Chapitre 10

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   - Kirishima...

   - Qu'est-ce que gngngn ?

   Un poids me tombe brutalement dessus, me coupant à moitié la respiration. J'émerge difficilement des limbes du sommeil, les idées pas très claires et l'haleine pas très fraîche, insultant mentalement la personne qui a eu la mauvaise initiative de me sauter dessus si tôt le matin. Je sens deux mains me secouer par les épaules, tandis qu'un souffle brûlant s'échoue sur mon cou.

   - Kirishima, il faut se réveiller...

   Reconnaissant la voix de Katsuki, je fronce légèrement les sourcils avant d'entrouvrir un œil incertain qui croise celui, écarlate, du blond. Plongé dans un espace quantique entre le sommeil et l'éveil, je n'ai pas ma réactivité habituelle. Le temps que je me demande ce qu'il fout à califourchon sur moi avec son uniforme alors que la lumière passe à peine à travers les rideaux, il s'est de nouveau rapproché de mon oreille pour y murmurer quelque chose.

   - Tu dors souvent sans T-shirt? Que je sache quand je peux venir me rincer l'œil.

   Qu'est-ce qu'est que ça ? Un rêve où Katsuki est entreprenant, je ne suis pas contre! Mais ça m'a l'air très réaliste pour un truc qui est censé être irréel et très surréaliste pour un truc réel.

   ...

   Ok je me suis perdu dans mon analyse.

   - Il est quelle heure...?

   - Six heures et quart.

   Je tourne ma tête pour lui faire face, un air d'incompréhension flottant au visage. Il est très tôt le matin. Il vient se poser au calme sur moi comme si j'étais un canapé Roche Bobois. Il est en train de me draguer. Je délire, c'est pas possible autrement. Il y avait des champignons hallucinogènes dans mon dîner, je vois pas d'autre explication.

   - Si c'est un rêve, je veux bien que tu me fasses un câlin, je couine d'une voix éraillée.

   - C'en est pas un, objecte-t-il en m'offrant un sourire que je qualifierais de radieux si je n'avais pas vu cette touche moqueuse qu'il se plaît à insuffler à nombre de ses expressions.

   - Laisse-moi me rendormir, alors. J'comprends rien.

   Je rabats la couette sur ma tête, mais c'est sans compter son apparente envie de me faire chier. Il s'allonge sur moi de tout son long, glissant ses mains sous la couverture jusqu'à ce que je sente le bout de ses doigts sur mes hanches. Je n'ai pas le temps de me questionner qu'il commence à me chatouiller sur les côtes, me coupant toute envie de m'assoupir. Je commence à me tordre dans tous les sens, mais mes mouvements sont entravés par le blond qui est affalé sur moi.

   - Mec, arrête, parviens-je à dire entre deux gesticulations et éclats de rire. J'arrive plus à respirer !

   Il ne s'interrompt pas pour autant, continuant à me torturer avec ses dix doigts que je découvre être très agiles. Littéralement en train de mourir sous le feu des chatouilles auxquelles je suis bien trop sensible, je finis par chuter sur le sol, entraînant Baku avec moi. Ma chute m'arrache un geignement de douleur qui finit étouffé par mon gloussement. La fatigue a le même effet que l'alcool, chez moi : je marche pas très droit, je suis absolument surexcité, mes pensées et mes paroles n'ont ni queue ni tête.

   - J'me suis défoncé le dos, ça fait mal.

   - Comme ça, tu ne te rendormiras pas.

   Je plisse les yeux avant de laisser retomber ma tête par terre. Mon regard s'échoue sur l'ouverture du  mur, laissant voir l'intérieur de la chambre de Katsuki. Faudra peaufiner les contours parce que c'est un peu brouillon, là. Un petit coup de ponçage et le tour est joué, ça va être magnifique ! Je m'en occuperai dans la journée, quand j'aurais refilé tout le travail à faire à Denki.

Tuto: Comment transformer du yaoi en un pur bordel [Kiribaku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant