Chapitre 1

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—... Oh, et n’oublie pas de laver les vitres, ajouta Mme Dubois en attrapant son sac à main crocodile. 

La femme entre deux âges se contempla dans l’immense miroir de l’entrée, appréciant visiblement l’allure que lui donnait son nouveau manteau de marque hors de prix. Il coûtait certainement plus cher que toute la garde-robe réunie de David. 

— Oui, mère, répondit ce dernier en gardant la tête baissée. 

Le jeune homme n’avait en réalité aucun lien de sang avec Mme Dubois, sa belle-mère, mais cette dernière l’avait toujours obligé à l’appeler ainsi. 

— Que cela soit bien fait. L’autre jour, il restait des traces de doigts. 

— Je ferai attention, mère. 

— Encore heureux ! 

Mme Dubois décerna à David le regard méprisant qu’elle lui réservait à chaque fois qu’elle se trouvait obligée de poser les yeux sur lui. Ses fines lèvres barbouillées d’un rouge criard étaient pincées dans une moue dédaigneuse. 

— Maman, gémit Lucille en apparaissant soudain à ses côtés. Il fait déjà nuit et nous allons certainement devoir écumer plusieurs boutiques avant de trouver ma robe ! 

Lucille était la copie conforme de sa mère, en plus jeune. Elle avait les mêmes cheveux blonds délavés, le même air boudeur et la même répugnance envers David qu’elle prenait soin d’ignorer, dans le meilleur des cas. 

L’expression de Mme Dubois se fit aussitôt tendre. Elle vénérait sa fille autant qu’elle détestait son beau-fils. 

— Nous y allons, ma chérie. 

Elle enfila une paire de gants en cuir et ouvrit la porte d’entrée sans accorder plus d’attention à David, son beau-fils. Le vent mordant de cette fin de novembre s’engouffra dans l’entrée en sifflant furieusement. Il y avait longtemps qu’il n’y avait pas eu une période aussi froide alors que l’hiver n’était même pas encore officiellement arrivé. 

La porte claque et David se retrouva seul. Le jeune homme s’autorisa un profond soupir. Il avait devant lui des heures de ménage en perspective et n’avait toujours pas terminé la dissertation de français qu’il devait rendre le lendemain. Il soupçonnait sa belle-mère de l’inonder de travail à dessein pour l’empêcher de faire correctement ses devoirs. Au lycée, David était un bon élève, meilleur que Lucille, et il n’y avait aucun domaine dans lequel il avait le droit de surpasser sa belle-sœur. Il n’était, après tout, qu’un misérable oméga orphelin… 

La société était divisée en trois catégories de personnes dont le statut était déterminé à la naissance. Les alphas, peu nombreux, passaient pour l’élite. Ils étaient généralement grands et forts et n’avaient aucun mal à obtenir une place de choix dans la vie. Les plus puissants d’entre eux étaient à la tête de meutes rassemblant des centaines de familles dans un même groupe. Les Dubois étaient, comme la très grande majorité des habitants des environs, rattachés à la meute Leroy qui régnait sur la ville de Versailles depuis des générations. La famille de David était cependant trop insignifiante pour avoir des liens proches avec la hiérarchie de la meute et il ne s’était jamais retrouvé en présence de son chef, Georges Leroy. 

Les bêtas composaient l’essentiel de la population. Ils étaient, pour ainsi dire, les gens ordinaires. 

Enfin, les omégas, les moins représentés de tous, se trouvaient tout en bas de la hiérarchie sociale. Ils étaient les personnes les plus faibles et aussi bien les alphas que les bêtas les méprisaient. Ils n’avaient quasiment aucune chance de trouver un métier leur donnant un tant soit peu de pouvoir et la meilleure chose qui pouvait leur arriver était de devenir le conjoint d’un homme ou d’une femme influents.  Ce qui n’avait rien de très glorieux. David aurait tout donné pour avoir pu naître bêta. Il était cependant impossible de changer sa nature… 

Cendrillon (bxb) [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant