Chapitre 16

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    - J'ai hyper hâte de rencontrer tes parents, ils ont l'air fun !

    - Ma vieille va pas me lâcher avec mes cheveux, elle va être encore plus chiante que d'habitude.

    - Le respect envers la génération antérieure c'est pas trop ça, à ce que je vois...

    Je me retiens sautiller partout et le suis sur le chemin de son domicile. Les mains enfoncées dans les poches, sa veste jetée négligemment en travers de son épaule, il n'a pas l'air pressé de rentrer chez lui. Mais c'est parce qu'il sait. Il sait que moi aussi je vais être insupportable et que je vais m'allier à ses parents pour lui mener la vie dure. Il sait qu'avoir accepté que je m'incruste n'était clairement pas la meilleure idée qu'il ait eue. Mais c'est trop tard, maintenant, mon Katsu ! Tu n'as plus aucune échappatoire !

    - Il est sympa ce quartier, dis-je en observant la route pavée et les arbres parfaitement taillés. C'est moins chouette, dans le mien.

    - Hm. T'habites où, toi ?

    - Pas loin de l'ancienne gare. Ça craint un peu, mais je suis dans la zone pavillonnaire alors ça va.

    - J'traîne pas trop là-bas, j'connais mal, répond-t-il en haussant les épaules. Tu t'es jamais fait trop embêter ?

    - Ma mère s'est déjà pris des remarques déplacées, elle a eu affaire à quelques ivrognes et camés, mais rien qui ne l'ait mise vraiment en danger. Moi, même si je suis jeune, mais avec mes cheveux teints, je me fais pas trop approcher. J'ai un look de punk, je me fais juger par les grands-mères que je croise ! Après ça m'est déjà arrivé que des racailles des bacs à sable vienne me racketter ou me tabasser, mais dès que j'ai appris à mieux me servir de mon alter, ça s'est calmé.

    - Tu t'es déjà battu ?

    - Ouais, quelques fois. On finissait avec un œil au beurre noir et des bouts de dent en moins...Pas incroyable, non plus. C'est moi, ou le grand Katsuki s'inquiète pour moi, je demande en lui accordant un rictus mi-moqueur mi-touché.

    - J'veux savoir s'il y a un danger permanent juste à côté de chez toi, c'est tout, réplique-t-il en soufflant sur une mèche verte qui lui tombait devant les yeux.

    - Danger permanent, t'abuse, je m'esclaffe en le regardant s'énerver après ses cheveux. Et puis, je suis un héros en devenir. Ce serait le pompon si j'arrivais pas à gérer les connards de mon quartier !

   - Ouais, faites gaffe quand même. Les coins comme ça sont pas toujours surveillés par les flics, ce serait pas ouf que tu te retrouves avec un couteau sous la gorge.

   Je retiens un petit rire devant le côté « maman poule » de Katsu et l'attrape par la manche pour qu'il s'arrête un instant. Il se tourne vers moi en arquant un sourcil. Je tends une main vers son visage et passe la mèche récalcitrante derrière son oreille. Surpris, il me dévisage alors que ses joues prennent une légère couleur rosée. Je lui souris et laisse inconsciemment mon regard dévier sur ses lèvres. Lorsque je m'en rends compte, le cœur battant à cent à l'heure, je relève brusquement les yeux pour croiser les siens, déconcertés mais toujours aussi intenses. Sa paume saisit délicatement la mienne, restée accrochée entre une mèche bleue et une jaune canari. Sans me lâcher du regard, il la porte à sa bouche et y dépose un baiser fugace. Une vague de chaleur me parcourt des pieds à la tête, autant brûlé par la sensation de ses lèvres sur ma peau que par ses pupilles incendiaires.

   - T'as ruiné mes cheveux, essaie de pas ruiner mon week-end non plus, râle-t-il en se remettant en route d'un pas pressé. Si on arrive en retard pour le déjeuner, ma daronne va pas m'lâcher.

Tuto: Comment transformer du yaoi en un pur bordel [Kiribaku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant