OS 3 : Garderie. II

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La sonnette retentit à nouveau, ni une ni deux, Mikasa sautilla de joie en levant fièrement le doigt récemment blessé. J'avais au moins le mérite de lui avoir filé le meilleur pansement du monde : avec Olaf.

J'inspirai un bon coup en espérant que ce soit Carla, car un deal reste un deal. Mikasa sautait dans tous les sens pour atteindre la poignée de la porte, en vain, ses bras de trois centimètres restaient inutiles :

« J'vais ouvrir Mika.

— C'est Ren !

— Tu crois ? Répondis-je d'un sourire espiègle.

— Bah c'est qui alors ? Ouvres pas si c'est un inconnu hein !

— Ta mère c'est une inconnue ? Elle va aimé quand elle va l'apprendre. Mikasa poussa un crir de joie en apprenant l'arrivée de sa responsable, moi je croisais réellement les doigts pour que ce soit elle. D'un mouvement vif, j'ouvris.

— Salut ma chérie ! Mikasa fonça dans les bras de sa mère. Salut Livaï, c'est cool de l'avoir gardé, tu nous sauves. Tiens, 50 euros, c'est pour toutes ces fois où tu nous as aidé. D'un mouvement de recul je refusai le pourboire. Décidément dans cette famille tout était une question de démesure.

— Je fais ça pour le plaisir, laissez tomber les billets Carla. Affirmais-je poliment.

— Prends cette sommes mon garçon, j'ai été étudiante aussi. Tu sauras utiliser les billets dignement, profites. Mika, dépêches toi Grisha nous attend !

— Il mange avec nous ce soir ? Oui !! C'est quand que tu vas te marier avec lui ? Carla grimaça à la question de sa fille sans savoir quoi répondre. Ça me faisait sourire, Mikasa était une jeune fille vive d'esprit. Elle comprenait vite les relations humaines, elle ira loin.

— Peut-être qu'il commencera sans nous si tu prends autant de temps ! Aller prends ton manteau.

— Aussi Carla je... J'ai proposé à Eren de dormir à l'appartement ce soir. Bredouillais-je en détournant le regard vers la rue derrière elle. Elle haussa doucement le sourcil en esquissant un sourire amusé.

— Je vois. Donc je ferai mieux de ne pas me trouver dans les parages quand il sera là. Mika on y va. Merci encore Livaï et à la prochaine ! Pour le coup, je ne comprenais rien à sa réaction, Carla acceptait que je vois son fils ? Eren flippait pour quoi alors ?

— À plus, prenez soin de vous. » Concluais-je en refermant la porte.

En revenant dans mon salon j'entendis un bruit de verre cassé. Putain, si c'était encore les foutus chats de Jean, je promets de les lui faire bouffer. Énervé du boucan qu'ils faisaient, je choppai mon balais dans le placard en me préparant à toutes éventuelles ripostes. Putain de merde mais il foutait quoi lui ?! :

« Eren descends de mon putain de rebord. Quel crasseux je rêve. Pourquoi t'es pas passé par ma porte d'entrée comme tout humain décent ?

— Ma mère peut-être ?

— Quoi ? Ça fait combien de temps que t'es ici ?

— De base j'étais arrivé avant elle. Je déglutis en me remémorant le moment de malaise. Ca fait 15 minutes que je poireaute. Il entra – par effraction – dans la cuisine puis posa brusquement son manteau sur le plan de travail. À cet instant je vis rouge.

— Putain de bactéries que tu fous sur la table ! Dégages ça de là ! Eren !

— Tranquille Émile ! Respires, c'est cool. Tu sais qu'à trop râlé tu finiras par mourir vite ? C'est pas bon pour le cœur Li'. Pas ouf pour moi de sortir avec une loque hein.

— Ah ! Parce que maintenant t'acceptes de sortir avec moi ? Il est passé ou le pélo qui chiait dans son froc quand j'parlais de sa mère ?

— D'ailleurs, tu ne lui as pas dit hein ? S'inquiétait-il.

— Bien sur que si, j'vais pas mentir à ta daronne Eren. Surtout qu'il n'y a rien à cacher, n'est-ce pas ?

— Penses-tu. La prochaine fois ne dis rien. 'Fin bon, tant qu'on y est, elle a répondu quoi ? Je laissais passer un léger silence en repensant à sa réaction.

— Elle a simplement souri en répondant : « je vois », 'me regardes pas comme ça, j'y comprends rien non plus.

— Laisses tomber, elle a capté quelque chose.

— Et ça te dérangerait ?

— T'as de l'eau ? J'ai soif.

— Eren.

— J'en sais rien Livaï ! Oui, non ! J'en sais rien !

— Mais elle s'en fout avec qui tu sors, t'es au courant de ça ? Je lui servis son verre d'eau avant de capter son regard.

— Qu'est-ce que tu en sais ? La dernière fois qu'on a regardé un film LGBTQ ensemble elle a vacillé.

— T'en rajoutes, elle a surtout été étonnée de la manière dont la trans-identité à été développée dans le film. Elle n'est pas homophobe, ni transphobe ou quoique ce soit de « phobe ». Elle apprend seulement de nouvelles choses, au contraire elle se montre ouverte d'esprit.

— C'est toi qui l'dis. Puis sans déconner, tu veux vraiment sortir avec moi ou c'est une de tes vannes pourries ?

— À partir du moment ou j'essaie de te date depuis plus d'un mois, j'crois pas. Mais redis moi quand même, pour être sur, tu sais tout mieux qu'moi.

— Très drôle.

— Tu sais, si tu veux pas t'as juste à m'dire d'aller me faire foutre et ça part. Je trouverai quelqu'un d'autre.

— Tu te rappelles de la dernière fois où on a couché ensemble ?

— J'ai jamais vraiment couché avec toi Ren, crois moi que j'aurais voul-

— Pas au sens littéral connard.

— Ah. Euh, oui. Je m'en souviens.

— Alors ? Tu veux qu'on en parle enfin ou ?

— Ren, j'veux juste qu'on soit sur la même longueur d'onde okay ?

— J'veux recommencer.

— Quoi ? Mes yeux sortirent de leurs orbites en entendant sa requête. Arrête tes conneries.

— Sans vanne Livaï, je veux qu'on recommence. Je veux en être sur.

— Mais t'es même pas certain de m'aimer.

— Je n'ai jamais dit ça. J'ai dit que je n'étais pas certain de sortir avec un garçon.

— C'est un non, tu peux toujours te l'astiquer. J'suis pas ta pute.

— J'dis ça parce que je- je me sens vraiment étrange quand c'est toi qui me le fait.

— Génial, j'suis ta pute. Grognais-je en tournant les talons vers le salon. Il me rattrapa le bras en s'excusant.

— C'est parce que c'est toi Livaï, n'vois pas ça comme un truc vicieux. J'ai vraiment l'impression que je ressens ce truc qu'avec toi.

— Alors sors avec moi. Je n'veux faire ça qu'avec mon copain.

— D'accord.

— Sors avec moi Eren. Répétais-je avec persuasion.

— J'suis à toi Livaï. »


...


C'est ainsi que les deux garçons se retrouvèrent l'un face à l'autre, chacun d'eux se construisait le scénario idéal qui répondrait vraisemblablement à leurs attentes. Le plus âgé dévorait du regard son ami, il ne savait pas réellement si leur relation allait dans le bon sens mais il ne voulait pas regretter le fait de ne jamais avoir tenté.


FIN .

LES ABSURDES  (Recueil d'OS : Ereri et autres)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant