrent dans la maison l'un après l'autre, non sans vigilance. Alyssa était bien sûr prête à bondir toutes griffes dehors, Bianca à se battre et Donald à attaquer. Ils s'attendaient au pire, c'est-à-dire qu'un chasseur de primes fasse son apparition, que tout cela ne soit qu'un piège. Ils avaient raison. Ils n'avaient pas prévu, cependant, que les chasseurs soient plus malins qu'eux. Bien plus malins.

Un filet tomba sur Alyssa, ses bords lestés la clouèrent au sol, même lorsqu'elle se transforma. Ses rugissements de colère attirèrent sans le moindre doute l'attention du voisinage. Pourtant, personne ne se montra.

Bianca leva la tête pour se retrouver face aux serres d'un hibou. Cécile Delattre lui frôla les cheveux, se jetant toutes serres dehors sur Donald. Peut-être par réflexe, celui-ci se transforma immédiatement. A l'inverse, la chasseuse devint femme et jeta sur lui son manteau. Pendant que Donald se débattait, elle l'assomma d'un violent coup sur la tête. Le manteau cessa de bouger.

Paniquée, Bianca crut qu'elle l'avait tué ; elle se jeta sur la chasseuse, mais celle-ci était aguerrie au combat et l'esquiva sans le moindre mal.

-Suis-moi sans faire d'histoire, ou ton canard le sentira passer, menaça-t-elle.

Donald sous le bras, elle le tenait d'une façon qui ne laissait aucun doute : il lui suffirait d'un geste pour lui tordre le cou. Le pauvre Donald ne se réveillerait jamais.

Et Bianca ne verrait plus jamais l'homme qu'elle en était venue à aimer.

Sauf que si elle laissait cette femme lui dicter sa loi, il y avait toutes les chances pour qu'ils meurent tous les trois.

-Je ne peux pas.

Bianca n'avait pas réellement le choix. Il fallait qu'elle s'échappe, qu'elle revienne ensuite pour sauver Donald et Alyssa.

Elle ne pouvait qu'espérer que Delattre ne mettrait pas sa menace à exécution. Dans les quelques secondes de réflexion acharnée qu'elle s'accorda, elle estima que la chasseuse ne gagnerait rien à tuer Donald maintenant : non seulement elle perdrait ainsi la prime liée à sa capture, mais en plus elle perdrait aussi un moyen de pression sur Bianca. Elle se dit également qu'il n'y avait qu'un moyen de lui échapper. Le seul et unique moyen qu'une proie comme elle avait à sa disposition.

Prime de chasse - Chasses interdites 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant