Chapitre 5 : Vic

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« Nous travaillons ensemble pour soutenir le courage là où il y a la peur, pour encourager la négociation où il y a le conflit, et donner l'espoir là où règne le désespoir. »

Nelson Mandela



Il y a des moments dans la vie, où nous sommes persuadés d'avoir fait le bon choix, d'avoir eu la bonne idée, d'avoir mené le meilleur projet, et un jour, nous nous rendons compte que ça n'était pas tellement le cas. C'est un peu la réflexion que je me suis faite cette nuit, en entendant Murphy, le chien de Clara, ronfler depuis le salon. J'ai regretté de ne pas avoir de murs pour ne plus l'entendre !

En effet, il y a deux ans quand j'ai acheté cet appartement, j'y ai cassé tous les murs. Je voulais un loft, pour la lumière, pour faire un effet de grandeur, et c'est ce que j'ai eu. Hormis pour les toilettes, seuls des verrières ou des meubles délimitent réellement les pièces. Ce qui fait que je pourrais prendre un bain et regarder la télévision en même temps, et ce qui fait aussi que j'ai très peu dormi puisque j'entendais de mon lit les cordes vocales de Morphy...

Et ce matin, j'accuse le coup de ces deux nuits avec très peu de sommeil, et mon amie me le fait gentiment remarquer :

— Oh merde, qu'est-ce que tu as fait à tes cheveux ?

Ils ont passé la nuit sous un coussin, ils ont fricoté dans tous les sens avec les draps, ils manquent de sommeil comme moi. C'est possible ça ? Quoi qu'il en soit, j'abandonne l'idée du fer à lisser ou de faire une figure de style sur ma tête, et préfère miser le tout sur ma dose de thé pour tenir toute la journée. Je montre un élastique à Clara et m'attache grossièrement les cheveux.

— Une bonne queue de cheval et ça repart ! affirmé-je.

— Ah tu vois ! Que tu le veuilles ou non, tu reviens toujours à la « queue » !

Je m'avachis sur le tabouret de la cuisine, complètement impuissante.

— Oh purée Clara, tu attaques fort de bon matin. J'ai trop mal dormi. J'ai pas la force de me battre. Alors je t'en prie, donnes-t-en à cœur joie ! Tu as ma permission !

Elle explose de rire. Mais comment fait-elle pour être aussi belle, en forme, pétillante, avec ronfleur comme chaine hifi dans les oreilles toute la nuit ? Je suis presque jalouse. Elle regarde sa montre et dépose en vitesse sa tasse dans l'évier de la cuisine.

— Je vais être en retard ! Et merde ! Je dois encore passer chez moi pour ramener Murphy.

— Tu n'as qu'à le laisser ici et revenir le prendre ce soir.

Je me rends compte de ce que je viens de lui proposer quand elle s'extasie contre ma joue :

— Ohhhhhh, tu ferais ça ?

Elle m'embrasse. Elle m'embrasse. Elle me serre dans ses bras. Elle m'embrasse. Elle m'étouffe. Elle m'embrasse encore. Je souris faussement :

— Si je te le propose...

— Tu es un amour. Merci !

Je suis stupide et fatiguée... je dis trop de conneries.

Je disais quoi sur les idées merveilleuses déjà ?

— En plus, ça m'évitera aussi de rentrer entre midi et deux pour sa promenade.

— Sa promenade ? me précipité-je.

Non parce qu'on se le dise, moi, Pikachu, mon chat, il se promène sans aide : sur le toit, avec la chatte du coin de la rue, dans le parc du quartier, dans ses rêves sur le canapé...

— Oui. N'oublie pas de le sortir sinon, il risque de te laisser la commission dans un coin de l'appart'.

— Génial... j'enverrai Barracuda.

Fight & DealOù les histoires vivent. Découvrez maintenant