Chapitre 9

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David regarda tout autour de lui avec curiosité. La demeure de la meute Leroy était l’endroit le plus luxueux qu’il n’ait jamais visité. La bâtisse était dotée d’une élégante façade néoclassique. Les immenses fenêtres étaient toutes allumées et on apercevait des silhouettes évoluer au rez-de-chaussée. La porte d’entrée gardée par un domestique était grande ouverte. 

Le petit oméga traversa timidement la longue allée bordée de buis qui menait au perron. Il montra son carton d'invitation au domestique qui s'efface pour le laisser entrer. Un autre lui indiqua la direction du salon. 

David se sentait extrêmement intimidé. L'immense pièce était remplie d'une bonne centaine de convives tirés à quatre épingles. Les hommes portaient tous des costumes aussi élégants que le sien. Les tenues des jeunes filles étaient plus diverses, de la tenue noire courte classique à l'immense robe à dentelles. Quelques domestiques passaient distraitement entre eux pour proposer des boissons dans des verres à pieds en cristal. 

David n’était jamais allé à une soirée telle que celle-ci. À vrai dire, il était âgé de sept ans la dernière fois qu’il s’était rendu à une fête, pour l’anniversaire d’un de ses camarades de classe. Ils n’avaient été qu’entre garçons et avaient passé la première moitié de l’après-midi à jouer à chat, déguisés en cowboys. Puis ils avaient dégusté un énorme gâteau au chocolat. Enfin, les parents de son camarade avaient accroché une piñata remplie de bonbons que les enfants devaient crever à coups de bâton. L’un des garçons avait raté la cible et avait accidentellement frappé David à la tête. Ce dernier avait pleuré à chaudes larmes jusqu’à l’arrivée précipitée de son père. 

Par la suite, Mme Dubois n’avait plus jamais laissé son beau-fils se rendre à la moindre fête, et surtout pas à celles qu’organisait Lucille… Apparemment, les soirées ne ressemblaient pas vraiment à des goûters d’anniversaire. En tout cas, personne n’était déguisé et il n’y avait nulle trace de piñata, ce qui valait sans doute mieux pour son crâne. 

David se tordit nerveusement les doigts, espérant bientôt trouver Alice. Il ne se sentait pas du tout à l’aise et ne savait pas de quelle façon il convenait de se comporter. Il rasait les murs en jetant des regards inquiets aux alentours. Il ne devait surtout pas tomber par accident sur sa belle-soeur ! 

Soudain, il aperçut Christophe et s’arrêta net. L’alpha était tout simplement magnifique. Il portait un costume clair sans prétention, accompagné d'un simple nœud papillon en soie noire. Cela dit, à bien y réfléchir, Christophe aurait été beau même vêtu de guenilles. Il faisait partie de ces personnes supérieures que la nature semblait avoir pourvues de tous les dons. Tout le contraire de lui qui n’était qu’un misérable petit oméga mâle sans charme aucun, quoi qu’en dise Floris. 

David recula de trois pas. Il ne pouvait pas. Il en était tout simplement incapable. Il avait été stupide de s’imaginer qu’il pourrait aborder Christophe Leroy au beau milieu d’une fête donnée en son honneur alors qu’il n’y était jamais parvenu au lycée. Non, non, non. Il allait se cacher quelque part et… 

— Ah, te voilà ! s’exclama une voix enjouée dans son dos. 

Le jeune oméga fit face à Alice. Son amie était ravissante dans une petite robe blanche en dentelle qui mettait en valeur sa peau noire. Elle s’était pour une fois maquillée et observait David en plissant les yeux. 

— Où as-tu déniché ce costume super sexy ? demanda-t-elle avec étonnement. 

— Hm, je te le raconterai plus tard, marmonna le jeune homme qui ne voulait pas aborder la question de son mystérieux parrain. Commençons pas sortir d’ici, s’il te plaît. 

Alice lui jeta un regard suspicieux. 

— Tu ne devais pas aller séduire ton cher Christophe ?  

David regarda ailleurs. La musique lui semblait de plus en plus forte et il avait mal aux oreilles. 

— Je… je le ferai un autre jour. 

Son amie mit les mains sur les hanches, courroucée. 

— David Dubois, serais-tu en train de te défiler ? 

L’oméga continua à éviter son regard avec soin. 

— Hum… Non, pas du tout, marmonna-t-il en contemplant le sol parsemé de miettes de chips comme s’il s’agissait du parquet le plus intéressant qu'il n’ait jamais vu. 

Alice l’attrapa par le bras d’une poigne ferme. 

— Tu vas aller voir Christophe, ordonna-t-elle. Ou je le ferai pour toi et je lui dirai que tu es fou amoureux de lui. 

David releva la tête, effrayé. 

— Tu n’oserais pas ? s’épouvanta-t-il. 

Son amie ricana. 

— Bah tiens, comme si j’allais me gêner ! Allez hop, j’y vais ! 

David lui attrapa le bras. 

— Non ! Arrête ! Je… je vais y aller moi-même. 

Alice lui jeta un regard suspicieux. 

— Vraiment ? 

Le jeune homme hocha fermement la tête. 

— Si je ne le fais pas, je le regretterai toute ma vie, n’est-ce pas ? 

Son amie approuva. 

— Je crois bien que oui. Va te battre pour l’homme que tu aimes. 

Le petit oméga avala péniblement sa salive et fit un pas en avant, les jambes en coton. Christophe était à l’autre bout de la pièce, non loin du buffet. Il était à l'instant miraculeusement seul, ce qui n'allait sans doute pas durer longtemps. 

"Je peux le faire ", s’encourage David. "Il me suffit de m’approcher de lui et de lui dire… de lui dire… "

À vrai dire, il avait l’esprit entièrement vide et n’était absolument pas certain de réussir à prononcer le moindre mot en présence de Christophe Leroy ! Il n’allait réussir qu’à se ridiculiser et n’oserait plus jamais se rendre au lycée !  

Paniqué, David regarda en arrière et croisa le regard d’Alice. Son amie lui jeta un regard si féroce qu’il détourna aussitôt les yeux pour regarder à nouveau vers l’avant. Il n’avait pas d’autre choix que de devoir continuer à avancer. Voilà, il n’était plus qu’à quelques mètres de Christophe. Peut-être pourrait-il lui parler de recettes au lait de soja ? Oui, c’était après tout un sujet de conversation comme un autre. 

Deux choses se passèrent alors simultanément. David se prit les pieds dans une canette jetée sur le sol alors que la lumière et la musique s’éteignirent soudain en plongeant la fête dans l’obscurité. Battant des bras dans un vain espoir de retrouver son équilibre, le jeune homme se sentit partir en avant et atterrit entre deux bras musclés qui le retinrent par réflexe. 

Cendrillon (bxb) [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant