Chapitre 26

412 40 72
                                    

    Je me jette sur mon lit dans une gracieuse position d'étoile de mer et contemple le plafond avec un sourire aux lèvres. Chose que je regrette instantanément quand une douleur soudaine me traverse des omoplates au bassin, m'obligeant à me recroqueviller. Il m'a éclaté ce con. Qu'on s'entraîne d'accord, mais qu'on me prenne pour un punching-ball à pleine puissance, déjà moins ! Je me suis pris un cocktail de Howitzer dans le dos, plus jamais je peux marcher comme avant.

   Je me retourne dans un couinement de ma part et de celle de mon lit et parviens à allumer ma lampe de chevet d'une main hasardeuse. J'ai des devoirs à faire et une motivation absolument inexistante. C'est beau la vie d'adolescent flemmard. Je jette un œil à mon sac de cours jeté négligemment dans un coin sombre de la pièce puis lui tire la langue avant de me détourner. Je ferai mon travail plus tard.

   L'alter de Trépied me revient soudain à l'esprit. Ce n'est pas un alter offensif mais il peut être très efficace en défense. Dans le cas d'une attaque d'un alter du type de celui de Todoroki, peut-elle dévier les flammes ou simplement n'est-elle pas affectée par celles-ci ? Et sur les alters qui laissent une trace dans le réel, comme celui de Yaoyorozu, par exemple. Peut-elle manipuler les objets qu'elle crée ?

   Lassé de ces questions sans réponse auxquelles je n'ai pas envie de réfléchir, je me lève en serrant les dents, le dos raidi et douloureux. Je passe ma tête par le rideau plus proche de la serviette de bain que de la tapisserie persane pour demander à Katsuki s'il est là. Enfin, qu'il soit là ou pas, je vais quand même squatter. Il est d'ailleurs allongé sur son lit lui aussi, un livre entre les mains, calme. Dire qu'il voulait ma mort il y a quelques heures à peine... Il semble si inoffensif, comme ça, une expression paisible flottant au visage.

   - T'entres ou tu stalkes juste, lâche-t-il sans bouger pour autant.

   - Les deux sont tentants, mais je pense que je vais entrer.

   Je laisse tomber le rideau dans un frottement discret et résiste à l'envie de me jeter sur lui pour épargner mon squelette souffreteux. Je laisse mon regard le détailler pendant qu'il n'a pas encore commencé à crier et insulter le monde entier, savourant chacun des détails de son physique. Il est vraiment beau, j'ai l'impression de le redécouvrir à chaque fois que je le vois. L'harmonie de ses traits, la finesse des reliefs de son faciès, la courbe de ses lèvres, l'ardeur de ses pupilles...posées sur moi.

   - Tu stalkes toujours là, fait-il remarquer en arquant très légèrement le sourcil.

   - Je profite de la vue, je réplique en lui faisant signe de me faire une place sur la couchette.

   - Et la vue te plaît ?

   - C'est pas mal, j'avoue.

   Voyant qu'il ne se décide pas à me faire une place, je m'avachis sur lui sous ses râlements protestataires. Après des commentaires du type « tu pèses ton poids » et « bouge, tu m'écrases les côtes » il laisse finalement tomber en soupirant et me laisse m'installer confortablement, niché dans ses bras. Je relève les yeux vers lui, mais tombe nez-à-nez avec la couverture du livre en gros plan. J'attrape de deux doigts l'ouvrage, le lui enlève lentement des mains pour le poser au pied du lit sans perdre la page et croise ses iris brillants qui me fixent d'une expression blasée.

   - Pourquoi te viens me faire chier alors que je lisais peinard, demande-t-il d'une voix traînante.

   - Parce que j'suis plus intéressant que ton bouquin, je réponds avec une moue qui se veut attendrissante.

   - T'as pris la grosse tête toi, réplique-t-il en me tapant sur le front du bout du doigt.

   - Peut-être, mais c'est vrai !

Tuto: Comment transformer du yaoi en un pur bordel [Kiribaku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant