Et plus si affinités... - Tome 1

Chapitre 3 - Allie

Je reprends difficilement conscience.

J'ai l'impression que ma tête va exploser.

C'est comme si un train de marchandise, lancé à pleine vitesse, passe et repasse inlassablement dans ma tête, faisant vibrer ma boite crânienne avec une telle violence que j'ai l'impression qu'il m'a réduit le cerveau en bouillie.

Puis, les souvenirs me reviennent douloureusement en mémoire, comme une gifle en plein visage.

Il a recommencé.

Malgré les élancements de mon corps, qui semblent résonner dans tout mon être, je sais que c'est terminé.

Il en a eu assez de cogner sur un corps inanimé.

Je me maudis, j'étais si proche du but.

Je n'avais qu'à trouver une seule preuve de ses activités illégales et l'avocat que j'avais consulté en secret, l'enverrait en prison, l'éloignant de moi.

Je sais que je n'ai que très peu de chance de l'envoyer durablement en prison pour violence conjugale, en tout cas, avec le si peu que je suis capable de raconter mais le recel de voitures volées, ça c'est sérieux. Surtout quand les vols sont commis en bande organisée et avec violence.

Mais là, c'est raté.

Je peux compter sur Marc pour avoir mis hors d'atteinte les faux documents qu'il a établi pour corroborer sa comptabilité foireuse, que le fisc serait sûrement ravi de consulter.

Je ne sais vraiment rien faire correctement.

J'ouvre les yeux, craintivement, cherchant si la voie est libre, s'il a bien quitté la maison, comme il le fait chaque fois que je perds connaissance, mais je me rends compte que je suis à l'hôpital.

Encore une incohérence pour moi.

Pourquoi il fait ça ?

Pourquoi m'emmène-t-il à l'hôpital ?

Pourquoi ne me laisse-t-il pas mourir ?

– Allie, ma belle, m'appelle soudain une voix féminine à mes côtés. Tout va bien. Tu es à l'hôpital.

Jennifer ?

Super.

Il a fallu qu'il appelle ma sœur en plus.

Comme si ce n'est déjà pas assez humiliant comme ça de le laisser me mettre dans cet état. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir lui dire maintenant ? Qu'a-t-il bien pu lui raconter déjà ?

Ma sœur.

Elle est tellement belle, avec ses mèches blondes et ses grands yeux verts. Je suis très fière d'elle. Elle a une vie géniale, enfin je l'espère puisque je ne la vois plus vraiment depuis mon mariage.

Elle me manque terriblement mais je ne veux pas qu'elle me voit dans cet état. Comment je pourrais lui expliquer tout ça ?

Je ne sais pas mentir.

Je laisse ça à Marc.

Il est tellement plus doué que moi pour ça. Il a trouvé une excellente excuse à chaque fois : une chute dans l'escalier, renversée par une voiture, une agression et même une tentative de suicide.

Bon celle-ci je l'ai cherché.

J'ai bel et bien essayé de me suicider mais il est rentré et il m'a surprise. Jamais, je ne l'ai vu aussi en colère. Il m'a donné une leçon. Il m'a montré ce que c'était qu'un suicide. Il a bien failli me tuer ce jour-là.