Chapitre 18*

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Ce matin, Sam m'a traîné dans les boutiques pendant des heures. Elle a un mariage dans quelques semaines et elle a insisté pour que je l'accompagne choisir sa tenue. D'après ce que j'ai compris elle va assister au mariage de l'un de ses ex, mais qui est aussi le mariage de sa cousine. Elle cherche une tenue soft pour éviter de se faire remarquer. Je ne comprends pas pourquoi, elle veut s'y rendre d'ailleurs. Elle m'a certifié être très proche de sa cousine, mais à priori, c'est plus du marié qu'elle a été proche. Décidément, elle m'étonnera toujours. Nous nous rendons tout de suite au travail après notre marathon de la mode duquel nous sortons avec plusieurs tenues pour chacune, mais aucune pour le mariage.

Pour ma part je suis ravie de mes achats : une petite jupe volante avec un pull noir col en v affichant un décolleté très léger. Parfait pour le printemps qui arrive.

La journée de travail est longue presque sans fin. Nous ne sommes pas sur des postes voisins avec Sam. À notre arrivée, il n'y avait que très peu de place. Avant une pause, je décide de prendre un dernier appel :

— Alipro bonjour, Mélanie à votre écoute...

Observant l'écran du téléphone, je me rends compte que le numéro est inconnu. Je m'apprête à raccrocher quand j'entends la voix de Sam.

— Je t'appelle de mon poste, je suis malade, je pense que le sandwich de midi avait un problème. Je crois que tu peux te féliciter d'avoir pris une salade. Bon courage.

Sans attendre de réponse de ma part, elle coupe la conversation. Je reste bloquée à fixer mon téléphone. Je ne savais même pas qu'on pouvait s'appeler entre nous sur nos postes de cette manière... en numéro masqué... ça je ne m'y attendais pas. Se pourrait-il que la personne qui passe tous ces appels soit un employé d'ici ? Le doute monte et l'angoisse aussi.

À minuit, je me déconnecte soulagée de quitter les lieux. En sortant, je réalise que ni Sam ni Rémi qui ne travaille pas aujourd'hui, ne pourront me raccompagner. Je déglutis bruyamment et prends enfin mon courage à deux mains pour continuer ma route avec pour seule lumière, l'éclairage public basse énergie.

Est-ce ma situation qui fait que ma peur est plus grande ce soir ou est-ce qu'il y a vraiment quelqu'un qui me suit ? Je n'arrive pas à savoir et je finis par sortir mon téléphone, je sais que c'est ridicule, mais je me sentirai mieux en étant en communication. Instinctivement je tape le numéro d'Alice sans me soucier de l'heure tardive, mais évidemment elle ne répond pas. J'accélère le pas pour me rapprocher le plus vite possible de mon bâtiment. Je suis ravie de voir que le café en face de mon immeuble est rempli, certainement pour une soirée spéciale et plusieurs personnes sont dehors à prendre leur dose de nicotine. Rassurée, je ralentis le pas et rentre dans ma résidence où je me sens immédiatement en sécurité.

Je ferme ma porte à double tour et m'avachis sur mon canapé où je vais certainement finir ma nuit vu mon état. Je ne cesse de repenser à l'anonymat des appels internes au sein de l'entreprise. Se pourrait-il vraiment que ce soit quelqu'un de là-bas ? Je suis sortie de mes pensées par la sonnerie de mon téléphone fixe qui me fait sursauter. Je saute sur le combiné pour ne pas ameuter tout l'immeuble à cette heure tardive et persuadée que c'est Alice qui me rappelle inquiète... mais ce n'est pas le cas.

— Ouais ! Beh alors tu en as mis du temps à me rappeler, lancé-je direct pour la rassurer.

...

Personne ne répond, c'est le silence ou presque, comme à chaque appel étrange, j'entends une respiration lointaine, saccadée. Je raccroche immédiatement et attrape mon portable pour composer le premier numéro qui me vient en tête après Alice.

— Allo ? Mél ?

— J'ai eu un appel chez moi... expliqué-je, paniquée.

— Ok attend une seconde.

J'entends Rémi bougeait et ouvrir une porte pour enfin reprendre l'appel :

— Comment ça chez toi ? enchaîne-t-il.

— Sur mon fixe...

— Merde, sérieux ? T'es où là ?

— Chez moi, enfermée, je ne risque rien. Il y a une alarme et j'ai un gardien de nuit, tenté-je de le rassurer.

Je lui relate rapidement ma découverte du jour pour les appels internes dans l'entreprise et ma panique est de plus en plus audible.

— Tu veux que je vienne...

— Non, je le coupe, je ne savais pas qui appeler... j'ai paniqué... Je suis désolée.

— Pas de soucis... Pose-toi tranquillement, respire, on va parler un peu ok ?

— Ok... soufflé-je.

Nous discutons tout un moment. Il n'arrête pas de changer de sujet passant de la soirée de l'autre soir au client désagréable qu'il a eu la veille. Je le remercie intérieurement de m'occuper l'esprit.

— Je vais devoir te laisser, je suis en t-shirt sur mon balcon et crois moi il ne fait pas chaud, se marre-t-il.

— Je suis vraiment désolé de pourrir ta soirée...

— T'inquiète, je suis content que tu aies appelé. Tu vas dormir et on verra demain ok ?

Après cet appel, je me sens un peu mieux et je finis par m'endormir au bout d'une heure.

Le lendemain, Rémi me convoque dès mon arrivée pour signaler les appels en interne à notre hiérarchie. On nous dirige évidemment vers le service informatique pour voir s'il est possible de retracer les appels anonymes reçus. Malgré leur bonne volonté et mon excellente mémoire concernant la date et l'heure des appels, aucun traçage n'est possible.

Je suis toujours dans l'incertitude et dans la peur d'en recevoir un autre à chaque nouveau bip. 

Panique au bout du filOù les histoires vivent. Découvrez maintenant