Quelques mois plus tôt
Devant la porte automatique, je reste à une distance nécessaire pour ne pas enclencher le mécanisme. Je suis en avance comme toujours. Une mauvaise habitude que je jure de ne pas réitérer à chaque fois, mais qui revient toujours.
Je respire un grand coup et me remémore ce que j'ai lu la veille au soir sur internet afin de bien me préparer. Je lève les yeux pour observer le haut de ce bâtiment recouvert de vitre. Je me vois forcée de me protéger des rayons de soleil qui s'y reflètent pour mieux observer le logo de l'entreprise. Il n'est pas très original, un combiné de téléphone bleu à l'ancienne dont le fil forme un nuage autour. Je ne sais pas qui leur a fait ce logo, mais j'espère qu'ils n'ont pas investi des millions pour obtenir ce résultat.
Bref... Je me concentre de nouveau. Je devrais être aux anges d'avoir enfin un entretien inespéré au sein de cette entreprise. Je n'y arrive pourtant pas. Voilà des mois, même plusieurs années que je cherche un emploi fixe dans ma branche, mais rien... plus de quarante entretiens et rien. Toujours les mêmes phrases qui se répètent : « vous avez trop de diplômes » ou « vous n'avez pas assez d'expériences ». Il est clair que c'est un cercle vicieux. Même ma conseillère pôle emploi ne me demande plus de me déplacer. Elle n'a toujours pas compris l'intitulé de mon diplôme et me répète à chaque fois que je ne corresponds à aucun critère de leur recherche informatique. Évidemment à la fac de biologie, ils ont bien oublié de mentionner la partie « difficulté à rentrer dans les cases de recherche d'emploi » au début du cursus. On nous promettait plutôt une carrière avec négociation de salaire à chaque opportunité... Surement, mais où sont les opportunités ? Je ne les ai toujours pas trouvées. Attention je ne dis pas que je n'ai pas travaillé dans des laboratoires de recherche comme je le souhaitais, mais seulement des contrats de courtes durées, remplis de promesses sans jamais les voir.
Aujourd'hui, j'ai donc décidé de passer à autre chose. Je change de voix. Je ne sais pas encore laquelle, mais je ne peux plus rester à attendre un travail de rêve qui n'arrivera pas. J'ai donc un entretien dans un centre d'appel pour je ne sais quelle marque de téléphonie ou autre. Je ne souhaite évidemment pas faire carrière ici, mais en attendant de trouver ma voie, j'ai besoin d'un salaire. La seule chose qui me motive, c'est qu'on parle aujourd'hui d'un CDI. Vous vous rendez compte un CDI ! Ce serait une chance pour moi. Je n'ai de toute façon plus le choix. Je n'arrive plus à subvenir à mes besoins et je suis à la fin de mes droits Assedic. N'ayant personne pour m'épauler financièrement, je pourrais très vite me retrouver à la rue. Donc à la question est-ce que je suis là par plaisir ? Non évidemment. Cela reste de la survie comme la plupart des gens. Il ne reste maintenant plus que quelques minutes avant l'entretien, je peux donc passer la porte et chercher mon interlocuteur pour être enfin fixé sur mon avenir.
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Assise sur une chaise fort confortable malgré tout, je regarde stupéfaite les personnes qui entourent ce cercle de tables. Tous ont l'air déterminés et motivés à défendre leur place et à expliquer de la manière la plus claire possible leur envie de faire carrière au sein de l'entreprise. Je reste sidérée par ce que j'entends. Tout d'abord, installée depuis seulement trente minutes dans cette salle, je me remets de l'idée d'« entretien collectif ». Je n'étais pas au courant que le recrutement se ferait de cette manière et de façon massive, car à priori ils ont besoin de monde, mais ils restent tout de même sélectifs. Plusieurs personnes ont d'ailleurs déjà quitté l'entretien, ils n'ont à priori pas charmé au premier contact. Nous avons donc dû remplir une feuille standard pour la récolte d'informations de base. Je note tout de même qu'il demande une copie du casier judiciaire. Je suis surprise, mais bon... blanche comme neige donc aucun souci de ce côté-là.
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Panique au bout du fil
General FictionMélanie doit revoir son plan de carrière rapidement car les fins de mois deviennent difficiles avec ses maigres revenus. Elle finit par décrocher un entretien dans un centre d'appel qui va lui ouvrir ses portes pour une durée indéterminée. Inespéré...