Cendrillon (bxb) [terminée]

Chapitre 13

Le lundi matin, David se fit accueillir au lycée par une Alice furibonde. Sa meilleure amie l'avait inondé de SMS tout le dimanche pour savoir ce qui s'était passé avec Christophe et pourquoi il avait brusquement disparu sans l'avertir. David lui avait simplement répondu qu'il lui en parlerait de vive voix. Il ne pouvait pas sortir cette après-midi là, de toute façon. Mme Dubois l'avait privé de sortie suite à la méchanceté qu'il avait jetée sur Lucille. 

— Ah te voilà, toi, dit froidement Alice. Je suis heureuse que tu daignes te souvenir de mon existence. 

Le jeune oméga l'attrapa aussitôt par le bras pour la tirer à l'écart, sous un escalier condamné que personne n'empruntait jamais. 

— J'ai à te parler ! chuchota-t-il fébrilement en entortillant ses doigts dans un trou de son écharpe. 

Son amie haussa un sourcil. 

— Cela a-t-il un rapport avec ta mystérieuse disparition durant la panne de courant alors que tu te dirigeais d'un pas peu décidé vers l'homme de tes rêves ? 

David regarda tout autour d'eux pour s'assurer qu'ils étaient bien seuls. 

— C'est possible, admit-il, soudain un peu gêné. 

Sous la pression d'Alice, il finit par tout lui raconter. 

— Oh David, c'est merveilleux ! s'enthousiasme la jeune fille lorsqu'il referma la bouche. Le coup des billets, je suis sûr que c'est à cause de toi ! Christophe a dû tomber sous ton charme et… 

L'oméga secoua fermement la tête. 

— Non… Je suis un mâle… 

Alice lui enfonça un doigt au niveau du nombril. 

— Le véritable amour ne se préoccupe pas de ce genre de détail futile, espèce d'idiot ! 

David se massa le ventre en lui jetant un regard de reproche. On n'avait pas idée de frapper aussi fort ! 

— Il ne sait même pas qui je suis… 

Son amie semblait avoir réponse à tout. 

— Il te suffit d'aller lui parler et le problème sera vite réglé ! 

— Mais… mais… 

Ils furent interrompus par la cloche et s'empressèrent de filer en cours de français. 

Pendant la pause déjeuner, ils reprirent leur conversations et décortiquèrent à mi-voix le baiser dans ses moindres détails. 

— … et sa bouche était pressée comme cela, acheva David en touchant sa lèvre inférieure. 

Il se sentait rougir rien qu'à y repenser. 

— Il y a mis la langue ? voulut savoir Alice. 

Le jeune oméga hocha la tête en rougissant de plus belle et son amie leva le poing en signe de victoire. 

— Cela me semble avoir été un sacré baiser, conclut-elle sur le ton d'une spécialiste de la question. 

Mais David savait qu'elle n'avait embrassé de toute sa vie que deux garçons. Le premier en CM2, suite à un défi idiot. Et le second lors d'une soirée, sans que ce geste ne débouche sur aucune relation suite à cela. David était presque à égalité avec elle, maintenant. 

Ils mangèrent leurs desserts en silence. David observait Christophe. Ce n'était pas facile, ce jour-là et il devait se pencher sur le côté. Une foule de jeunes filles ne cessaient de tourner autour de lui. Toutes espéraient sans doute recevoir le fameux billet. Les rumeurs qui circulaient dans le lycée affirmaient cependant que le futur chef de meute ne s'était approché de personne jusqu'à présent. Mais peut-être l'avait-il fait en secret. 

— On dirait des mouches tournant autour d'un morceau de fromage, commenta Alice en épluchant sa clémentine. 

— Ne compare pas Christophe à un morceau de fromage ! s'indigna David. 

Son amie ricana. 

— Oh, pardon d'avoir insulté ton prince charmant sans peur et sans reproche. 

Le jeune oméga grogna sans rien répondre. Ils terminèrent rapidement leur déjeuner. 

— Je te rejoins, dit David à Alice en enfilant son écharpe autour de son cou. J'ai un livre à emprunter à la bibliothèque. 

Ils se séparèrent à la sortie de la cantine et le jeune oméga hâta le pas. Il atteignit rapidement son but et s’avança dans la bibliothèque en souriant légèrement. Il se sentait toujours heureux d’être entouré de rayonnages couverts d’ouvrages qui lui rappelaient la partie heureuse de son enfance. Il leva le bras et laissa sa main courir le long des dos des livres. Le jeune homme se trouvait dans le rayon fantasy qui était son préféré. Il n'y avait pas beaucoup de choix, mais David n'avait pas les moyens financiers d'acheter des livres. 

Une odeur familière lui fit soudain lever la tête et il écarta deux livres pour observer ce qui se passait de l'autre côté du rayonnage. David s’arrêta net, le cœur battant. Christophe Leroy était assis dans un recoin. Alors qu’il était habituellement entouré d’amis, il se trouvait ce jour là parfaitement seul. 

Le jeune oméga hésita un long moment, gonflant et dégonflant les joues pour se donner du courage. 

Tu peux le faire. C'est le moment au jamais. Fonce ! 

Et il fonça. Puis s'arrêta, recula de quelques pas, se traîta d'idiot. Puis avança à nouveau mais plus lentement. 

— Hum… Christophe ? demanda timidement David avant de se dégonfler à nouveau. 

L’alpha leva des yeux polis vers lui. 

— Oui ? 

Il observait David sans expression particulière, n’ayant apparemment aucune idée de son identité. 

L’oméga alla s’asseoir sur le fauteuil en face de lui. Ses mains tremblaient et il se demandait s’il ne serait pas plus raisonnable de s’enfuir au courant. Voire de sauter par la fenêtre. Il n'était qu'au premier étage. 

— C’était moi, déclara-t-il à toute allure. 

Comme Christophe semblait toujours aussi perplexe, il jugea utile de donner davantage de précisions. 

— À la fête. Le… le baiser. Je veux dire… Hum… Je… je ne suis pas une fille. Je suis un oméga. Je ne sais pas si je peux porter des enfants parce que je n’ai jamais fait le test, mais… 

Il referma précipitamment la bouche. Ce n’était sans doute pas encore le moment de parler d’enfants ! 

— Bref, poursuivit-il en se tordant les doigts, je… Euh… 

Timidement, il releva les yeux pour observer Christophe. Le visage de l’alpha s’était figé et il eut l’impression d’avoir reçu un violent coup dans la poitrine. 

"Il est horrifié", se désola David. "Il ne veut effectivement pas d’un mâle". 

Les larmes aux yeux, il sauta sur ses jambes et se précipita hors de la bibliothèque avant de fondre en larmes devant Christophe Leroy.