Fight & Deal

Chapitre 9 : Jamie

« Pourquoi contredire une femme ? Il est tellement plus simple d'attendre qu'elle change d'avis. » Jean Anouilh

Je m'applique à faire briller la dernière table de la salle avant l'ouverture du Cupcakes & Coffee. J'ai vraiment besoin de ce contrat de travail, alors autant montrer à ma patronne que malgré mes retards tous les matins, je suis un atout majeur pour elle, puisque je suis rapide, efficace et consciencieux.

En parlant de ma patronne, la voilà un plateau remplit de pâtisseries dans les mains. Je ne me précipite pas pour l'aider, j'ai bien compris qu'elle faisait partie de ces femmes qui prônent l'indépendance et l'égalité des sexes. Et puis, quand elle est de dos et qu'elle se baisse de cette façon : la tête en avant dans les banques réfrigérées, j'ai une vue imprenable sur sa chute de reins. Putain de chute de reins.

Mais merde Jamie, secoue-toi. Tu es en train de lorgner le cul de ta patronne ! Je cligne des yeux et m'agite.

Si les premiers temps je ne savais pas comment l'aborder, puisqu'elle se montrait souvent sur la défensive, je suis à peu près certain que depuis notre virée à moto hier, quelque chose a changé. Elle n'est pas encore agréable et gentille, mais elle ne rejette plus l'idée que je puisse bosser pour elle. Et ça arrange mes affaires.

Enfin je crois. Du moins, il faut que je trouve le juste milieu entre, le gars qui est son employé et celui qui pourrait être un collègue.

Pour ce dernier c'est un peu plus compliqué. Parce que Vic est une nana avec un cul extraordinaire, une paire de seins malléable, une bouche appelant la damnation, un regard entre le bleu et le gris hypnotisant et... j'ai parfois du mal à me dire que je n'ai pas le droit de la sauter.

Surtout quand elle m'ignore, qu'elle me repousse, et qu'elle se retrouve complètement perdue l'instant suivant. Comme au garage hier...

— Banane-Chocolat ? demandé-je en lisant la pancarte sur le présentoir par-dessus son épaule.

Elle manque de faire tomber son plateau en sursautant. Heureusement pour moi, il est vide.

— Oups, dis-je en guise d'excuse. Tu ne m'avais pas entendu arriver ?!

Elle me jette un regard noir. Malheureusement pour moi, c'est le genre de regard qui m'embrase plus qu'il me fait trembler.

— J'ai fini, rajouté-je.

— Je vois ça... répond-elle enfin en regardant la salle.

Je souris fièrement en alignant les pancartes. Pancartes essentielles, sans quoi, je me tromperais à chaque fois qu'un client passe une commande. Je ne suis pas nul en pâtisserie, mais disons que Vic excelle dans les variétés. Même si une partie ne change pas d'un jour à l'autre, aujourd'hui, il y en a de nouveaux. Comme banane-chocolat... un classique mais...

— Je vois que je t'ai inspirée ? dis-je.

—Tu vas me réclamer une commission ? rétorque-t-elle instantanément.

Comme bien souvent, je n'ai aucune idée de comment prendre ses pics. Cette fille est tellement... lunatique ? non surprenante et changeante. Comme si elle ne savait pas, ou plus, vraiment comment se comporter avec les autres. Je décide de faire comme si elle jouait à un jeu et affiche une mine sérieuse :

— Pourquoi pas un pourcentage sur les ventes... ? Ça serait effectivement intéressant. Je veux 30% !

— Eh ! Tu sais combien je gagne sur un cupcake ?