Chapitre 18

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Le PDG de Rochat voulait une présentation de la campagne publicitaire dans une semaine. Bly devait également se rendre au siège de la meute pour la réunion du conseil, Blake ayant refusé de le représenter cette fois encore. Il devait choisir. Sauf qu'il était incapable de laisser Emilia. Pas qu'elle ne soit pas capable de mener la présentation seule. Bien au contraire, elle s'en sortirait très bien. Le loup et son cœur aussi refusaient de s'éloigner. Blake avait beau se moquer gentiment de lui, sur son sourire d'idiot transi d'amour, sur sa tendresse exacerbée pour ce petit bout de femme, rien n'y faisait, il ne pouvait pas s'éloigner.

Il connaissait Rochat depuis longtemps, il avait fait ses études avec son fils et avait été plusieurs fois chez lui. L'homme aimait les lieux luxueux et insolites. Il ne doutait pas qu'il accepterait de délocaliser la présentation dans l'hôtel cinq étoiles de la meute à la Nouvelle-Orléans. Il envoya un mail au client et éteignit son téléphone au moment où Emilia ressortit des toilettes où elle était allée se rafraîchir avant de partir.

- Je ne t'ai pas fait trop attendre ?

- Non, tu as envie d'aller manger quelque part en particulier ?

- Je dois avouer que j'ai un peu la flemme d'aller au resto.

- Tu veux que l'on se fasse un truc tranquille ? On peut commander aussi.

- Hum, serait-ce une proposition ?

Emilia se frappa la tête intérieurement. Elle ne voulait pas lui donner de faux espoirs, mais c'était tellement agréable de flirter avec lui. Bly sourit amusé de l'audace d'Emilia. Voyant qu'il allait entrer dans son jeu, elle se reprit bien vite et déclara :

- En tout bien tout honneur, bien sûr !

- Evidemment ! Allons chez toi, je serais assuré que tu sois rentrée en un seul morceau comme cela.

Elle apprécia qu'il tienne compte de sa sécurité. En gentleman, il la laissa passer devant lorsque les portes de l'ascenseur s'ouvrirent. Ils étaient seuls et la tension liée à la promiscuité de l'espace enfla davantage. Emilia tenta d'alléger l'atmosphère :

- Il faudrait que l'on songe à débaucher plus tôt, encore une fois nous sommes les derniers !

- Bien que j'aime éviter la cohue, il est vrai que la dernière fois, nous étions très serrés...

Au souvenir de cette descente en ascenseur, où leur corps s'étaient retrouvés quasiment collés l'un à l'autre, elle rougit. Bly se retint de rire, étouffant dans son poing un petit ricanement. Vexée, Emilia répliqua :

- C'est vrai que nous étions serrés, mais t'avoir contre moi n'avait rien de désagréable pour moi. Par contre toi tu semblais mal à l'aise.

Bly s'étouffa en entendant le commentaire de la jeune femme, il n'aurait jamais imaginé qu'elle puisse être aussi audacieuse. Il hésitait entre poursuivre ce jeu qu'il commençait à apprécier sérieusement, ou lui laisser l'espace dont elle semblait avoir besoin. La lenteur de l'ascenseur n'aidant en rien son self contrôle, il s'approcha d'elle au point de se retrouver dans la même position que la dernière fois, l'un et l'autre face à face, les bras de Bly encadrant le corps de la jeune femme qui se trouvait appuyée contre la vitre.

- Comme cela tu veux dire ?

Il se retint comme il put ayant une furieuse envie de s'appuyer davantage contre elle. Mais les yeux de bichette apeurée d'Emilia lui rappelèrent qu'elle n'était pas prête. Elle jouait malgré elle ce jeu de séduction. Il aimait ça, mais l'effort que cela lui demandait était proche de la torture. Il se permit cependant de faire glisser son nez le long de sa mâchoire, inspirant discrètement les effluves parfumés de la jeune femme. Emilia était partagée entre l'irrépressible envie qu'il l'embrasse et la crainte que cela n'aille trop loin. Le tintement d'arrivée de l'ascenseur mit un terme à cette tension. Bly en profita cependant pour déposer un baiser furtif sur sa joue. Il se recula rapidement, lui fit un clin d'œil en souriant et lui tendit la main pour qu'elle la prenne et le suive. Ce qu'elle fit, un peu sonnée de ce qu'elle venait de vivre.

Le trajet se fit dans un calme apaisant. Ils durent marcher un peu, n'ayant pas trouvé de stationnement à proximité. Emilia frissonna sentant la fraicheur humide des soirées d'hiver lui glisser dans le dos. Instinctivement, Bly la serra contre lui, essayant de lui communiquer sa chaleur. La jeune femme ne savait pas si c'était la chaleur de l'homme ou simplement la proximité de leurs deux corps, mais indéniablement une chaleur se glissa dans sa poitrine. Appréciant le geste, elle se pelotonna encore davantage contre lui. Le trajet parut bien trop court à Bly qui aurait aimé que cela dure encore un peu. Par bonheur, Emilia ne s'écarta pas aussitôt, naturellement, elle restait près de lui et il aimait ça.

Il passa la porte après elle et eut encore une fois le plaisir d'intégrer son espace. Cela se voyait tout de suite qu'elle y avait fait son cocon. Il s'en voulait un peu de s'introduire comme ça chez elle. Son loup aimait cet endroit, il semblait comme apaisé lorsqu'il se trouvait en ces lieux. Il ne se l'expliquait pas vraiment, mais appréciait le calme intérieur que cela lui procurait.

- Je vais me changer, regarde dans l'un des tiroirs de la cuisine, il y a les prospectus de restaurants.

Elle s'éloigna dans le petit couloir qui menait à sa chambre. Bly visualisait les lieux pour y avoir déposer sa belle quelques jours auparavant. Son esprit divagua quelque peu en percevant le bruit des tissus qui glissaient sur la peau de la jeune femme. Il se ressaisit avant d'esquisser un pas vers la chambre et se concentra sur le dîner.

- Thaï, ça te convient ?

- Oui parfait.

La voix d'Emilia lui parvint de la salle de bain et le bruit de la douche acheva de griller sa patience. Son loup affleura réclamant de rejoindre sa compagne, voulant la faire sienne. Des images se formèrent sous ses paupières, le corps lascif d'Emilia se donnant à lui. Il entendit un craquement et constata que ses griffes avaient malmené le plan de travail. Son loup gémissait et grognait, ne comprenant pas la résistance de l'homme. Elle était celle faite pour lui, elle lui était destinée, pourquoi ne pourrait-il pas la rejoindre et s'unir à elle ? Il entendit un soupir de bien-être s'échapper de la douche. Il n'y tint plus.

Emilia avait besoin de remettre ses idées au clair. Son corps bouillonnait encore de la proximité de Bly. Elle était toujours frappée de le voir chez elle et qu'elle trouve qu'il y avait sa place. Pire encore, elle savait qu'après son départ, il y aurait un manque dans cet espace qu'elle avait aménagé à son image. L'eau tiède apaisa la flamme qui brûlait en son ventre. Elle ne pouvait nier qu'elle avait espéré une seconde qu'il l'embrasse et le savoir à quelques mètres d'elle alors qu'elle était nue sous la douche, raviva la rougeur de ses joues. Elle devait se ressaisir. Elle ne pouvait pas se laisser aller ainsi. Flirter était une chose, mais elle ne pouvait pas aller plus loin. Elle sortit bien vite et mit une tenue d'intérieur. Elle voulut le rejoindre et ne trouva personne.

Bly avait déserté les lieux sans rien dire. 

Juste fait pour moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant