Chapire 28

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  That's Us -  Anson Seabra

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Montréal nous accueille sous une pluie terrible. Il doit être minuit passé. Je n'ai plus de batterie depuis trente minutes et Ezra utilisait le câble pour suivre la route. Nous sommes garés depuis de longues minutes devant un hôtel. C'est le même que celui où nous nous sommes rendus en voyage pour nos projets d'écriture et de photographie. Je suppose que je n'ai pas besoin de lui rappeler ce que cet endroit signifie pour moi.

—  Ça fait vingt minutes, me signale le blond.

On attend que la tempête se calme, mais je crois qu'on va devoir l'affronter.

— Tu as des vêtements de rechange ?

— Non. On ira en acheter demain, me dit-il comme si c'était la chose la plus normale.

Je crois qu'il ne se rend pas compte de ce qu'on vient de faire. Moi non plus, d'ailleurs.

— On court jusqu'à la réception ? On ne peut pas rester ici toute la nuit, proposé-je.

— Let's go, déclare-t-il en ouvrant sa portière.

Je l'imite aussitôt. Il me tend sa main et nous courons les cinq cents mètres qui nous séparent de l'entrée.

— Est-ce qu'ils peuvent nous refuser l'accès parce qu'on est mineurs ? demandé-je, inquiète à l'idée de devoir dormir dans une voiture sous la tempête.

— Ouais. Donc tu me laisses parler, parce que tu es une très mauvaise menteuse, déclare-t-il en me souriant.

Je lève les yeux en l'air, amusée. Il a raison, ce n'est vraiment pas un don que je possède.

Lorsque nous entrons, je remarque immédiatement le réceptionniste. Il est assis sur son siège en cuir de l'autre côté du bureau. Environ la quarantaine, une chemise froissé sur le dos à force de s'enfoncer dans sa chaise, les cheveux légèrement gris et surtout une paire de lunettes rondes qui pend sur le bout de son nez. Il relève soudainement la tête de son téléphone en nous entendant arriver.

— Bonsoir, nous fait-il.

— Bonsoir, on aimerait une chambre pour ce soir.

— On est complet, rétorque-t-il d'un ton las.

— Vraiment ? Vous ne pourriez pas jeter un œil aux réservations ? On a vraiment pas envie de passer la nuit dans notre auto.

Le blond ne lâche pas l'affaire, et ça marche. Même s'il n'y met pas toute sa volonté, il finit par nous trouver quelque chose.

— Il reste une suite, mais je vous préviens les jeunes, c'est très cher et je ne négocie pas.

— Combien ?

— Deux cent quarante dollars pour une nuitée, mais comme je viens de te le d-...

— On la prend, rétorque le blond en sortant son portefeuille.

— Ezra, l'interrompé-je en posant ma main sur son avant-bras.

Il regarde un instant ma main avant de sourire légèrement. Je sens qu'il n'a pas apprécié la façon dont nous a parlé le réceptionniste. D'ailleurs, ce dernier ne décolle pas des yeux de la liasse de billets débordant du portefeuille du blond.

— Je ne te laisse pas passer la nuit dehors, me lance-t-il. Je peux payer en cash ?

— Oui.

Je capitule. C'est exorbitant, je ne sais même pas où je vais trouver la moitié de cette somme pour le rembourser.

Neptune 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant