Chapitre 20

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— Non, non et non, je ne veux pas de maquillage, protesta David au moins pour la troisième fois. 

— Juste une toute petite touche, le supplia Floris. Je vais juste te rendre discrètement encore plus mignon ! 

Le jeune oméga se leva pour s'éloigner du pinceau que sa mère brandissait comme une arme. 

— Je t'ai dit non, Maman. 

Stressé, il se mit à arpenter sa chambre en luttant contre la panique. Son destin allait se jouer dans quelques heures. À la fin de la journée, Christophe aurait déclaré à la Terre entière la personne qu'il allait épouser. 

David se mordit la lèvre et se tourna vers Floris qui rangeait sa palette de maquillage, dépité. 

— Tu crois vraiment que Christophe pourrait me choisir ? 

Sa voix n'était plus qu'un mince filet angoissé. 

Sa mère lui sourit. 

— Bien sûr que oui ! Il t'a donné ce billet, non ? Et il t'a embrassé avec passion. 

David sentit ses joues chauffer. 

— Je ne sais pas si c'était "avec passion", marmonna-t-il. Et il a sans doute embrassé plein de filles avant moi… 

Il se sentit soudain rempli de découragement. Son costume lui parut absurde. N'était-il pas trop clair ? Trop bleu ? Il devait être parfaitement ridicule ! Quand Christophe allait le voir, il renoncerait certainement à faire de lui son époux, si tant est qu'il en ait seulement eu l'envie ! 

Floris leva les yeux au ciel. 

— Arrête de te dévaloriser, poussin. Tu es magnifique ! Allez, il est temps de te mettre en route ! 

Ils gagnèrent ensemble l'entrée. David évita soigneusement de se regarder dans le grand miroir pour ne pas stresser davantage. Floris ouvrit la porte et poussa son fils dans la limousine. 

— Je te rejoindrai sans doute vers le milieu de la soirée, assura le mannequin en rejetant ses longs cheveux en arrière. Ne t’inquiète pas, je resterai tout discret dans mon coin. 

David lui jeta un regard méfiant mais finit par hocher la tête. Sa mère était revêtue pour sa part d'un costume d'un brun tirant sur le doré et il était peu probable que Floris n'attire pas l'attention. Mais David n'avait pas le cœur à interdire à sa mère de l'accompagner. Et puis, à bien y réfléchir, sa présence le rassurerait. Il aurait une épaule sur laquelle pleurer si quelque chose se passait mal. 

La limousine se mit en route. David se tordit nerveusement les doigts. Le trajet était très bref jusqu'au château et il regrettait presque de ne pas disposer de plus de temps pour se calmer. Il se sentait plus mort que vif lorsque la voiture se gara. 

— Vous êtes arrivé, Monsieur, lui signala Gaspard en ne le voyant pas sortir. 

— Hum… 

Serait-il ridicule s'il demandait au chauffeur de faire quelques tours de plus ? Sans doute que oui… 

David ouvrit donc la portière en soupirant et sortit de la limousine. La nuit était belle mais froide et il leva les yeux pour contempler les étoiles qui brillaient au-dessus du ciel dégagé du château. Puis il remercia Gaspard et se mit résolument en route. Il passa à côté de la statue équestre de Louis XIV et remonta les pavés, le cœur battant. Les grilles dorées à la feuille d’or étaient à une trentaine de mètres de là. David faisait à nouveau bien attention à ne pas abîmer ses belles chaussures Richelieu qu’il était enchanté de porter à nouveau. La lumière des lampadaires s’y reflétait et elles brillaient à chacun des pas qu’il faisait. Le jeune homme sentait son angoisse se transformer peu à peu en allégresse et il pressa le pas pour rejoindre au plus vite son amour. 

Il entendit soudain un bruit de moteur et vit une longue voiture noire aux vitres teintées s’arrêter à côté de lui. La portière s’ouvrit et une main agrippa soudain son bras pour le tirer. Terrifié, David se débattit et tenta de crier. Mais quelqu’un avait posé sa main sur sa bouche et seul un faible gémissement en sortit. On lui attacha les mains derrière le dos. Il fut poussé dans le véhicule et ses genoux se cognèrent contre le sol. Il entendit la portière claquer et la voiture se mit à vibrer. 

Le jeune oméga tremblait de tous ses membres. Comment avait-il pu être enlevé ainsi si rapidement à l’entrée du château ?  Un garde devait bien avoir vu la chose. Il allait appeler la police et… 

David se mit à pleurer. Les secours arriveraient-ils à temps ? Où allait-il être emmené ? Qu’allait-on lui faire ? 

Le trajet fut bref et la voiture s’immobilisa environ dix minutes plus tard. La portière s’ouvrit et un bras vigoureux força le jeune oméga à en sortir. On le fit avancer et pénétrer quelque part. Sa cagoule fut soudain arrachée. David cligna plusieurs fois des yeux, ébloui par une vive lueur. À sa grande surprise, il se rendit compte qu’il se trouvait dans son ancienne maison. Mme Dubois se tenait debout devant lui. Elle était vêtue d’une somptueuse robe de soirée et portait une rivière en diamants autour du cou. 

— Que faites-vous ? s’indigna David en fusillant sa belle-mère du regard. Vous n’avez aucun droit de me kidnapper !  

Mme Dubois eut un sourire mauvais. 

— Détrompe-toi, petit ingrat. Je suis ta tutrice légitime. Je ne fais que te ramener à la maison après ta fugue. 

— Quelle fugue ? protesta la jeune oméga en se débattant pour tenter de défaire les liens qui l’entravaient toujours. Vous m’avez mis à la porte ! 

Le sourire de sa belle-mère s’accentua. 

— Bien sûr que non. Tu es mon beau-fils adoré. Tu es mineur et sous mon contrôle. Et pas ce mannequin chez qui tu t’es enfui et à qui je pourrais intenter un procès pour enlèvement. 

David resta bouche bée de stupéfaction devant une telle mauvaise foi. 

— Ce "mannequin" est ma mère ! Et ce n’est pas lui qui m’a enlevé ! 

Mme Dubois continuait à le fixer avec un petit air de supériorité. 

— Je suis ta mère, mon enfant. Cet homme n’a pas le moindre droit sur toi. 

Le cœur de David se mit à battre d’indignation. 

— Ce… c’est faux ! 

Il se redressa. Il avait passé des années à trembler devant sa belle-mère. Il n’était alors qu’un faible petit oméga sans soutien. Il n’était à présent plus seul. Il avait sa mère. Et il avait Christophe. Son alpha comptait sur lui, l’attendait. Il n’allait pas se laisser faire. 

— Laissez-moi partir. 

La voix du jeune homme était froide et déterminée. Il fit un pas en avant et tenta de contourner Mme Dubois et l’homme qui se tenait à ses côtés malgré ses mains liées. 

— Non. Tu es puni, David. Tu ne sortiras pas de ta chambre avant demain. Maintenant, si tu veux bien m’excuser, il est temps que je te quitte avant d’arriver en retard au bal où m’attend déjà ma chère fille. 

Elle fit un signe de tête à son homme de main qui attrapa le jeune oméga par le bras pour l’entraîner en direction de l’escalier. 

— Non ! Laissez-moi ! Au secours ! 

David s’époumonait autant qu’il le pouvait mais il savait que la maison était assez isolée et qu’il était peu probable que les voisins puissent l’entendre. Son ravisseur le conduisit jusqu’au grenier et ouvrit la porte de son ancienne chambre. À présent qu’il avait emporté ses affaires, il ne restait plus qu’un matelas nu. Il y fut poussé et la porte claqua derrière lui. Il entendit la clef tourner dans la serrure. Il était enfermé ! 

Cendrillon (bxb) [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant