« Le bonheur est un papillon qui, lorsqu'il est poursuivi, est toujours juste au-dessus de votre portée, mais qui, si vous vous asseyez tranquillement, peut se poser sur vous » Nathaniel Hawthorne
Charlyne et Matthew habitent à l'extérieur de la ville, dans un quartier pavillonnaire. Le genre d'endroit qui me faisait rêver à une époque, lorsque j'aspirais à finir mariée avec des enfants à cajoler, des animaux de compagnie dans les pattes et des invitations à diner tous les week-ends chez nos merveilleux voisins.
Aujourd'hui c'est tout ce que je fuis. Ça n'a rien à voir avec mon refus catégorique d'avoir une liaison et donc de construire une famille, et ça n'est pas non plus mon côté aigri ou une histoire de jalousie. La raison est tout autre, je pense uniquement à ma sécurité : je ne me vois pas, seule, dans une maison de plain-pied de cent-vingt mètres carrés. Parce que soyons honnêtes, ça n'est pas Pikachu qui va me défendre et faire peur avec ses miaulements. Ça rejoint l'idée de Jamie de réduire les risques : moins d'aller-retours, trajets réduits, une seule et unique porte d'entrée, les fenêtres difficiles d'accès...
Alors qu'ici, je ne compte plus les fois où Charlyne et moi sommes interrompues par la sonnette de sa porte d'entrée lorsque nous sommes au téléphone le soir. Démarcheurs en tous genres, fidèles à la recherche de nouveaux adeptes pour leur communauté religieuse, les enfants des voisins, les voisins,... encore des démarcheurs, encore des voisins... c'est agaçant. Et bien entendu, il n'y a aucun moyen d'ignorer l'intrus. Il sait que vous êtes là... La voiture garée dans l'allée, la lumière du perron le soir...
— Je suis sûr que tu commences à aimer monter derrière moi, me taquine Jamie lorsque nous arrivons devant la maison de Charlyne et Matthew.
J'attends qu'il coupe le moteur pour lui pincer les côtes – ou ce qui s'en rapproche puisque je ne suis pas certaine de les atteindre vraiment avec tous ces muscles. Il se tortille sous mes doigts et grogne dans son casque. Frustration ? Agacement ? Chatouilleur ? Je ne sais pas mais c'est un régal de l'emmerder.
— Je peux savoir ce qu'il t'arrive aujourd'hui ?! demandé-je. Tu n'en manques pas une pour te lancer des fleurs !
Sitôt un pied à terre, je me lève de la moto. Jamie place la béquille et m'imite en rigolant.
— Ça, c'est parce que je sais que ça t'agace. Tu es trop gentille avec moi depuis quelques temps.
Ne pas ouvrir et fermer la bouche à la recherche d'une réponse. Il n'a pas tort et ça n'a rien avoir avec mon pari avec les filles. J'ôte mon casque pour cacher ma gêne. Je suis quelqu'un de gentille tout le temps, et je prends mes distances avec les hommes, c'est ça la réalité. Sauf que l'entendre en faire le constat montre bien que je ne tiens plus de distance avec lui. En revanche, je peux faire des piques.
Je lance tout en secouant mes cheveux pour qu'il retrouve un peu de volume :
— Ça s'appelle l'éducation positive.
— L'éducation positive ? répète-t-il.
J'attends qu'il sorte les fleurs et la boite à gâteaux du coffre de la moto, et surtout de récupérer ces derniers pour expliquer :
— Oui. C'est Clara qui m'a appris ça. Elle pratique l'éducation positive avec Murphy, son chien. Un bon comportement vaut pour une récompense. À ce qu'il parait ça permet d'obtenir des résultats plus vite que si elle lui donnait des coups de bâton.

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Fight & Deal
RomanceElle est sa boss, mais c'est lui qui commande ! Victime d'une violente agression, Vic reprend peu à peu goût à la vie en ouvrant un petit café de quartier, mais en fermant son coeur à toute émotion. Alors qu'elle recrute un serveur, elle fait la co...