Chapitre 5

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David se réveilla dans un état épouvantable. Au petit-déjeuner, il laissa déborder le lait, brûla le pain grillé et se fit vertement réprimander par Mme Dubois. Sa belle-mère l’obligea à tout recommencer et il arriva en retard au lycée d’une bonne quinzaine de minutes. Il commençait par une heure de français et savait que son professeur ne laissait entrer aucun retardataire. Le jeune oméga alla trouver refuge dans la bibliothèque et se laissa tomber devant un ordinateur, le moral dans les chaussettes. Il appuya sur le bouton pour allumer l’unité centrale. 

À la maison, Mme Dubois et Lucille possédaient chacune un ordinateur portable. David avait interdiction d’y toucher. Il ne disposait, pour sa part, que d’un antique téléphone non tactile qui avait appartenu à sa belle-sœur et devait avoir été à la mode au moins dix ans plus tôt. Il ne pouvait l’utiliser que pour téléphoner et échanger des SMS avec Alice. L’appareil était bien trop vieux pour pouvoir aller sur internet. 

La page google s’ouvrit et, après un instant de réflexion, David entra le nom de Floris Colin. Son mystérieux parrain l’intriguait et il était curieux d’en savoir plus à son sujet (et notamment de s’assurer qu’il n’était pas un dangereux fou échappé de l’asile). 

À sa grande surprise, David tomba sur une nombre de résultats impressionnant. Apparemment, Floris était un mannequin qui connaissait un certain succès et était connu pour ses nombreuses et palpitantes histoires de cœur. On le voyait poser pour des marques de vêtements renommés ou participer à d’innombrables fêtes aux bras d’hommes divers. Sur l’une des photographies, il se trouvait même fort peu vêtu, dans une pose lascive et David s’empressa de fermer la page, très embarrassé. 

Le jeune oméga comprenait mieux à présent pourquoi son parrain possédait une telle voiture avec chauffeur et s’habillait de manière si excentrique. Il se demanda comment son père s’était retrouvé à fréquenter un mannequin et à le choisir comme parrain pour son fils… 

David retrouva Alice au cours suivant. Elle avait pris des notes pour lui et lui donna sans un mot. 

— Merci, lui dit-il avec gratitude tandis qu’ils s’installaient tout au fond de la salle d’histoire. 

Alice lui adressa un sourire mystérieux, fouilla dans son sac et lui présenta soudain deux morceaux de carton. 

— Et voilà ! s’écria-t-elle à voix basse avec un air très contente d’elle-même. 

David les examina de plus près et sentit son cœur s’arrêter. 

— Ce sont… commença-t-il avant de s’interrompre. 

— Des invitations pour la fête de Christophe Leroy, bien sûr ! Je les ai eues par ma mère. 

La maman d'Alice était journaliste et était fréquemment invitée à toutes sortes d'événements. 

Le jeune oméga resta muet, les yeux fixés sur les cartons brillants. Il finit par secouer la tête. 

— Je ne peux pas, murmura-t-il. Ça ne règle de toute façon pas le problème du costume. La fête est demain soir ! 

— On t’en trouvera un demain matin. 

— Je n’ai pas d’argent ! 

— Je t’en prêterai. Tu me rembourseras quand tu auras épousé Christophe. Les Leroy sont richissimes. 

— Je ne suis pas amoureux de lui à cause de son argent ! s’indigna David. 

— Je sais… Je sais… Je te taquine. 

Le professeur avait commencé son cours et ils prirent tous les deux une feuille vierge et un stylo. 

— J’ai vu Christophe, hier, avoua soudain le jeune homme. Il m’a touché la main et parlé. Je n’aurais jamais cru qu’il lui arrivait de faire des courses lui-même !  

— Quoi ?! Que t’a-t-il dit ?! 

— Il m’a dit “pardon” et “tiens”. 

— Et toi, qu’est-ce que tu lui as répondu ?! 

Alice le fixait, surexcitée, et ne faisait même plus semblant de prendre des notes. 

— Je n’ai pas réussi à prononcer le moindre mot, soupira le jeune oméga. 

— David ! 

— J’étais bien trop intimité ! C’était la première fois que j’étais si proche de lui ! 

— Tu es désespérant ! grogna son amie. 

David prit un air rêveur. 

— Nous avons touché la même bouteille de lait de soja. 

— Comme c’est romantique !  

Le jeune oméga ignora l’ironie parfaitement perceptible dans le ton de son amie. 

— Je ne savais pas qu’il aimait le lait végétal. À cause de l’intolérance de Lucille, je connais toutes sortes de recettes au soja… 

— Merveilleux ! Tu pourras préparer des bons petits plats à ton amour lorsque vous serez mariés et aurez vos dix enfants. Même si les Leroy doivent certainement disposer d’un cuisinier. Voire de plusieurs. 

David lui jeta un regard agacé. 

— Ce n’est pas gentil de te moquer ainsi de moi ! J’aimerais bien ne pas être aussi timide… 

Alice pinça les lèvres. 

— La timidité, ça se combat. Et tu vas le faire en allant à ce bal. 

Elle poussa l’un des billets en direction de David. 

Ce dernier secoua frénétiquement la tête. 

— Non, je… 

La voix quelque peu agacée de leur professeur d’histoire les interrompit soudain. 

— Dites-moi, mademoiselle Kofi et monsieur Dubois. Auriez-vous des informations intéressantes à partager avec toute la classe ? Vos chuchotements font vibrer le tableau. 

David sentit le rouge lui monter aux joues et baissa la tête tandis qu’Alice répondait sans se laisser démonter : 

— Non, Monsieur. 

Elle adressa au professeur un sourire angélique et ce dernier soupira avant de reprendre sa leçon. 

David reprit son stylo et s’efforça d’écouter avec plus d’attention. Son amie en fit de même. Ils ne parlèrent plus le reste de l’heure, mais Alice jeta de fréquents regards éloquents au billet qui trônait toujours sur la table de David. Le jeune oméga fit semblant de ne rien remarquer. 

À la fin de cours, cependant, il ramassa soigneusement l’un des deux billets et le glissa dans son manuel d’histoire. 

On ne savait jamais. 

 

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Cendrillon (bxb) [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant