Neptune 2

Chapitre 5

♪ always remember us this way - Lauren Spencer-Smith ♪

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Le monument est bouleversant. Je me suis volontairement éloignée des autres pour souffler un peu et apprécier l'intensité de cet endroit. Je n'arrive pas à croire que deux tours ont pu s'écrouler en plein New-York il y a quelques années. Quand j'avais douze ans, un reportage est passé à la télévision, un 11 septembre, évidemment. C'était le seul soir de la semaine où j'étais autorisée à rester un peu plus longtemps éveillée, et je me souviens exactement de ce que j'ai demandé, assise entre mes deux parents :

— Pourquoi les tours sont tombées ?

— C'est une attaque terroriste ma chérie... Juste pour faire le mal, ils s'en sont pris aux civils. Aux citoyens des États-Unis. Mais c'était il y a très longtemps, ne t'inquiètes pas. Tu n'étais même pas encore née, m'avait répondu papa, un sourire nostalgique aux lèvres.

— Oui, je suis née un an après non ?

— C'est ça. Dix mois après.

— Vous étiez où quand vous avez appris ce qui s'était passé ?

— En Grèce, avait répondu maman. Ton père m'avait fait la surprise... On a passé un mois là-bas.

— Ah oui, je m'en souviens... On était dans ce petit village, et la télévision d'une vieille dame tournait en boucle. On revenait du déjeuner et on a appris ce qui s'était passé. C'était très choquant tu sais. La pauvre dame n'arrêtait pas de changer de chaîne, il n'y en avait que trois, et les trois parlaient de ça... C'était dingue, avait soufflé papa.

— Mais ça n'arrivera pas ici, ne t'en fais pas. Les pays se sont renforcés en sécurité depuis.

J'esquisse un triste sourire malgré moi. Ils étaient persuadés que jamais un évènement comme celui-ci ne se produirait en France... Et deux mois après cette discussion, il y a eu les attentats de Paris.

— Ça va ?

Je me retourne. Maylin est derrière et me sourit.

— T'es plantée là depuis dix minutes, me fait-elle remarquer.

— Désolé, je lisais le nom des gens sur les plaques.

— T'es pas la seule, lance-t-elle en me pointant quelqu'un devant moi.

Je lève la tête. Ezra est en face, de l'autre côté de l'édifice. Et il fait exactement la même chose. Mon cœur se soulève. Ezra est né ici, c'est sa terre d'origine. Est-ce qu'il aurait perdu quelqu'un dans l'attentat ?

Je ne contrôle même plus mes pas et m'avance instinctivement vers lui. Il relève la tête quand je me pointe à sa gauche. Merde, je devais lui laisser de l'espace, pas m'incruster alors que tout le monde est en petit groupe séparé.

— Tout va bien ? demandé-je.

— Oui, et toi ?

Il me sourit. Argh, pourquoi je sens que je suis en train de rougir ? Il faut vraiment que je me ressaisisse.

— Ça va... Cet endroit est vraiment incroyable.

— Grave. Je n'ose même pas imaginer ce que les gens ont vécu. On a bien de la chance d'être nés après tout ça.

— Est-ce que... Tu connaissais quelqu'un de ta famille qui y travaillait ?

— Pas à ma connaissance, mais je vérifiais. C'est pour ça que tu m'as rejoint ?