Étrangère (Universelle - Tome 1)

Épilogue

— Nova, c'est bon, je peux le faire tout seul.

— Non, non, le docteur a dit...

— Je sais ce qu'il a dit, mais je me connais suffisamment pour savoir que de marcher tout seul jusqu'à la baignoire ne va pas me tuer.

Nova râle, un peu bougonne devant l'obstination du sergent qui insiste quand même à se lever de son lit par lui-même à l'aide de la canne qu'on lui a donnée. Celui-ci est revenu de l'hôpital après une longue semaine de soins. Heureusement pour lui, les dommages que Calam lui a infligés sont loin d'être extrêmement graves, mis à part peut-être sa hanche disloquée que les docteurs ont dû replacer. Il a également reçu plusieurs points de suture et, excepté quand il se lave, il doit garder ses bras et ses cuisses bandées.

— Si tu tiens vraiment à m'assister, tu peux m'apporter les rouleaux de bandage dans la salle de bain. Mais pour m'y rendre, je peux le faire moi-même, OK ?

— D'accord... soupire Nova.

Elle attrape donc ce qu'il faut avant de les apporter dans la salle de bain, pas loin de la baignoire pour qu'il puisse y avoir accès. Ensuite, elle retourne voir le sergent qui pose un pied devant l'autre avec une certaine difficulté. Il grince des dents à chaque nouveau pas, mais ne s'arrête pas.

— Tu ne veux pas que je t'apporte les antidouleurs ? Ça pourrait...

— Non, c'est bon. J'en ai déjà trop pris, je ne veux pas en devenir dépendant. Je vais m'habituer, ne t'en fais pas.

— Mais... Je ne veux pas que tu t'y habitues ! Tu ne devrais même pas être dans cet état, pour commencer !

Le sergent soupire.

— Nova... Tu n'as pas à te sentir responsable de ce qui m'est arrivé.

— Mais je suis responsable ! C'est à cause de moi si Calam s'en est prise à toi et qu'elle t'a fait ça !

— Non, tu n'y es pour rien. Je sais que tu ne me croiras sans doute pas, tu es suffisamment têtue pour ça, mais... Je connaissais les risques. Et travaillant moi-même pour l'armée, tu peux être certaine que je connais le danger. Tu peux me traiter de masochiste si tu le souhaites, mais je ne regrette pas.

Nova garde les bras croisés et boude en regardant ses pieds. Le sergent effectue quelques pas vers elle, pose une main derrière sa tête et la rapproche pour embrasser la tempe de sa fille d'adoption.

— Bon, allez, maintenant arrête de t'en faire pour moi, je vais m'en remettre ! Tu es jeune, tu ne devrais pas passer tout ton temps à te faire du souci pour moi et à rester à mes petits soins. Et, si ce n'est pas suffisant comme argument pour toi, je veux que tu ailles à l'école aujourd'hui.

— Tu es certain que tu peux rester seul ?

— Oui, Nova ! Je suis un adulte, tu peux être sûre que je saurai me débrouiller. Est-ce que ça te rassurerait si je t'envoyais une mise à jour de ma situation toutes les, disons, deux heures ?

— Ça... Sans doute, oui.

— Parfait, dans ce cas, je le ferai. Mais maintenant, tu files à l'école ! Et pas de discussion, allez, allez !

Nova lève les yeux au ciel, mais le laisse finalement compléter son chemin jusqu'à la salle de bain. Une fois qu'elle a attrapé son sac et qu'elle a enfilé son manteau, elle sort du bâtiment et se dirige vers l'arrêt de bus. Quand l'engin arrive, elle entre à l'avant, fait scanner sa carte, puis va vers le fond. À cette heure, il n'y a malheureusement plus aucune place assise, alors elle se contente de rester debout en tenant son sac d'une main et en utilisant l'autre pour la barre.