OS 5 : La ferme. I

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« Eren ! Eren Jäger ! Eren Grisha Carle Jäger ! »

Et c'était reparti, elle criait dans toute la maison. Même la ferme entière ne faisait pas autant de boucan qu'elle.

Mollement mais sûrement, je me retirai de mon lit pour me diriger vers celle qui me menaçait de me déshériter tous les deux soirs : ma mère.

« Je suis en face de toi, tu peux arrêter de crier maintenant. Qu'est-ce qui se passe ? Si c'est encore une histoire de plomberie, je te l'ai dit mille fois, va voir Mikasa, elle s'y connaît.

— Tu te fous de moi ? Regardes par la fenêtre ! Elles sont encore parties ! J'espère que tu as une bonne excuse cette fois-ci ! J'espère que Livaï n'a rien à voir avec ça ! Qu'il m'énerve à traîner dans le coin ce bourge !

— Tout doux maman, je te signale que c'est lui qui finance notre matériel et accessoirement, est le fils du maire. Maire qui je te le rappelle, tu as largement énervé en venant le réveiller pour une histoire de pintades.

— Elles étaient en train de faire peur à Pilou !

— Mais qu'est-ce que Pilou faisait dehors à cette heure-ci ? Et même, tu sais très bien qu'il revient toujours par lui-même maman. Bon, je suppose que je vais devoir récupérer toutes les poules qui sont sorties ?

— À la bonne heure ! Qu'est-ce que tu fais encore à me parler mon garçon ? Du vent ! Je vais aller voir Pixis, il pourra peut-être faire quelque chose pour la plomberie ! Je soufflais préniblement, elle m'écoutait jamais cette femme !

— Mikasa maman ! Mikasa ! Pixis doit encore être bourré de la veille de toute manière, comme toujours...

— Bon, j'irais voir la dur à cuir. Aussi, si tu vois ce crétin en costard d'Ackerman, dis lui de ne plus me refiler des tracteurs de demi-prix ! Il ne me la fait pas à moi ! J'suis au courant qu'il peut se dégotter les meilleurs tracteurs du marché, avec les sous que je lui rapporte, il a intérêt à se bouger ! » Carla continuait de râler dans son coin, j'étais déjà parti de la maison.

Je ne comprenais pas comment ses cordes vocales pouvaient encore tenir, moi mes oreilles étaient mortes depuis le jour de ma naissance. Sacré femme la Carla.

J'enfilais mes bottes et ma veste avant de prendre le chemin – habituel – qu'avaient emprunté les poules. À force, je connaissais leur combine par cœur, elles faisaient le tour du lieu-dit, provoquaient le chien de Connie et profitaient de faire le tour de l'étang de Jean avant de revenir. En y repensant, elles démontraient une certaine organisation, elles ne se perdaient jamais. Pour la forme – et aussi parce que je flippais que ma mère me suive à la trace – je criais dans le hameau en espérant croiser le groupe de randonnée. La barbe, pourquoi elles enfuyaient toujours ?

Au moment où je comptais toquer à la porte d'Armin, un 4x4 entra dans le village, je reconnus tout de suite le logo du véhicule. Il s'agissait autre que le fils du maire : Livaï Ackerman. Avec un peu de chance il ne m'avait pas aperçu, alors rapidement je toquais le plus fort possible sur la porte d'Armin dans l'espoir qu'il m'ouvre avant que Christian 2.0 ne vienne m'interpeller.

Je savais pas pourquoi mais Livaï avait toujours cette étrange habitude de m'appeler par mon nom de famille, là où tout le monde m'appelait par mon surnom. Il avait mon âge le mini PDG, ça lui servait à quoi d'agir comme ça ?

« Ren ?

— Armin tu me sauves la vie ! J'peux entrer ? Merci ! J'essuyais rapidement mes chaussures sur le paillasson avant de refermer moi-même la porte.

— Carla te court encore après c'est ça ? Se moqua-t-il.

— Pire, mini Christian est là, juste devant ta maison. Tu crois qu'il va encore faire comme l'autre fois ?

— De te demander de mettre des prénoms sur les œufs de tes poules ?

— Mais ça a servi à quoi ? C'est une ferme ici, pas un magasine d'animalerie. S'il veut des poussins, il n'a qu'à aller voir les Reiss. Eux ils offriraient la moitié de leurs animaux pour un prix astronomique. Qui achète des poussins en plus ? Pour faire quoi ?

— Ren.

— Merde il cherche quelqu'un.

— Ren.

— Je passe par la cuisine, tu ne m'as pas vu !

— Putain je rêve... Dépêches toi parce qu'il va sonner. »

Bordel de gosse de riche qui prend le village pour un terrain de jeu, quelle plaie !

Je glissais par la fenêtre de mon meilleur ami, évitant au passage de tomber dans les linges posés dans le bac en dessous, pas malin de les avoir laissé aussi près du four à pain. Sur la pointe des pieds je repris ma recherche quand soudain, j'entendis des pas venir vers moi.

« Elles sont dans le jardin de mon père.

— Livaï ? T'es là ? Tu ne devais pas être au conseil municipal ? Ou autres impératifs qui te permettraient de ne pas squatter ici ? Maugréais-je en revenant pieds plats.

— C'est mon père le politique, moi j'investis seulement. Dis, ta mère est ici ? J'ai un nouveau plan d'action à lui proposer. Quelque chose qui pourrait faire monter vos ventes à partir de la semaine prochaine. Je me rappelais de la remarque acerbe que ma mère avait faite son propos, je ne crois pas que Carla serait enchantée de sentir son parfum Dior aussi tôt dans la journée.

— Elle est partie au bourg, je lui dirai que tu es passé.

— Je vois. » Il me scruta un moment avant de faire demi-tour.

Bordel et toujours cette fichue habitude de remettre les manches de son costard comme s'il venait de conclure l'affaire de l'année. Franchement, s'il n'avait pas toute cet attirail sur lui, je le trouverai bien à mon goût mais pourquoi devait-il exagérer tout ce qu'il faisait ? 



A suivre... 

LES ABSURDES  (Recueil d'OS : Ereri et autres)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant