Chapitre 8 : Vic

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ATTENTION !!! pour celles qui avaient déjà lu jusque là , j'ai modifié un détail de l'histoire. Pas besoin de relire les 7 chapitres précédents... j'ai juste ôté le père de l'histoire. Ne soyez donc pas étonné d'entendre Vic en parler au passé ;)

Je reprends les publications toutes les semaines... à très vite !





« Ma garce de vie s'est mise à danser devant mes yeux, et j'ai compris que quoi qu'on fasse, au fond, on perd son temps, alors autant choisir la folie » Jack Kerouac








Octobre 2019, de nos jours

Je me souviens parfaitement de ma sortie définitive de la clinique : du temps qu'il faisait, de la température extérieure, du brouhaha de la rue, de ce que je portais, à l'agitation qui régnait dans ma poitrine et dans ma tête. De tout. Je me souviens de tout.

Ce jour-là s'apparente en beaucoup de choses à ce que je vis aujourd'hui sur cette moto avec Jamie. Il fait beau et doux et pourtant je tremble. Je suis assise, et pourtant je suis essoufflée comme si j'étais en plein marathon.

Et comme ce jour-là, l'inconnu, l'imprévisible, en clair tout ce que je ne peux pas maîtriser, me terrorise, parce que paradoxalement je pourrais aimer ça.

C'est si difficile de lutter contre son corps. Quelquefois je me bats pour me rassurer, d'autres pour me souvenir à quel point je ne dois plus faire confiance à personne.

Aujourd'hui mon mantra peut se rhabiller. Parce qu'en plus de ne rien maîtriser je dois faire confiance en Jamie. Il détient ma vie entre ses mains. Un virage trop serré, un freinage tardif, une inattention et c'est l'accident. Qu'importe qu'il puisse conduire doucement et prudemment. D'ailleurs, s'il conduit à cette allure tous les jours, je ne me pose plus de questions sur ses retards.

À un feu rouge, il incline la tête sur le côté et je l'entends crier :

— Tout va bien ?

Je n'oublie pas ma première leçon de co-pilotage, et n'hésite pas une seconde pour faire pression de mes doigts sur son flanc. Je le sens se tendre légèrement. Quoi Jamie ? Tu avais oublié que ma main était là ?

Moi, je ne risque pas d'oublier que je suis accrochée à lui. Il avait raison, sans ça je ne pourrais pas rester sur la moto, je basculerais. Chaque inclinaison, chaque accélération, il devient mon pilier.

Un pilier solide et dur ? Si je pouvais me frapper de le penser je le ferais, sauf que je suis bien trop occupée à lutter contre l'envie de me coller à son dos. Pour ne pas dire blottir. Heureusement pour moi ce casque sent fort l'essence et m'empêche de sniffer le parfum de mon chauffeur !

Je perds les pédales.

Nous redémarrons. À l'approche du centre-ville, la circulation se fait plus dense. Néanmoins je suis incapable de distinguer la route. Jamie est beaucoup trop grand et beaucoup trop large. Il ne me reste qu'une seule option : penser à serrer les cuisses afin de rentrer les genoux pour éviter les voitures.

Je suis sûre que l'idée est stupide et que mes genoux ne gênent pas sa conduite, mais ça me permet de ne pas paniquer. Ou peut-être que c'est déjà le cas, je suis déjà paniquée.

Respire Vic. Nous nous immobilisons de nouveau. Un coup d'œil au-dessus de l'épaule de mon chauffeur et je distingue un autre feu, rouge. Je reconnais aussi le quartier, nous sommes bientôt arrivés.

— Tu es certaine que ça va ? demande-t-il avec une pointe de moquerie dans la voix.

— Roule et tais-toi, pesté-je.

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