Arthus Leclipse: Le mystère du familier libre [En réécriture]

Chapitre 10: Quelques nouvelles de Tokyo

Yuki s'effondra sur sa chaise en poussant un long soupir de soulagement. Jamais elle n'aurait cru qu'Arthus accepterait sa proposition aussi facilement. Elle qui était habituée à négocier avec des escrocs et des menteurs, elle n'était pas mécontente que tout aille dans son sens, pour une fois. De plus, il avait été beaucoup moins curieux au sujet d'ESP et Savior que ce à quoi elle s'attendait, et tant mieux. Révéler la raison de sa présence à Honchin était une chose, parler des magouilles des hautes sphères en était une autre.

La jeune fille avait toujours eu la réputation d'être complotiste, au collège de syniths qu'elle fréquentait, et elle s'en amusait d'ailleurs. Après tout, pour ses amis de l'époque, toutes ces histoires de Mothman, Yeti et autres légendes urbaines étaient totalement fantaisistes. Cependant, en tant que fille de combattants de la fondation, elle connaissait tous les dessous des cartes au sujet de ces mythes, qui étaient souvent bien moins féériques et roses que ce qu'internet laissait croire. Si son nouvel allié s'était mis en tête de la questionner dessus, elle aurait eu le plus grand mal à inventer des mensonges pour préserver les secrets des Espers.

Enfin, le principal, c'était qu'elle allait pouvoir surveiller ce soi-disant familier libre de près, à présent. Même si cela ne faisait pas partie de sa mission, elle devait avouer qu'elle était intriguée par Arthus, et par sa création. Non pas en tant qu'ennemi ou chasseuse de prime, mais simplement comme une adolescente ordinaire un peu trop curieuse.

Alors qu'elle rangeait son service à thé, son téléphone sonna. Le numéro de Riki Tachibana, son ami d'enfance et ancien partenaire d'exploration s'afficha à l'écran.

— Un problème, Riki ? s'enquit-elle avant que son interlocuteur n'ait eu le temps de parler.

— Pas vraiment. Je t'appelais pour prendre quelques nouvelles. Ça fait dix jours que tu es partie, et je me demandais si tout allait bien. C'est rare que tu t'absentes aussi longtemps.

— Déjà dix jours ? Ça passe trop vite... Mais, ne t'inquiète pas. Je suis toujours vivante, et en pleine forme. Je piétine juste un peu.

— Tu veux qu'on t'envoie du renfort ? Je peux venir si tu...

— Non, c'est bon !

Riki s'arrêta net, surpris par le ton employé par son amie. Yuki se mordit la lèvre, consciente de son erreur. La dernière chose dont elle avait besoin, c'était bien voir débarquer d'autres Espers dans cette ville. D'un, parce que le Lindorm était sa proie, et qu'elle n'avait aucune intention de partager la prime. Et, de deux, parce qu'ils découvriraient aussitôt l'existence d'Arthus et le feraient sûrement prisonnier en apprenant sa nature unique.

La rouquine tenta de se rattraper en se raclant la gorge.

— Enfin, je veux dire, inutile d'embêter les autres avec ce familier. Pour l'instant, il ne pose aucun problème. Dès qu'il se montrera, je l'abattrai et je rentrerai. Je ne devrais plus en avoir pour très longtemps.

— Si tu le dis, répondit le garçon, qui ne se douta de rien. Je te fais confiance, c'est toi l'experte. Dans un autre registre, j'ai eu le temps de fouiller les archives entre deux examens et j'ai trouvé ce que tu m'as demandé.

Yuki, qui n'écoutait que d'une oreille, se raidit.

— Vas-y, raconte-moi tout, lança-t-elle d'une voix teintée de colère. C'est qui, l'enflure qui leur a fait subir ça ? Je peux te jurer que, où qu'il soit, j'irai l'annihiler.

— Calme-toi, ça ne sert à rien de se précipiter, soupira son ami. Et puis, ce que je vais te révéler ne va pas te plaire. De tous les familiers qui ont été recensés, les seuls qui auraient possédé des pouvoirs de pétrification suffisant pour vaincre un Esper sont Médusa, le Basilic, les elfes noirs et le Cocatrix.

La Japonaise croisa les bras sur sa poitrine et se mit à taper frénétiquement du pied sur le sol, pensive.

— Tu ne m'apprends rien, là. Je le savais déjà, et en plus, ils ont tous été exterminés il y a une éternité. Papa et Maman ne peuvent pas avoir été tués par l'un de ces monstres.

— C'est justement ça, le problème. Autant les facultés des Espers se transmettent d'une génération à l'autre, autant, lorsqu'un familier est détruit, il est quasi impossible de le reproduire à l'identique, et la difficulté augmente avec sa puissance.

— Et alors, quoi ? Tu es en train de me dire que c'est un de leurs collègues, le responsable ?

Pas de réponse. Yuki serra les dents, frustrée d'être si proche de la vérité, et en même temps si loin. Après la guerre contre Savior, ses parents, partis en tant que combattants, avaient été retrouvés pétrifiés dans la Taïga sibérienne. Depuis ce jour-là, la jeune fille n'avait cessé de se battre pour obtenir justice, mais le traité de paix signé entre les deux organisations avait empêché toute enquête. Ainsi, Haru et Natsu Fuyuku avaient été simplement déclarés héros d'ESP et l'affaire classée sans suite. Alors, devant l'inaction des dirigeants de la fondation, Yuki s'était mise en tête de trouver elle-même le coupable, et lui infliger une sentence pire que la mort.

— Bah, laisse tomber. Je continuerai les recherches quand je reviendrai, reprit-elle, une fois calmée. Merci d'avoir vérifié quand même.

— Désolé de ne pas pouvoir être plus utile, s'excusa le garçon, presque honteux.

— Si tu veux vraiment m'aider, arrête de t'occuper de ça, et valide ton année. Je suis sûre que tu as déjà séché trop de cours pour ces histoires. Va bosser, maintenant. Ça m'évitera de m'inquiéter pour toi.

— Bon, OK. Si tu n'as rien d'autre à me dire et que tout va bien, je ne t'embête pas plus longtemps. On se fera un Ramen quand tu reviendras !

Sur ces mots, Riki raccrocha, et Yuki retourna à ses occupations. Cependant, son esprit était désormais préoccupé par un nouveau problème, bien plus inquiétant. Si ses parents avaient réellement été tués par un Esper, cela signifiait qu'un traître se cachait parmi les hauts gradés de la fondation. Riki, innocent comme il était, n'avait même pas semblé avoir pensé à cette possibilité, mais, plus elle y réfléchissait, et plus cette piste apparaissait évidente.

La rouquine secoua la tête. Elle avait déjà bien à faire avec le Lindorm et Arthus pour se rajouter d'autres soucis. Elle devait s'occuper en priorité de ce dont elle était certaine.

Ainsi, elle rangea rapidement le salon, et se dirigea vers la forêt pour poursuivre son enquête, bien déterminée à découvrir ce qu'il se tramait derrière les attaques de Gallytrots de la veille.