Chapitre 8*

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La sonnerie lointaine de mon téléphone me sort de mon sommeil. Un seul geste me rappelle ma consommation excessive d'alcool la veille et le bourdonnement incessant à la tête me permet d'évaluer une journée bien difficile. Tentant de l'ignorer tant bien que mal, je me cache sous la couette jusqu'à la fin de la sonnerie. Peine perdue, elle reprend presque aussitôt. Dans un effort qui me semble surhumain, je parviens à l'attraper.

— Hmm...

— Salut Mél ! Alors cette soirée ?

— Bien... grogné-je, tentant de faire comprendre à ma meilleure amie que j'aimerai quelques heures de sommeil en plus.

— Il va falloir être bavarde. Raconte-moi tout vite, il ne me reste pas beaucoup de temps avant la fin de ma pause déjeuner...

— Ta pause quoi ? crié-je presque dans le téléphone. Quelle heure est-il ?

— 13 h 30...

— Merde ! Bye !

Sans préambule, je coupe la conversation. Ma journée de travail commence dans trente minutes et je suis loin d'être prête. Je me dépêche à m'activer tant bien que mal pour arriver à l'heure.

La paume de ma main sur le front, je bloque l'écran de mon ordinateur. Voilà plus de deux heures que je suis arrivée. J'ai réussi à être à l'heure, mais à quel prix ! Mon état est pitoyable et ma gueule de bois doit clairement se lire sur mon visage. Mon client au bout du fil me bassine avec son ancienneté et le manque de considération. J'ai envie de lui répondre « eh chéri, avec le forfait à deux euros par mois que tu as depuis dix ans, tu crois vraiment que je vais t'offrir le dernier iPhone ». Au lieu de ça je reste professionnelle et lui fais un tarif imbattable sans exagérer quand même. Il a eu de la chance de tomber sur moi. Après une énième négociation, il finit par accepter mon offre et je mets fin à la communication. Mon cerveau ne supportera pas un appel supplémentaire. J'appelle mon sup pour valider une pause.

— Rémi à l'écoute...

Eh merde... Comme une idiote, je raccroche. S'il y a bien une personne que je ne veux pas voir ni entendre, c'est bien lui. Je n'ai toujours pas décoléré de la veille. Qu'il aille se faire voir.

— Tu voulais quelque chose peut-être, me lance-t-on dans le dos.

Je me retourne pour me retrouver face au dit sup. Décidément, le sort s'acharne...

Je m'apprête à me remettre disponible pour les appels quand il tend la main pour me déconnecter.

— Je crois qu'une pause s'impose.

— Je n'ai pas envie maintenant, le défié-je.

— J'aimerais te parler Mélanie. Soit je te convoque, soit tu viens avec moi en pause, c'est toi qui vois.

Je lui lance un regard noir, bien décidée à ne pas me laisser faire, mais je n'ai d'autre choix que de le suivre. Son comportement de la veille ne m'a pas du tout plu et je ne souhaite pas vraiment revenir dessus. Il m'a prise de haut, montrant son statut de supérieur sans raison et pire sans prendre en compte la demande de mon client. Sans enthousiasme, je le suis jusqu'à l'extérieur devant le bâtiment. Peu de personnes sont en pause à cette heure-ci.

— Qu'est-ce que tu veux ? lui craché-je presque.

— OK, OK !, commence-t-il en levant les bras au ciel. Je sens que ce n'est pas un bon jour... Tu as une sale tête, la soirée s'est bien passée, j'imagine...

— Désolé de t'interrompre, mais j'ose espérer que tu ne m'as pas fait descendre pour parler de ma vie privée, car je t'arrête tout de suite, ça ne te regarde pas. Maintenant, si tu veux parler de mon « boulot », je t'écoute.

Panique au bout du filOù les histoires vivent. Découvrez maintenant