Juste fait pour moi

Chapitre 25

Emilia essayait de se souvenir de ce qu'il fallait faire lorsque l'on est face à ce genre de prédateur. Elle était quasiment sûre qu'il ne fallait pas se mettre à courir. De toute manière, elle ne voyait plus rien à présent, la nuit était tombée et les arbres filtraient le moindre rayon de lune. Elle aurait voulu pleurer mais elle était également certaine que cela ne l'aiderait pas non plus. Elle s'efforça de rester la plus silencieuse et immobile possible. L'animal feulait de plus belle. Elle hésitait à se relever. Elle tâta le sol à la recherche d'un bâton ou d'une branche qui pourrait lui servir d'arme, en vain. L'animal se rapprochait. Emilia ne savait pas vraiment où il se trouvait, elle avait la sensation qu'il lui tournait autour. Elle sentait les vibrations du sol sous les pattes de l'animal de plus en plus proche d'elle. Elle se demandait si on retrouverait son corps une fois que l'animal l'aurait dépecée. Elle se dit que c'était vraiment bête d'avoir un petit ami loup-garou et de finir entre les griffes d'un félin sanguinaire.

Elle ferma les yeux lorsqu'elle perçut le souffle de l'animal contre sa nuque. La bête sauvage humait son odeur. Mily espéra ne pas être à son goût. Les moustaches de l'animal frôlaient ses joues et son cou. Elle n'osait plus respirer. Elle pensa à ceux qu'elle laissait. Quelle mort étrange ! Si on le lui avait prédit, elle ne l'aurait jamais crue. Alors qu'elle s'attendait à sentir les crocs de l'animal se refermer sur son cou, elle fut surprise quand il émit un grognement sourd et s'en alla prestement. Elle resta ainsi quelques minutes sans réellement comprendre ce qui venait de se passer. Puis voyant qu'aucun nouveau danger ne la menaçait, ses épaules s'affaissèrent, soulagée d'avoir la vie sauve. Elle se releva et la douleur sur ses genoux la fit grimacer. Elle reprit cependant le chemin vers la résidence en suivant le bord du lac.

Au bout d'un certain temps elle entendit des voix qui l'appelaient. Elle reconnut notamment celles de Maggy et de Kachina.

— Je suis là !

Kachina fut la première à l'entendre.

— Elle est par ici ! Invita-t-elle les autres à la suivre.

Emilia les vit arriver avec une lampe torche à la main.

— Dieu soit loué ! Tu vas bien !

Maggy se jeta dans ses bras et la serra contre elle.

— J'ai flippé quand j'ai vu que le jour se couchait et que tu n'étais pas revenue.

— Je n'ai pas vu le temps passer, je suis désolée de vous avoir inquiétés.

— Rentrons maintenant. La réunion ne devrait plus tarder à se terminer et nous pourrons dîner.

Kachina les guida jusqu'à la demeure. Quand Maggy regarda sa cheffe à la lumière du hall d'entrée, elle s'exclama :

— Bon sang, Emilia qu'est-ce qui t'est arrivée ?

Ne comprenant pas ce qu'elle voulait dire, la jeune femme se regarda dans le grand miroir de l'entrée et constata sa tenue pitoyable. Ses mains étaient écorchées et avaient tâché ses joues. Sa coiffure était digne d'un film d'horreur ou d'un lendemain de cuite. Elle était pleine de poussière et de terre, probablement à cause de sa chute. Ses vêtements avaient évidemment pâti de l'incident et se trouvaient déchirés et sales à divers endroits.

— Ouh la, en effet ! Je fais peur à voir. Je suis tombée à cause d'une racine et je me suis écorchée. Mais rassure - toi : plus de peur que de mal.

— Je vais t'apporter de quoi soigner tes plaies dans ta chambre. Va te rafraichir, tu seras plus à l'aise pour le repas, lui conseilla la matriarche.

Emilia ne se fit pas prier et monta les escaliers en grimaçant. Lorsqu'elle sortit de la douche peu après, La mère de Bly se tenait près de la fenêtre. Elle avait posé le nécessaire pour les soins sur le lit.