Chapitre Vingt

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Même si les exercices de méditation proposés par Vivianne l'ont beaucoup aidée, Nova a encore beaucoup de mal à se concentrer sur la pierre qui occupe son front. Malgré son potentiel soi-disant énorme, le trouver au fond d'elle-même est difficile : on dirait qu'il s'écoule ailleurs chaque fois. C'est pourquoi, tous les soirs avant d'aller se coucher, elle pratique les exercices de son amie et tente d'établir la connexion avec sa pierre.

Cependant, ses amis sentent que ce n'est pas suffisant. Après tout, peut-être que la raison pour laquelle elle n'y arrive pas n'a rien à voir avec elle, il s'agit probablement d'un facteur externe tel que la nervosité qu'elle doit ressentir.

C'est d'ailleurs pour cette raison que, pendant que son amie se trouve sur le vaisseau de ses compatriotes pour s'entraîner, Vivianne a contacté le reste du groupe, même le tuteur légal de Nova. Fébrile quant à ce qui suivra, elle attend leur venue.

Le dernier à arriver est le sergent Wilde. Ils se sont tous mis d'accord pour se rencontrer dans une salle de travail à la bibliothèque municipale la plus près de l'école. La porte fermée, Vivianne prend la parole.

— Je n'ai pas trop l'habitude, mais... Je pense qu'il est temps qu'on parle de Nova et de tout ce qui lui arrive en ce moment.

— De quoi veux-tu qu'on parle, exactement ? Je vois difficilement ce que nous pouvons faire de plus, dit le sergent.

— Bah justement... C'est peut-être penser trop vite de dire qu'on ne peut rien faire pour l'aider. Et...

— Écoute, petite. S'il y avait quelque chose à faire, tu peux me croire que je l'aurais fait. Mais c'est impossible. On ne peut pas lui apprendre à utiliser ses pouvoirs et...

— Mais on peut sûrement...

— J'y ai déjà songé. Il n'y a rien de plus qu'on peut lui apprendre. C'est hors de nos capacités, on ne comprend même pas la situation sur sa planète.

— Eh bien, on peut l'apprendre.

Les têtes se tournent vers Nav.

— On ne peut rien apprendre de nouveau à Nova, c'est vrai. Hereli et Seraxa s'en occupent. En revanche, ça ne nous empêche pas d'apprendre certains trucs pour pouvoir supporter et aider. Je pense que si elle n'arrive pas encore à faire de lien avec sa pierre frontale, c'est justement parce qu'elle se sent seule et pas supportée. Quelque chose la bloque : la pression qu'elle subit. Je ne pense même pas qu'elle s'en rende compte. Et en tant qu'amis, c'est notre boulot de la supporter et de l'aider au meilleur de nos capacités.

— Ouais, OK, c'est bien beau, Nav, mais tu oublies qu'on a aucune capacité. Je veux pas ma faire ma rabat-joie, mais...

— Hel. C'est justement ce qu'on peut apprendre. On peut apprendre ce qui se passe chez elle, on peut l'aider à se préparer pour ce qui approche et... on peut apprendre à l'assister, autant dans les coulisses que sur les champs de bataille eux-mêmes.

— Champs de bataille ? J'apprécie ton enthousiasme, mon garçon, mais je te rappelle gentiment que, à mon exception, personne dans cette pièce n'est majeur. Je serais surpris si vos parents vous laissaient...

Nav ferme les yeux et pose ses mains sur la table.

— Je n'ai pas eu cette chance de grandir avec mes parents. J'ai beau être né ici et être citoyen, ce n'était pas leur cas. Ils ont été expulsés et renvoyés au Mexique quand j'avais à peine trois ans. Je passe d'une famille d'accueil à une autre depuis. Même en ce moment, même si ma tutrice semble m'apprécier, je vis toujours ce risque d'être envoyé ailleurs en permanence. De tout perdre de nouveau.

Il ouvre les yeux.

— Je suis peut-être jeune et peut-être que mon expérience ne ressemble pas vraiment à ce que Nova a vécu, mais je ne veux pas la laisser vivre tout ça toute seule. Encore moins si je peux faire quelque chose. Je refuse d'être témoin.

Étrangère (Universelle - Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant