OS 5 : La ferme. II

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Le reste de la journée passa à vitesse grand V, j'étais exténué de tout. En arrivant dans ma cour, j'aperçus, encore, le 4x4 des Ackerman. Quoi ? Ça faisait plus de six heures qu'il était dans le village, ça annonçait rien de bon.

Discrètement je rentrais chez moi par la porte arrière, il ne s'agissait pas d'attirer l'attention quand l'un voulait me soutirer de l'attention avec des excuses de merde et l'autre, voulant me tuer pour chaque escapade des animaux de la ferme. Je me posais dans la salon, poussant un long râle fatigue. Pourquoi ai-je accepté de vivre ici alors qu'une école de journalisme m'attendait à Paris ? J'étais un saints parmi les sains, voilà l'explication. Il fallait être fou pour continuer à cohabiter avec la patronne du village en recevant tous les jours des remarques toutes aussi décourageantes les unes que les autres. Mais bon, quel parent n'essayerait pas d'élever un tant soit peu son enfant ? Même si la méthode de Carla restait discutable.

« Ta mère a le sens des affaires, c'est une femme impressionnante.

— Livaï ? Il est pas un peu tard pour parler affaires ? Tu as eu ce que tu voulais je suppose, donc je te souhaite une bonne soirée.

— Pas totalement, j'aime quand tout est réglé, en bonne et due forme. Il prit place à côté de moi, jugeant au passage une énième fois la collection des pots de lait de ma mère. Pitié, sans commentaire.

— Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? Je ne suis qu'un simple fermier non ?

— Il se pourrait que tu ne le sois plus le mois prochain. Je fixais le noiraud d'un air suspicieux. Qu'est-ce qu'il mijotait encore celui-là ?

— Tu me vires ? J'suis même pas salarié.

— Je fais mieux ça Eren, je te donne l'opportunité d'étudier dans l'école dont tu as toujours rêvé. Avoua-t-il gentiment.

— C'est quoi ton problème Livaï ? J'fais des efforts pour ne pas paraître trop familier devant ton père mais j'te jure mon gars, t'es pas net.

— Un jour ta mère et moi avions parlé de ton parcours scolaire et ce pour quoi tu as renoncé à ta formation pour l'aider.

— D'accord donc là, tu me fais croire que tu t'aies ententu avec la femme qui prie tous les jours pour que tu t'étouffes dans ton café ? Fascinant.

— Je- Quoi ? C'est vraiment ce qu'elle dit ? Il s'indigna en posant outrageusement sa main sur la poitrine.

— T'es un petit bourge qui a du temps à perdre, ses mots pas les miens.

— Et bien j'espère que mon temps libre te servira à quelque chose, j'ai réussi à te faire entrer dans l'école de journalisme de Paris, l'ISFJ. Enfin presque.

— Elle est où la chute ? Il fronça les sourcils.

— La chute ? C'est la vérité Eren, j'ai réussi à te dégoter un entretien avec la présidente du conseil de l'administration. Vu ton sens de la répartie et de la critique, t'as toutes tes chances pour la séduire.

— Attends attends, en quel honneur ? Et je te dois en retour ? J'ai pas de thune Livaï, je compte pas m'endetter pour tes beaux yeux.

— Passes l'entretien et on verra la suite. Je compte sur toi, j'ai dit que tu avais rédigé pas mal d'articles sur la nouvelle loi concernant l'acquisition d'animaux domestiques.

— Quoi ? Pas du tout ! Je parlais de bioéthique, c'est pas ça Livaï ! Livaï tu vas où ? J'en veux pas de ton truc ! Livaï te tire pas ! »

Trop tard, le bourge se retroussa les manches en me lançant un clin d'œil charmeur. Quoi ? Ça sortait d'où ça ?   


A suivre... 

LES ABSURDES  (Recueil d'OS : Ereri et autres)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant