Chapitre 21

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                      Bien que cela lui coûta beaucoup, Bly quitta le logement d'Emilia alors qu'elle était toujours dans la salle de bain. Il le lui annonça à travers la porte. La jeune femme ressentit un certain soulagement d'avoir un peu de répit avant de l'affronter de nouveau. Ils se retrouveraient dans le même bureau d'ici quelques heures. Elle leva les yeux vers le miroir de la pièce d'eau et observa son reflet. Qu'est-ce qui plaisait à Bly chez elle ? Elle n'avait pas un corps affriolant, ses courbes n'avaient rien de sexy. Pourtant elle avait bien senti son désir pour elle lorsqu'il l'avait étreinte. Et que dire de ses baisers ? Elle avait cru perdre la tête lorsqu'il avait déposé ses lèvres tantôt avec douceur, tantôt avec possessivité. Le rouge lui monta aux joues et un frisson s'épanouit entre ses cuisses en se remémorant les sensations délicieuses que ses caresses lui avaient procurées.

Sans trop savoir pourquoi, elle choisit avec soin une tenue qui la mettait en valeur pour aller travailler. Elle se demandait comment Bly allait la regarder dans son tailleur qui suivait sa silhouette. Elle maquilla ses yeux, pour les rendre plus grands et enfila l'une de ses paires de chaussures préférées. Une touche de parfum et elle se sentit prête à affronter le loup. Le trajet jusqu'aux locaux de l'entreprise lui parut à la fois long et rapide. Elle avait hâte de revoir Bly tout en appréhendant de se retrouver avec lui. Lorsqu'elle sortit de l'ascenseur, elle se retrouva nez à nez avec Blake. Ce dernier siffla d'admiration tout en tournant autour d'elle.

— Mazette ! Te voilà bien jolie ce matin ! Ne serait-ce pas pour un beau brun au regard ténébreux que tu t'es si bien apprêtée ?

— Bonjour à toi aussi Blake et merci du compliment.

Elle savoura l'effet qu'elle produisait sur son nouvel ami. Confiante, elle avança d'un pas sûr et franchit le seuil de leur nouvel espace de travail. Elle fut déçue de ne pas trouver Bly à son bureau.

— Il est en visio-conférence avec notre gros client.

Elle fronça les sourcils, craignant malgré elle que l'histoire se répète. Cependant, Blake anticipa le tour que prenaient ses pensées :

— Le client ne peut pas se déplacer ici, il propose de nous retrouver plutôt en Louisiane. Cela l'arrange.

— En Louisiane ?

Blake hocha la tête et ajouta que Bly et lui avaient une partie de leur famille là-bas et qu'ils en profiteraient pour les voir. Emilia fut déçue. Elle s'imaginait qu'elle ne serait pas du voyage et ne pourrait pas participer à la présentation du projet. Décidément, elle ne serait jamais sur un pied d'égalité avec les hommes. Quoiqu'elle fasse, cela tournait en sa défaveur. La belle assurance qu'elle avait en arrivant au travail venait de s'envoler. Elle s'installa alors à son poste, les épaules basses. Sombrant dans la mélancolie, elle se remit au travail, le cœur lourd. Blake l'observait se demandant ce qui pouvait bien passer dans sa jolie tête. Il savait que Bly lui demanderait de les accompagner. Ce dernier ressentait d'ailleurs une joie secrète à l'idée d'avoir sa compagne avec lui au sein de la meute. Le mensonge qu'ils avaient établi leur permettrait ainsi d'assister à la réunion de la meute et de recevoir en grande pompe un client important. Alors qu'il réfléchissait à cela, il entendit la porte de la salle de réunion de l'autre côté du bâtiment s'ouvrir. Bly allait arriver d'ici peu. Devait-il le prévenir de la sombre humeur d'Emilia ? Il s'en rendrait compte bien assez tôt. Il le laissa donc se débrouiller avec celle qu'il aimait. Comme il s'en doutait, Bly passa le seuil des bureaux quelques secondes plus tard. Le sourire qu'il arborait se fana lorsqu'il ressentit la tristesse de sa bien-aimée.

— Quelque chose ne va pas Emilia ?

Elle le snoba d'abord. Elle avait tellement de mal à résister à sa voix chaude et inquiète. Elle aurait voulu le rassurer, mais il fallait aussi qu'elle se respecte et se fasse respecter. Elle n'était pas d'accord avec sa façon de faire et elle devait lui dire. Mais pas là, pas devant les autres collègues, elle passerait encore pour une gamine capricieuse à qui l'on vient de prendre son jouet. Elle souffla bruyamment, tourna la tête vers lui et prenant son courage à deux mains, lui demanda si elle pouvait lui parler en privé. Son loup sauta à l'intérieur de sa conscience, il allait se retrouver seul avec elle. L'humain était un peu plus sceptique, lorsqu'il voyait la mine sombre de la jeune femme, cela l'inquiétait et Blake n'avait rien dit pour le rassurer, quand il l'avait interrogé du regard, ce dernier avait simplement haussé les épaules.

Il la guida vers la salle de réunion qui était vide à présent. Il referma la porte derrière lui et des images lascives d'eux deux attisèrent son envie d'elle. Il secoua la tête pour se ressaisir, mais lorsqu'il se retourna et vit à quel point elle était ravissante, sa tenue seyante mettant en valeur ses courbes délicieuses, le loup fit surface et se lécha les babines. Il se concentra cependant sur l'humeur de sa compagne car il voyait bien qu'elle n'était pas sur la même longueur d'ondes que lui.

— Il est arrivé quelque chose ce matin ? Tu as l'air de mauvaise humeur.

— Je pensais que tu étais différent.

— Bien sûr que je le suis. Regarde mes yeux et tu verras que je ne suis pas comme tous les hommes.

Elle baissa les yeux, secoua la tête désapprobatrice et souffla.

— Ce n'est pas de ça dont je veux parler. Je croyais qu'on était une équipe et là en arrivant j'apprends que tu es en visio avec NOTRE client et que tu as prévu un déplacement pour le rencontrer.

Sa voix était montée au fur et à mesure de sa phrase. Elle criait presque lorsqu'elle acheva sa réplique. Il aurait voulu la prendre dans ses bras pour la réconforter et la calmer mais il savait que c'était une mauvaise idée.

— Je te prie de bien vouloir m'excuser. J'aurais dû demander à Blake de te dire de venir me rejoindre pour la visio. A ma décharge je ne savais pas qu'il appellerait ce matin ni combien de temps cela allait durer. Pour ce qui est du rendez-vous, il va sans dire que tu viens avec nous. Il est hors de question que je te laisse ici. On est une équipe comme tu l'as justement rappelé.

Emilia fut surprise par la sincérité de ses propos et de son regard. Il n'y avait rien de calculé. Il avait réellement songé à l'emmener avec lui. Elle avait même l'impression que c'était une évidence pour lui. Décontenancée, elle ne sut que répondre. Il reprit alors la parole :

— Je suis désolé de voir à quel point ton ex a cassé ta confiance en tes collègues masculins et d'autant plus que cela t'empêche de t'ouvrir à moi. Sache que jamais je ne voudrais te faire du tort. Tu comptes énormément pour moi.

Elle fut touchée par ses mots qui adoucirent son humeur.

— Merci.

— Tu n'as pas à me remercier, c'est tout à fait normal. Je dois avouer aussi que c'est toujours un plaisir de pouvoir passer du temps avec toi. Mon loup est ravi de t'avoir rien que pour lui.

Elle sourit de la légèreté avec laquelle il venait de détendre l'atmosphère.

— Il va falloir qu'on en parle un peu de ton loup aussi. Je suis assez curieuse.

Son regard s'illumina comme un enfant devant les cadeaux sous le sapin de Noël.

— Autant que tu voudras.

Il ouvrit les bras et instinctivement elle vint s'y blottir. Elle n'avait pas réfléchi à son geste, cela lui semblait naturel, comme une évidence. Bly la serra contre lui avec fermeté et tendresse. Il soupira de plaisir.

— Il faudrait que l'on retourne travailler, sinon ils vont commencer à se poser des questions.

— Qu'ils s'en posent, nous n'avons rien à cacher. Laisse-moi profiter encore un peu.

Bly enfouit son nez dans ses cheveux soupirant d'aise. Mily était aux anges. Elle n'oserait jamais l'avouer, mais elle se sentait bien dans les bras de l'homme-loup. Il était fier d'elle et ne souhaitait pas la cacher aux yeux des autres. Au contraire, il semblait heureux d'être associé à elle. Elle resserra ses bras dans le dos de Bly et savoura cet instant hors du temps.

Juste fait pour moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant