Cendrillon (bxb) [terminée]

Chapitre 2

- Tu as des cernes épouvantables, commenta Alice Koffi tandis qu'ils sortaient ensemble de leur salle de cours pour se diriger vers la cantine. 

- Je n'ai dormi qu'une heure ou deux, avoua David en se frottant les yeux. Je devais boucler ma dissertation.

Il avait rendu son travail dans les temps mais savait qu'il n'en tirerait qu'une note médiocre.

Alice s'arrêta net et posa les mains sur ses hanches. Surpris, David faillit lui rentrer dedans.

- C'est encore ta belle-mère, n'est-ce pas ? Elle t'exploite et toi tu ne dis rien !

Le jeune homme détourna le regard.

- J'avais aussi du retard dans mes devoirs, marmonna-t-il.

Sa meilleure amie secoua ses longs cheveux noirs tressés. Ils étaient parsemés de perles argentées qui brillaient sous les néons du couloir.

- Tu devrais arrêter de te laisser faire ! Tu n'es pas un esclave !

- Je suis un oméga, soupira David.

Il avait prononcé cette dernière phrase à voix très basse et après avoir jeté un regard inquiet autour d'eux. Au lycée, il cachait soigneusement sa véritable nature et se faisait passer pour un bêta. Il ne voulait surtout pas devenir un objet de moquerie ou de convoitise pour les alphas. Pour autant qu'il sache, s'il y avait quelques filles de cette nature, il était le seul oméga mâle de tout le lycée.

Les omégas étaient généralement considérés comme des "bons coups". Les alphas, surtout, aimaient les entraîner dans leurs lits. S'ils gardaient souvent à leurs côtés les filles, ils n'en faisaient presque jamais de même avec les omégas mâles. La majorité de ces derniers ne pouvaient en effet porter d'enfant et les alphas étaient obsédés par leur progéniture. Il existait un examen médical permettant de déterminer la fertilité d'un oméga. David ne l'avait pas passé. Il coûtait cher et n'était pas remboursé par la sécurité sociale. Jamais Mme Dubois n'aurait accepté de le financer. Chaque sou dépensé pour son beau-fils la rendait malade.

- Ça ne change rien, assura Alice d'un ton las. Les omégas sont des êtres humains, eux aussi.

Ce n'était pas la première fois qu'ils avaient cette conversation et elle se terminait toujours de la même façon. David ne pouvait pas s'opposer à sa belle-mère. Où irait-il si elle décidait de le mettre à la porte ? Ses grands-parents n'étaient plus de ce monde et il n'avait à sa connaissance ni oncle ni tante qui pourraient le recevoir.

Ils continuèrent leur route en silence. Alice boudait et David était trop fatigué pour relancer la conversation. Il bailla tandis qu'ils faisaient la queue pour récupérer leurs plateaux pour le réfectoire.

Ils s'installèrent à leur place habituelle dans la cantine. David essayait toujours de s'asseoir à cet emplacement précis car il lui permettait d'être caché par un pilier et de pouvoir observer discrètement Christophe Leroy.

Christophe était un alpha de terminale et n'était pas moins que le fils aîné et héritier du chef de meute Georges Leroy. De haute stature, il avait de beaux cheveux bouclés châtain clair et d'incroyables yeux verts d'eau. Pour autant, il ne semblait jamais faire preuve d'arrogance. On le voyait souvent en train de sourire ou de se montrer aimable.

David était éperdument amoureux de lui depuis son premier jour au lycée, depuis qu'il l'avait croisé pour la première fois et avait senti sa merveilleuse odeur. Dans les couloirs, il ne pouvait s'empêcher de le chercher du regard et considérait comme ratée une journée au cours de laquelle il n'aurait pas réussi à le croiser à un moment où à un autre. La perspective de savoir que l'alpha quitterait le lycée à la fin de l'année scolaire le remplissait déjà de désespoir.