OS 9 : Tirer à balles réelles. I

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Le lieutenant de la division hallucinait tant les propos de son coéquipier  – et amant – parurent irréalistes. Alors que l'équipe alpha de la brigade s'était engagée dans un RAID pour  coffrer le chef de l'organisation criminelle la plus active du pays, le plus jeune de l'escadron lui, se trouvait une passion pour les tirs inutiles sur les mauvaises cibles : 

« Lieutenant, il arrive... »

Le chef d'escouade ne s'emportait que très rarement, c'était à croire que personne ne l'avait réellement vu en colère avant ce jour. Son self-control forçait le respect commun, c'était d'ailleurs pour cette ultime qualité qu'il avait atteint un grade aussi haut placé. Malheureusement, les nombreuses qualités du capitaine pourraient aujourd'hui toutes voler en éclat tant les maladresses d'Eren s'enchaînaient. 

Les bourdes de l'ordre de la perte d'une boussole pouvait passer... Ou encore d'un assaut maladroit dans un appartement voisin, ce n'était pas si dramatique dans la mesure ou aucun dommage collatéral n'était à déplorer. Même ce jour-là, alors qu'Eren était trop nerveux, il fit tomber une grenade fumigène dans la camionnette de l'escouade avant d'arriver sur le site. La fumée envahissait l'espace confiné, obligeant tout le monde à sortir précipitamment en toussant et en essayant de ventiler le véhicule avec les bâches traînantes. Cette mission, plus qu'avoir été un fiasco stratégique, l'avait été également sur un plan financier. 

Eren était de nature maladroite, personne ne pouvait le contredire mais ce qui embêtait son chef, c'était de devoir rattraper systématiquement les erreurs du jeune au détriment de son image : 

« Livaï je te promets que je ne voulais pas tirer sur-

— Tu peux la fermer ? J'essaie de savoir par quelle fenêtre j'te balancerai. Dans l'idéal il faudrait que ton cou se brise sur le champ. Il faut réduire tes chances de survie. Putain de merde Eren ! Tu te rends compte du merdier que t'as foutu là ?!

— Chut ! Moins fort ! Je suis désolé Livaï ! Je viens de te le dire, je suis désolé !

— Être désolé d'avoir tiré stupidement dans le pied du chauffeur de Porco c'est pas suffisant ! Ça fait quatre fois ce mois-ci que tu foires une mission Eren ! J'suis à deux doigts de te foutre aux archives putain ! 

— T'as besoin de moi... Ne fais pas ça.

— Oh tu crois ? Sur le terrain c'est certain que Hannes à la compta te surpasserait en tout point ! Laisses tomber... Au retour de la mission t'es rétrogradé. Le noiraud détourna fâcheusement le regard de son amant, il se contenait comme jamais il eut à le faire pour ne pas l'envoyer valser en dehors de la zone d'intervention. Eren dépassait les bornes, le fait qu'il entretenait une relation connue de tous avec son lieutenant ne lui autorisait pas de faire des conneries en tous genres en mission spéciale. Les autres coéquipiers appréciaient de moins en moins le laxisme dont Livaï faisait preuve, précisément lorsque la majorité se trouvait être mécontente des résultats obtenus. Les contestations de chacun menaçaient la cohésion de l'escouade et bientôt  le collectif dégénèrera.

— J'ai repéré Porco... Repris le maladroit.  

— T'as quoi ?

— Repéré notre type ? J'veux dire, c'est toujours lui qu'on traque ? Non ? On a changé ? »

Un long silence s'en suivit. Les regards fuyants démontraient un agacement certain à l'encontre d'Eren. Le pauvre n'avait qu'à espérer ne pas être envoyé à la garde de l'armement pour le reste de la mission, le poste le moins stimulant pour une mission de cette ampleur :

« Tch... Montre moi où il est. Répondit sèchement Livaï en annonçant par le talkie-walkie l'information d'Eren au reste du groupe. Il priait pour que son partenaire ne lui fasse pas la pire crasse du siècle, la vie ne tenait qu'à un fils pour le novice. 

— En fait j'ai... Comme perdu mon traceur en route. Je sais ! Je sais ! Ça craint !

— Eren ?

— Oui Livaï ?

— T'es à des années lumières de connaître la fin de l'histoire, mais vraiment. Le ton glacial qu'employa le lieutenant n'interpella en aucun point le concerné, pour lui, Livaï semblait parler de la fin du RAID. À cette pensée Eren souriait niaisement, ce qui – sans surprise – excéda son partenaire. Oh et... Fais moi penser que je suis bien meilleur seul et rappelles moi  de résilier le notaire pour nôtre pacs. Putain, que les forces suprêmes me préservent de sombrer dans la folie à cause de ce con...  Bien ! On bouge les gars ! Maintenant ! »

... 

La brigade se délocalisait de son précédent emplacement, dans le bâtiment balisé, tous durent faire preuve d'extrême vigilance. Dans la plus grande discrétion, chaque groupe avait son leader attitré et devait suivre les ordres.

Eren lui devait se contenter de supporter la présence quasi forcée de son chef, celui-ci ne comptait pas le laisser filer. Pas même pour l'envie la plus pressante de sa vie, Livaï le laisserait faire dans son pantalon sans aucun remord s'il le fallait. Les porteurs de caméras eurent pour instruction d'avancer en premier à chaque entrée dans une nouvelle pièce de l'hôtel. Il restait important pour la brigade d'analyser leurs erreurs une fois revenus à la caserne, d'où la présence des caméras portatives sur leurs gilets par-balles.  

... 

L'opération se poursuivait, Eren s'étonnait de sa capacité à ne pas questionner ses coéquipiers sur tout ce qui se passait. Il était comme ça, à toujours remettre en cause un plan bien réfléchi, quitte à trouver des failles dans le système le plus sécurisé du pays et s'attirer les foudres de la population entière. 

Eren ne comprenait pas vraiment pourquoi, mais il remarqua une chose anormale dans la disposition du mobilier dans le salon du rez-de-chaussée. Il n'en informa personne, craignant de recevoir la baigne du siècle. Alors il garda son impression pour lui, seules les minutes lui diront si encore là, il avait choisi la bonne option...


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⏰ Dernière mise à jour : Aug 15 ⏰

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LES ABSURDES  (Recueil d'OS : Ereri et autres)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant