Bly ne perdit pas une seconde et se pencha vers la jeune femme. Enfin, il pressa ses lèvres contre les siennes. Ce fut comme un feu d'artifice qui explosa dans ses synapses. Il avait l'impression de respirer pour la première fois. Il la tenait contre lui, voulant imbriquer leur corps. Son loup fit surface mais ne gâcha pas l'instant en rendant le geste plus possessif qu'il ne l'était déjà. Emilia posa ses mains sur ses bras. Il aimait qu'elle le touche. La jeune femme s'abandonna au plaisir indicible qui la submergeait. Elle se demanda si elle avait réellement pris autant de plaisir avec un simple baiser. Mais pouvait-on vraiment parler d'un "simple" baiser ? Ils oublièrent où ils se trouvaient, ils perdirent la notion du temps profitant de cet instant d'éternité. Bly grogna quand Emilia appuya son ventre contre son bassin pressant son sexe entre leurs deux corps. Le loup s'enflamma et voulut prendre le dessus pour la faire sienne. Il voulait se perdre en elle, la marquer pour que tous sachent qu'elle était à lui, rien qu'à lui et ce pour l'éternité. Heureusement qu'Emilia n'avait pas accès à ses pensées, elle prendrait certainement peur.
Un raclement de gorge les contraignit à se reconnecter à la réalité. Les joues rouges, honteuse, Emilia se cacha contre le buste de Bly qui se réjouit qu'elle cherche sa protection.
— Désolé de te déranger Alpha, mais les Anciens viennent d'arriver et souhaitent te voir.
Blake avait pris un ton bien solennel pour s'adresser à son ami se dit Emilia.
— Je descends les rejoindre d'ici quelques minutes. Laisse-nous s'il te plaît.
Blake repartit, non sans avoir fermé la porte. La voix de Bly ne contenait plus de tendresse, il venait d'entrer dans le rôle du chef de meute. Il avait délaissé trop longtemps ses obligations. Emilia étant au sein de la meute, il n'avait plus de raison pour repousser cette réunion avec les Anciens et toutes les autres tâches qui incombaient à l'alpha.
— Alpha ? lui demanda la jeune femme.
— C'est le nom que l'on donne au chef de la meute. Je vais devoir te laisser pour assurer mes fonctions. Tu peux circuler où bon te semble sur la propriété. Préviens seulement ma mère pour que l'on sache que tu es sortie. Cela ira ?
Emilia hocha la tête. Il ne résista pas à lui voler un nouveau baiser. Il s'éloigna difficilement, les yeux du loup fixés sur elle jusqu'à ce qu'il passe la porte. Elle resta les yeux dans le vague en direction de là où il avait disparu quelques minutes avant de se ressaisir. Elle ouvrit sa valise et sortit ses affaires de toilette afin de se rafraîchir après ce long voyage. Elle entra dans la salle de bain mitoyenne de sa chambre en passant par la porte communicante. Les lieux étaient neutres sans être dépourvus de chaleur. Emilia apprécia la grande douche à l'italienne dont la vue donnait sur l'extérieur. Elle avait l'impression d'être dehors tout en étant à l'intérieur. Elle s'habilla promptement en privilégiant une tenue confortable et pratique pour une grande balade. Elle avait envie de sortir et de profiter de cette vue à couper le souffle.
Lorsqu'elle arriva au rez-de-chaussée, elle se retrouva nez à nez avec deux jeunes loups. Bien qu'ils soient dotés d'une taille bien plus importante que les simples loups, elle comprit qu'ils n'étaient encore que des enfants à leur façon de se déplacer, un peu pataude, un peu fofolle. On entendait les cliquetis de leurs griffes sur le carrelage du rez-de-chaussée. Ils se bousculaient l'un l'autre et lorsqu'ils la virent et ils se regardèrent un instant, comme s'ils se mettaient d'accord dans une conversation silencieuse et foncèrent sur elle. Emilia ne savait pas trop comment réagir. Voir les deux grosses bêtes courir vers elle lui faisait craindre un choc violent. Mais elle savait qu'il s'agissait d'enfants et qu'elle n'avait aucune raison d'avoir peur. Alors confiante, elle tendit la main pour les inviter à la sentir comme on le ferait avec n'importe quel animal. Pris dans leur élan, ils ne purent s'arrêter là où se trouvait Emilia, le sol glissant sous leurs pattes leur fit perdre la maîtrise de leurs mouvements. Ils se retrouvèrent dans une chorégraphie comique, glissants tantôt sur leurs pattes, tantôt sur leur postérieur. La jeune femme suivit l'étrange ballet jusqu'à ce que les louveteaux se retrouvent bloquer par le grand canapé.
Kachina arriva attirée probablement par tout le bruit qu'ils avaient fait.
— Aaron et Zach ! Que faites-vous à la maison ? Sortez de là et revenez quand vous serez changés !
Les deux loups ne demandèrent pas leurs restes et filèrent par la porte restée ouverte non sans reprendre leur drôle de démarche.
— Ma chère, j'espère qu'ils ne t'ont pas effrayée !
— Effrayée ? Non, mais j'ai été surprise de leur taille. Ils sont vraiment grands malgré leur jeune âge.
Kachina la regarda étonnée.
— Tu as vu que c'était des louveteaux ?
Emilia acquiesça.
— En général ceux qui ne connaissent pas notre forme de loup, sont apeurés devant notre haute stature. Mais il s'agit simplement de la morphologie de notre meute.
— Quel âge ont-ils ?
— Sept et huit ans. Ils sont cousins mais sont élevés comme des frères. On ne voit jamais l'un sans l'autre. Ces petits garnements nous en font voir de toutes les couleurs avec leurs facéties. Ils ont un bon fond, mais il fait toujours se méfier lorsqu'ils disparaissent des radars.
Emilia sourit amusée par la façon dont Kachina parlait des petits loups.
— J'avais envie de faire un tour vers le lac. Bly m'a dit que je pouvais y aller du moment que vous étiez prévenue.
— Vas-y ! Tu verras à quel point ce lieu est magique.
Sans attendre, la jeune femme passa la porte et suivit le chemin qui longeait l'arrière de la demeure. Elle traversa ensuite un bosquet. L'allée était magnifique, la frondaison des arbres formait comme un berceau au dessus de sa tête et encadrait la montagne et le ciel bleu qu'elle voyait à l'horizon. Il ne lui fallut pas plus de dix minutes pour atteindre la bordure du lac. Un vent frais et léger souleva quelques mèches de ses cheveux blonds. Elle inspira profondément et ferma les yeux. Elle se sentait bien, comme apaisée dans ces lieux. Elle reprit sa marche en suivant un sentier qui longeait la rive. Elle observait avec ravissement les jeux de lumières entre les ramures de grands arbres et les reflets qu'ils projetaient sur l'eau. Elle n'arrivait pas à avoir l'entièreté du lac, il devait faire plusieurs kilomètres de circonférence.
Le sentier eut soudain plus de dénivelé. Son pas ralentit. Elle fit de plus petites enjambées soufflant plus bruyamment. Les muscles de ses cuisses brûlaient sous l'effort. Bien que cela soit difficile, elle éprouvait un plaisir sans pareil. Sa persévérance fut récompensée. Elle arriva dans une sorte d'alcôve végétale qui s'ouvrait sur une percée spectaculaire. Quelqu'un avait installé un banc en bois sculpté avec des têtes de loups. Elle s'y assit pour reprendre son souffle. Elle fut subjuguée par la vue. Le lac reflétait la montage au sommet blanc, des branches de quelques saules jouaient distraitement dans l'onde offrant quelques cachettes aux oiseaux. Elle avait l'impression d'être hors du tout, comme protégée dans un lieu secret et quelque peu magique.
Elle perdit la notion du temps et sembla sortir d'un songe lorsqu'elle constata que le jour déclinait et que l'obscurité remplaçait la lumière du soleil. Bien que le lac soit dégagé, le sentier était plongé dans le noir. Un frisson lui parcourut l'échine. Elle se pressa alors, en espérant que sa mémoire des lieu suffise pour rentrer sans se perdre. Elle sortit de sa cachette et profita des dernière lueur du jour pour parcourir le maximum de distance avant qu'il ne fasse complètement nuit. Après la grande descente, elle eut du mal à se repérer, tout avait changé, comme si les lieux étaient différents la nuit. Elle écoutait les bruits qui l'entouraient, elle essayait de se fier à ses sens pour se repérer. Elle avançait moins vite qu'elle ne l'aurait voulu. Au loin elle entendit les hurlements d'un loup auxquels répondirent d'autres loups. Peut-être étaient-ils à sa recherche. Elle avait l'impression d'être observée depuis quelques minutes, son impression se confirma lorsqu'elle n'entendit plus aucun bruit autour d'elle. Sous ses pas, des branches sèches craquèrent. Son cœur s'accéléra sentant un danger qu'elle ne voyait pas. Elle voulut accélérer, mais son manque de visibilité la fit perdre l'équilibre quand elle se prit les pieds dans une racine. Elle tomba, s'écorchant les mains et les genoux. Ce fut là qu'elle entendit le feulement terrible et menaçant d'un puma.
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Juste fait pour moi
Literatura FemininaEmilia alias Mily a un poste de manager dans une grande entreprise. Cela fait cinq ans qu'elle travaille d'arrache-pied pour obtenir une promotion. Brett, son petit-ami, lui vole clairement son projet et obtient la promotion. Trahie, elle est désabu...