Chapitre 29

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    Je retiens difficilement un grelottement et m'assieds sur ce qui me semble être une souche d'arbre en attendant. Ma respiration forme des volutes de fumée blancs, témoignant de la fraîcheur qui s'est rapidement installée et je ne cesse d'allumer et d'éteindre nerveusement mon téléphone pour vérifier l'heure, qui, j'ai l'air de le découvrir, passe lentement. Je suis un peu con, l'air de rien. Comment j'en viens à me perdre dans ma propre école ? Il y a je sais pas combien de hectares de forêt, c'est un établissement scolaire ou un parc naturel ?!

    Un énième frisson me parcourt et je me recroqueville dans mon hoodie sans manches qui ne me protège pas de grand-chose. Je rallume mon téléphone et reste affligé devant l'heure qui n'avance pas et la batterie qui chute à grande vitesse. Je vais me faire bouffer par un ours, c'est sûr. Après c'est classe comme mort. On ne retiendra de moi que cet acte de bravoure et de solidarité qui a permis aux chochottes de la classe de ne pas décéder et mon combat ultime contre le guerrier ultime de la nature, un ours. J'aime bien, ça sonne bien.

    Ne supportant plus de rester immobile, je me relève et sautille sur place histoire de me réchauffer sans m'aventurer encore plus dans les recoins sombres de cette forêt. L'endroit est pas mal pour s'entraîner, quand on oublie l'obscurité quasi-complète et la température proche de zéro. Malgré mes orteils ankylosés, je décide de mettre à profit ce moment pour m'exercer un peu et vise une branche au niveau de ma tête d'un high kick. Touché. Je grimace l'instant d'après en sentant une douleur aux adducteurs, la faute à ma souplesse de piètre qualité. Mauvaise idée, les high kicks.

   Je me mets donc en garde, jambe gauche en avant, genoux légèrement fléchis, poings armés et alter activé. Les sens aux aguets, je me concentre sur le frémissement du vent dans l'épais feuillage et le grincement du bois, entrouvre la bouche pour respirer moins bruyamment puis pose mon regard alerte sur tout ce qui se trouve autour de moi. Ma vision s'habitue doucement à l'obscurité et je distingue de mieux en mieux les silhouettes imprécises des arbres et buissons. Ciblant un adversaire virtuel, droit devant moi, j'enchaîne directs et crochets, rajoute coups de coude et uppercuts quand l'envie m'en prend en soufflant entre mes dents serrées. Une fois mes muscles tendus, le froid perd de sa verve et ne me brûle plus autant.

   - Kirishima qu'est-ce que tu f...

   Pris par surprise, je fais volte-face, attrape ce que me semble être un bout de tissu et décoche mon plus beau direct droit...qui finit dans la paume de Katsuki. La lumière de son téléphone m'aveugle, mais j'aperçois pourtant le regard glacial dont il me gratifie. Il crispe ses doigts autour des miens avec force et un nuage de la fumée s'élève d'eux alors que je les sens chauffer peu à peu.

   - Je peux savoir ce que tu fous, demande-t-il en détachant clairement les syllabes.

   - Je t'ai pas entendu arriver, tu m'as pris par surprise ! Et lâche ma main, ça brûle !

   - Je t'ai appelé, c'est pas mon problème si t'as pas répondu. Et tu viens de m'agresser putain de merde, joue pas la victime !

   - J'étais sur mes gardes, tu peux pas me reprocher de vouloir me défendre ! Et éteins la lumière, j'ai les yeux qui pleurent !

   Il éteint la torche de son portable, nous plongeant de nouveau dans l'obscurité oppressante de la forêt. Après m'avoir collé ce flash dans la gueule, je risque plus de voir grand-chose ! La main toujours emprisonnée dans la sienne, je sens la chaleur monter jusqu'à devenir insoutenable. J'essaie de m'arracher à son emprise, mais il resserre sa poigne encore plus.

   - Pardon pardon, lâche-moi et je te fais un tiramisu aux petits oignons, je plaide. 'Fin non, mais je te fais un tiramisu qui sera bon. Bref t'as compris.

Tuto: Comment transformer du yaoi en un pur bordel [Kiribaku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant