OS 5 : La ferme. III

79 6 0
                                    



Je traînais des pieds jusqu'à la cuisine, rien ne me garantissait que je n'allais pas me prendre une poêle dans la figure avec la Carla. Elle s'occupait du repas, silencieusement je la rejoignis. Wow, elle avait presque terminé, j'avais plutôt intérêt à trouver une tâche à remplir et ce, la plus compliquée qui soit si je ne voulais pas me taper une réprimande plus longue que son testament.

« T'es bien silencieux mon petit, qu'est-ce qui te fâche ? J'ai préparé la sauce aux marrons comme tu aimes, je pensais que ça te ferait plaisir.

— Très, c'est cool. En fait c'est pas ça...

— Cesses de faire la tête, quand tu auras une raison valable d'en vouloir au monde entier tu me préviendras.

— Tu ne peux pas arrêter deux secondes de penser que « rien » n'est plus important que la famine et la guerre ? J'peux jamais rien te dire parce que, non mon renoncement à mon école n'est pas assez important, le fait d'avoir perdu un père alcoolique ne l'est pas non plus puisqu'il y a toi, et le fait de me forcer à ne pas envoyer balader tous les investisseurs qui nous insultent d'incultes et de pauvres non plus. Ma vie va bien Carla, très bien. Tiens j'ai fini de préparer ça. Elle resta sans voix, sûrement qu'elle feintait la surprise, je la connaissais bien trop.

— C'est vraiment tout ce que tu ressens ?

— On s'en fout, je suis avec toi et je t'aide. C'est ce qui compte non ? Elle déposa son couteau sur la table puis s'approcha de moi, tentant de me réconforter par une caresse mais j'eus un mouvement de recul.

— Je m'en veux de te faire ressentir tout ça Eren... Vraiment. Je pensais qu'en étant dure avec toi, tu-

— Ne serais plus déçu ? Plus fort ? Maman il faudra un jour que tu comprennes qu'être déçu ou triste font parti des sentiments les plus récurrents de l'humain. Et arrêtes de catégoriser les malheurs sans cesse, parce qu'en faisant ça, rien n'a d'importance. Du coup, personne ne mérite d'être aidé puisque qu'il y aura toujours « pire » non ? Tout ce que je veux que tu captes c'est que ça n'a jamais été mon rêve de bosser ici, je déteste l'odeur du fumier, les poules ne font que de me pincer quand je choppe leurs œufs et je déteste conduire un tracteur. Si j'fais ça c'est parce que je sais que tu mérites d'avoir cette ferme, que tu as bossé dur pour ça et que je t'aime. Sinon je t'assure que tout le reste m'horripile. Plus vite tu auras amassé assez d'argent pour être totalement autonome, plus on sera mutuellement heureux. Toi en gérant tout ce que tu as toujours souhaité et moi loin d'ici faisant des études que je mérite.

— Eren... Je- il m'a promis qu'il irait te parler. Avait-elle marmonné.

— Qui ? Pour ?

— Le petit en costard.

— Livaï ? Attends c'est quoi l'histoire ? On n'a pas besoin de se ridiculiser auprès de ces politiques ou quelques soit leurs fonctions. Tu les méprise, pourquoi t'aurais besoin d'eux ?

— Parce qu'on a beau avoir les meilleures morales du monde, un style de vie simple, l'argent permet d'accéder à des droits que peu peuvent s'autoriser. Ça c'est la réalité du monde. Alors, autant avoir ces gens là, tu sais ceux qui tiennent la ville ou encore le monde dans le creux de leur main, bah eux vaut mieux les avoir dans notre poche.

— J'comprends pas, t'as demandé quoi aux Ackerman ? M'énervais-je.

— J'ai seulement pensé que Livaï comprendrait ce que tu pouvais ressentir à rester ici. Il a beau ne pas savoir comment fonctionne les outils les plus basiques de l'agriculture, il n'en reste pas moins un jeune qui est ici pour le plaisir de son parent. Oui il est à des années lumières de comprendre ce que la population moyenne vit mais, il est attentif à la condition des étudiants. Notamment la tienne.

LES ABSURDES  (Recueil d'OS : Ereri et autres)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant