Et plus si affinités... - Tome 1

Chapitre 1 - Allie

Je n'ai pas peur de mourir.

Ça peut paraître bizarre comme entrée en matière, mais la mort, je la vois plutôt comme une espèce de délivrance. Une amie qui cherche à m'aider, à me sauver de l'enfer que je vis depuis cinq ans. Cinq longues années à subir toute cette violence, les coups, les humiliations.

Et tout ça pour quoi ?

L'Amour ?

Mais c'est quoi, au juste, l'Amour ?

Comment un simple mot peut-il cacher autant de souffrance et de désespoir ?

Pourquoi ai-je l'impression d'être enfermée dans un piège, sans aucune certitude de pouvoir en sortir un jour ?

Est-ce toujours comme ça quand on aime ?

Pourquoi a-t-il fallu que je tombe amoureuse de celui qui me fait le plus de mal ?

Est-ce de ma faute si tout ça m'arrive ?

Ai-je fais quelque chose de mal ?

Toutes ces questions que je me pose et qui ne trouveront jamais de réponses...

Je sais très bien que je suis loin d'être un cas isolé, que d'autres femmes ont, comme moi, tirées le mauvais numéro.

Ça ne me console pas, loin de là.

Si seulement j'avais pu deviner ce qui allait se passer. Combien d'erreurs aurais-je pu éviter si j'avais su ? Si...

On refait le monde avec des « si », ma petite, disait ma grand-mère.

Elle croyait dur comme fer que nous avions tous une destinée, que nous ne faisions que suivre, que notre avenir était écrit à l'avance. Si elle avait raison, alors cela veut dire que je ne suis née que pour subir cette violence, cette rage qu'il déverse sur moi, de plus en plus souvent.

C'est la faute à pas de chance, disait-elle aussi.

Dois-je vraiment accepter ça ? Suis-je seulement un jouet entre les mains du destin ? Est-ce vraiment ça le but de ma vie ? Suis-je destinée à recevoir des coups, jusqu'à ce que mort s'en suive ? Si c'est vraiment le cas, je l'accepte, tout mon corps l'accepte.

Mais la petite voix au fond de moi ne l'entend pas de cette oreille et tente parfois de me faire entendre raison, de me sortir de cette misérable existence, avec plus ou moins succès.

Mais je suis bien trop faible.

Il a trop d'ascendant sur moi et quand j'essaie de le quitter j'échoue, lamentablement. Je dois admettre que l'échec est prédominant chez moi et la punition toujours à la hauteur de la tentative.

Il ne me rate pas.

Jamais.

Et je suis capable de savoir au moindre pincement de ses lèvres, à l'intensité du tic nerveux de sa paupière gauche, à quel point je vais morfler. Je peux même anticiper la force des coups qu'il va m'asséner. Je sais même d'avance si je vais perdre connaissance, avant que le premier coup ne m'atteigne. C'est à se demander comment j'ai pu faire pour ne pas me rendre compte, avant le mariage, de l'enfer qu'il allait me faire vivre.

Comment aurais-je pu ? Ce n'était pas écrit sur son front. C'était même tout le contraire.

Quand je l'ai rencontré, Marc était doux et attentionné. Il était à l'écoute et ne perdait pas une occasion de me faire plaisir. Il me regardait comme si j'étais la chose la plus précieuse à son cœur et j'avais l'impression d'être vraiment quelqu'un de spéciale.

Le bien-être qu'il me faisait ressentir au moindre regard, la tendresse dont il pouvait faire preuve et la bonté qui émanait de lui dans chacun de ses gestes, chaque parole. Tout en lui me criait qu'il était l'homme parfait.