Chapitre 12 ❝Gabriel❞

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⫯ ❝Gabriel❞

On était heureusement, pas venu en retard au cours. Adé est partit dans son cours d'anglais et Lucien et moi dans notre cours d'ECR.

Habituellement, je m'endormais pendant ses cours. Entendre la prof parlait de Bouddha ou j'sais plus trop qui, ça ne m'intéresse pas du tout. Mais cette fois, j'avais pas du tout piquer du nez.

J'avais certainement pas écouté tout le cours, mais j'avais suffisamment suivi pour réussir à me faire un résumé de ce que le prof avait dit et me le répéter.

Un jour, un ange est descendu sur Terre. Il était parti vers l'entrée d'une grotte, ou le prophète Mahomet était et lui avait simplement dit, et répété encore et encore "Lis". (Bon, ouais j'admet j'ai manqué un bout d'explication, mais je suis fier de moi d'avoir réussi à suivre deux minutes d'un cours - pour la première fois de ma vie.)

Le professeur a ajouté que sans la venue de cet ange, jamais l'aventure de Mahomet aurait eu lieu.

L'ange s'appelait Gabriel.

Les histoires des prophètes, des dieux et d'autres trucs ne m'ont jamais intéressé, mais pourtant, cette fois, regardant les étoiles depuis la fenêtre de ma chambre, je n'arrêtais pas de me répéter cette histoire.

Je pensais à Gabi.

Pas pour son nom - enfin si un peu - mais juste parce que ces temps-ci je pense trop à lui.

Je soupire en me rallongeant sur mon drap.

J'ai pas hâte à demain. On aura entraînement de foot et je sais que plusieurs de mes coéquipiers me bombarderont de questions à propos d'hier soir, ce dont je n'ai vraiment pas envie.

En espérant juste que tout se passera bien.

S'est devenu une sorte de tradition de partir à chaque temps de pause dans la cour de l'école, sous le cerisier libre, à regarder le ciel avec Adé et Lucien et pendant le midi, partir voir le lac qui était dans la forêt à deux minutes du collège.

Le garçon aux cheveux noirs s'occupait toujours comme un enfant ; fabriquait des bateaux en papier, dessinait la mer et même des fois lire des articles sur la pêche.

Lucien ne faisait que regarder le ciel, les mains toujours plongées dans mes cheveux. Au début j'avais trouvé ce genre de touché bizarre, c'est vrai quoi ! une personne qui vient et te caresse la tête sans que tu lui demandes n'est pas totalement normale, non ? Mais maintenant j'apprécie ce genre de contact. Surtout que mon ami n'est pas le genre à avoir le profil parfait du gars beaucoup trop tactile et pervers.

Enfin je pense...

En même temps il a l'innocence d'un bébé de deux ans, au point que j'ai d'avance de la pitié pour lui quand on fera les cours de reproduction humaine - 'fin, j'ai surtout vraiment pitié pour la pauvre prof de science... avec de pareilles immatures dans la classe, j'pense pas qu'elle quittera les cours avec les souvenirs d'une belle journée joyeuse.

Pendant qu'Adé était tranquillement en train de jouer dans son coin, Lucien me pose cette question qui me fit froncer les sourcils :

-Aitor, rassures moi, pour hier quand j'ai prétendu être amoureux de toi, tu l'étais ou non ?

Quoi répondre à cette question...

Nous n'allons encore pas passer par quatre chemin, petit Aitor.

Tu ne t'ai jamais intéressé à l'amour, l'amour t'a toujours dégouté et voir des gens s'embrasser te donné envi de vomir.

Tu n'as jamais eu de cible amoureuse, et tu en auras jamais parce que l'amour te donne envie de gerber - encore.

Tu t'ai promis étant petit, de ne jamais tomber amoureux parce que tombé amoureux signifie se marier, avoir une blonde, avoir des gosses - berk -, et vivre malheureux pour le restant de tes jours.

(Qui est le con qui a dit "Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants" ? Cette phrase est fausse du début jusqu'à la fin.)

Et finalement, faut l'admettre, Lucien est adorable, avec sa petite bouille innocente et ses grands yeux noirs, mais tu ne t'intéresse aucunement à lui - par amour. (Enfin je pense.)

J'avais finalement décidé de répondre par la réponse que je pensais être la plus honnête :

-Non.

Par mon manque de mot et de sentiments dans ma réponse, j'avais cru qu'il allait se sentir mal, pleuré ou n'importe quoi - bah oui s'est possible qu'il a prétendu que la blague d'hier était fausse mais en réalité elle ne l'était pas - mais il se contente de pousser un profond soupir de soulagement.

-Fiouf, ça me rassure... je ne sais pas comment j'aurais réagi si tu étais réellement amoureux de moi...

-Mais non, t'en fais pas, j'suis pas le genre à toujours courir après l'amour et à pleurer toutes les nuits en disant : Ouiiiin, personne ne vas jamais m'aimer ! j'suis trop nuuuul !!

Il éclata de rire.

-Ça c'est sûr !

Mon ange GabrielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant