Chapitre 13

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Miserable Man -  David Kushner

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Lorsque je me réveille ce matin, je songe à prétendre que je suis malade. Un vilain rhume américain pourrait me clouer au lit, je suis certaine que cette excuse pourrait passer. Mais je n'ai pas le temps d'y penser car une réalité me frappe. C'est ma première nuit entière depuis des mois. Eden ne m'a pas réveillé.

Intriguée, je pousse la couette et je me lève. Une fois descendue au premier étage, je m'arrête un instant. Les deux portes menant aux chambres sont grandes ouvertes, ce qui signifie que mon père et mon frère sont déjà levés.

Je descends alors les escaliers, et ce que j'y vois me fait comprendre que la vie, la vraie, a repris son cours. Eden est sur le canapé, emmitouflé dans un plaid, devant un dessin animé. Mon cœur se serre en voyant qu'il ne quitte toujours pas le petit singe en peluche que le blond lui a donné.

— Coucou ma chérie, bien dormi ?

Je me retourne. Mon père est en train de cuisiner. Et en plus, il est même déjà habillé, prêt à se rendre au bureau. J'ai l'impression d'être partie durant des mois.

— Oui ça a été, répondis-je, surprise.

— Je fais des pancakes, tu en veux ?

Je secoue la tête. Il y a des choses qui ne changeront jamais. Je m'avance et ouvre le frigo. Un petit paquet emballé à mon nom attire mon attention.

— Qu'est-ce que c'est ?

— Ton repas pour ce midi. Je t'ai préparé un sandwich au poulet et à l'avocat. Le frigo est presque vide, il faut que j'aille faire les courses.

Je le repose et attrape la bouteille de jus d'orange. Je ne sais pas si je suis contente. Bien sûr que je suis heureuse de revoir ma famille revivre enfin et reprendre ses habitudes, mais cela signifie qu'il faut que j'aille de l'avant, désormais. Et là maintenant, si j'avais pu m'enfermer chez moi en prétextant que l'on a besoin de moi, je l'aurais fait sans hésiter.

— Au fait, pas besoin d'emmener ton frère chez le psy ce soir, ta mère s'en occupe. Tu pourras aller voir l'entraînement de natation de Charlie, non ?

Je hoche la tête sans rien ajouter. Comment est-ce qu'il est au courant ? Je refuse de croire que Charlie lui en a parlé, il m'aurait prévenu.

— Il ne m'en a pas parlé, c'est le père d'Arya qui l'a fait. Ezra en fait aussi, je ne savais pas. C'est génial la natation, j'adorais ça !

Argh, je comprends d'où ma meilleure amie tient sa passion pour le commérage.

Ezra et Charlie pratiquent, durant la saison d'hiver, la natation, à raison de deux entraînements par semaine et d'une compétition par mois. J'ai réussi à éviter d'y aller depuis trois mois maintenant. Aucun entraînement, aucune compétition, rien. La piscine se trouve pourtant à quinze minutes à pied, j'ai toujours trouvé une excuse pour ne pas m'y rendre. Charlie ne m'en a jamais tenu rigueur, alors je ne vois pas pourquoi les choses changeraient.

— Je te dépose ? Ta mère passe chercher ton frère dans dix minutes.

— Tu vas travailler ?

— Oui, j'ai repris mes bonnes vieilles habitudes. Et je peux te déposer en chemin, comme avant.

Je souris. Pour une fille qui aime avoir ses habitudes, celle-là m'avait particulièrement manqué.

— Je file me préparer !

Je grimpe en vitesse les escaliers et me retrouve devant mon dressing. Je ne sais jamais comment m'habiller le matin. Et mon dernier pull noir est au sale, alors je vais devoir faire autrement, aujourd'hui.

Neptune 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant