OS 6 : Possession. III

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Les deux lycéens reçus mutuellement ce qu'ils avaient intimement espéré. L'un au bord de l'évanouissement, l'autre à l'apogée de son arrogance. Eren eut réussi à clouer le bec de celui qui ne cessait de l'insulter.

« ... C'est bon ? Tu crois pouvoir la fermer maintenant ? À ta place je partirais me pieuter, tu ne marcheras pas droit pendant un bon moment. »

Qu'Eren jouissait de désir en voyant l'épave peu séduisante qu'était devenu Livaï. Le plus noiraud était de nature résistante en temps normal, pourtant cette nuit Eren eut réussi l'exploit de lui faire oublier jusqu'aux détails les plus basiques de sa vie.

« J-j'aime quand tu y vas à fond... Quand tu ne laisses aucun sentiment prendre le dessus... » Peina à articuler Livaï, les cheveux traînant dans sa propre salive.

Tout son corps tremblait rien qu'à l'idée de devoir se lever pour ramasser ses affaires. Mine de rien, Livaï n'était pas certain d'avoir une fois dans sa vie eut aussi mal au plus profond de lui, Eren avait fait partie de lui durant ces trente dernières minutes. La totalité des muscles du noiraud souffraient d'une faible paralysie, pourtant, Livaï n'avait jamais autant pris son pied de toute sa vie. La colère d'Eren demeurait inévitablement son meilleur moteur pour ruiner Livaï jusqu'au septième ciel.

C'était certain, Livaï avait pleinement conscience que leur relation révélait une toxicité hors du commun, le bagarreur se complaisait dans cela.

Livaï était obsédé par Eren, qu'importe ce qu'Eren faisait paraître de lui.

La première fois que Livaï a parlé à Eren, ce dernier crut qu'il venait l'importuner pour lui demander pour quelles raisons le brun avait-il écidé de mettre fin à la relation qu'il entretenait avec sa demi-sœur, Mikasa. Eren s'était préparé mentalement à toute une flopée de reproches beuglantes, ainsi qu'à argumenter le plus possible pour atténuer l'explosion de la bombe qu'était Livaï. Finalement, le noiraud n'était pas venu pour ça et s'en fichait éperdument du semblant d'idylle qu'il y avait pu se créer entre eux deux. Livaï ne parlait quasiment jamais à Mikasa, il n'en éprouvait pas le besoin.

Ce jour-là, quand Livaï était parti quérir le brun, il n'avait qu'une chose en tête : savoir si la réputation d'Eren lui précédait. Il souhaitait savoir si Eren était celui qu'il prétendait être aux yeux de sa classe. Oh le jeune Jäger ne brillait pas particulièrement par sa sagacité mathématique, ni par son empathie exemplaire... Non si Eren faisait autant parler de lui, la raison était qu'il démontrait un self-control si impressionnant et une capacité de déduction si rapide dans les situations les plus catastrophiques que tout le monde espérait le voir prendre la place du délégué pour les prochaines élections trimestrielles. Cependant, Eren se fichait bien de tout ça, il n'aimait pas débattre pour seulement arranger la situation d'une poignée de gens – qui honnêtement ne représentaient pas grande importance à ses yeux – Eren voulait qu'on lui foute la paix.

La première moitié de l'année, le bagarreur n'avait montré d'intérêt pour son camarade de classe qu'au moment où il fallait signer les listes des inventaires pour la soirée d'intégration. Eren et Livaï avaient été désignés responsables dans le plus grand des hasards.

Ensuite, les bruits de couloir ont fait leurs effets, tout le monde y allait de son avis pour essayer de cerner le personnage qu'était Eren. Livaï ne put y échapper, il voulait constater de lui-même si les autres avaient raison. Seulement, les choses ne s'étaient pas passées comme le plus petit l'avait espéré...

Lors de leur premier échange – qui fût pour le moins virulent – Eren proposa un genre de deal avec le noiraud pour apaiser l'animosité qui se construisait entre eux. La solution « miracle » qu'Eren trouva – car ce dernier eut bien compris que Livaï possédait un mal fou à gérer sa frustration et sa colère – fût de proposer à Livaï de devenir son plan cul. Absurde, pensa de prime abord le cancre.

Pourquoi ?

Tout simplement car le sexe était facile, explicite et ne nécessitait pas forcément de parler en formulant de longues phrases. Livaï s'en fichait bien du genre de la personne avec qui il couchait, en fait, Livaï ne s'intéressait pas à grand-chose en ce bas monde. Il faisait ce qu'il avait à faire par simple pulsion ou par ennui. Eren l'accepta puis lui suggéra de passer à l'action dès la première pause qui suivit le cours de sciences ce jour-là. Le brun autorisa Livaï à choisir le lieu tant qu'ils restaient dans l'enceinte du lycée, Eren détestait les prises de risque inutiles. C'est ainsi que Livaï et Eren entrèrent en relation.

Au début de leurs ébats, l'on pouvait dire que ceux-ci s'apparentaient plus à des combats d'animaux sauvages, car aucun n'écoutait l'autre. Livaï pensait crûment que la nonchalance d'Eren reflétait sa façon à lui d'exprimer son accord, quoiqu'il se passait entre eux. Piètre erreur de la part du bagarreur... Qui se rendit compte de son jugement hâtif quelques semaines plus tard.

La perception de la sexualité selon Livaï avait eu pour inspiration son oncle, Kenny. En effet, de nombreuses fois Livaï eut surpris son oncle coucher avec ses conquêtes d'un soir, c'était tout naturellement que dans sa tête, les relations sexuelles devaient ressembler à ce que Kenny faisait à ces femmes. Livaï restait espionner à travers l'embouchure de la porte pour étudier les mouvements des adultes devant lui, il y prêtait une réelle attention. Malheureusement, la vision du sexe de Kenny n'était pas plus glorieuse, le quarantenaire avait tout appris dans les films des années 70 et 80, à cette époque, la représentation des désirs de la femme – s'ils étaient considérés – n'était pas un sujet d'ordre public au sein de la société.

Eren n'était pas une femme mais Livaï n'avait pas eu de relation sexuelle exaltante à en perdre la raison depuis ces quatre derniers mois et le noiraud ressentait viscéralement le besoin de réitérer l'expérience. Cette nuit ne semblait pas assez compter pour Livaï, si indécis était-il. Eren déplora la fâcheuse manie de son partenaire à vouloir tout contrôler, bien qu'Eren n'eut pas la prétention de mieux connaître le domaine que Livaï, cependant, il s'agissait tout de même de son corps. Le plus grand savait au fond de lui qu'il ne méritait pas de recevoir une faciale à chacun des orgasmes de Livaï, ni de recevoir une pipe mal exécutée quand ce dernier se prononçait pour « s'occuper de lui ». En bref, leurs premières relations sexuelles furent de véritables fiascos... Leurs moments intimes nécessitaient une moindre communication, ils devaient passer par là pour respecter leurs intimités respectives. Sinon, très vite ils se retrouveraient à devenir la marionnette de l'autre.

Petit à petit, au fur et à mesure de leurs entrevues improvisées, Livaï parvenait à s'adapter aux envies d'Eren et écoutait – consciemment – ses conseils. Livaï commença très vite à dépendre du contact du brun, il n'avait qu'Eren dans la tête – et sur sa queue – pour pouvoir être comblé de sa journée.

Ce sentiment d'exaltation avait été auparavant inconnu de Livaï, lui qui n'avait jamais accordé une quelconque importance à un autre être humain que lui. Il ne savait pas d'où parvenait ce sentiment d'adoucissement, car il avait souvent l'habitude de se faire du bien lui-même mais rien de comparable à ce qu'il pouvait ressentir avec Eren. Il se questionnait quotidiennement, était-ce simplement de l'excitation mal placée ? De l'attachement amical ? Ou seulement une certaine euphorie récréative qu'Eren provoquait en lui de manière consciente, telle une drogue nocive ?

Tant de questions trottaient dans sa tête et il se détestait de n'y avoir trouvé aucune réponse... Mais il ne comptait pas échapper à ce bien-être constant. Eren était à lui. 


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Suite prochainement... 

LES ABSURDES  (Recueil d'OS : Ereri et autres)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant