Des flammes d'azur dévoraient lentement le luxueux bureau. Yuki, du haut de ses quatorze ans, observait la scène, tétanisée par la peur. Ses membres refusaient de lui obéir. Pourtant, si elle ne faisait rien, elle aussi allait servir de repas au brasier ardent.
À quelques pas d'elle, une autre adolescente était roulée en boule recroquevillée sur elle-même. Pour échapper au cauchemar qu'elle vivait, elle avait simplement fermé les yeux et suppliait les dieux de lui venir en aide, en vain. Personne ne la sauverait du monstre qui se tenait là. Un oiseau de feu. Un condor colossal au plumage flamboyant dévisageait les deux humaines de ses pupilles dorées remplies de malice. Derrière lui se trouvaient deux hommes aux visages flous. Néanmoins, Yuki parvenait à discerner derrière le rideau de braise un sourire sadique fendre les lèvres de l'un d'eux.
— Vas-y, Ra ! Débarrasse-nous de ces espionnes de la fondation et apporte leur dépouille à Ilios Erbe !
La divinité égyptienne poussa un nouveau cri assourdissant qui fit voler en éclat les vitres du bureau, et la lueur qu'il irradiait s'intensifia.
**
Yuki s'éveilla en sursaut. Sa respiration était saccadée. Son cœur battait la chamade. Elle suait à grosses gouttes et sa gorge était sèche.
Un rêve. Ce n'était qu'un rêve. Le même qui venait la hanter presque toutes les nuits depuis quatre ans.
Il fallut plusieurs secondes à la jeune fille pour retrouver ses esprits et réaliser où elle avait atterri. Elle était allongée sur un matelas peu confortable, dans une chambre d'étudiant en désordre. Sur le sol traînaient chaussettes sales, feuilles volantes et restes de plats surgelés. À travers la fenêtre, elle pouvait apercevoir la plage, ainsi que la méditerranée sur laquelle se reflétait un fin croissant de Lune.
Comment était-elle arrivée ici ? Elle se souvenait qu'elle était en train de combattre les horribles cabots pour protéger une synithe, puis avait reçu un coup en traître qui lui avait fait perdre connaissance. Ce qui signifiait donc que...
L'Esper se crispa lorsque quelqu'un toqua à la porte. Alors qu'elle voyait la poignée tourner, elle bondit hors du lit, prête à se battre. Néanmoins, une douleur fulgurante dans la jambe l'obligea à se rasseoir aussitôt en gémissant. Un instant plus tard, Arthus entra, une tasse de café à la main. Un sourire léger illumina sa figure en constatant que la rouquine avait repris ses esprits.
— Ah, tu es réveillé, je suis rassuré, déclara-t-il d'une voix amicale.
— T... Toi... Qu'est-ce que tu m'as fait ? grimaça Yuki. Tu m'as kidnappée pour obtenir une rançon, c'est ça ? Désolée, mais ça ne marchera pas !
— Pas vraiment, non, répondit le garçon, confus. Comme on était pas loin du dortoir et que tu étais dans un sale état, je t'ai ramenée ici pour que tu puisses te reposer. Café ?
Même si sa seule envie était de transpercer ce monstre qui se moquait clairement d'elle, la jeune fille se contint. Dans sa condition, même un chat de gouttière aurait pu la mettre au tapis. Le plus sage était d'observer et d'attendre le moment opportun pour s'enfuir. Et puis, si elle pouvait en apprendre davantage sur cet étrange Familier, peut-être pourrait-elle obtenir une promotion. Alors, dans l'espoir d'abaisser la garde de son ennemi, elle s'empara de la tasse et la but d'une traite.
— Si tu veux une récompense pour ça, tu rêves, grogna-t-elle sèchement. C'est de ta faute, et celle de tes potes les clébards, tout ça.
— Je n'ai pas demandé à ce que tu m'attaques, hein, répliqua Arthus en haussant les épaules. Moi, je vivais tranquillement ma vie avant que tu débarques.
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Arthus Leclipse: Le mystère du familier libre [En réécriture]
Paranormal« Un jour, je me suis posé cette question : que signifie réellement "être humain"? Et j'ai réalisé que j'étais tout, sauf humaine. » Après une terrible guerre opposant les deux plus puissantes organisations planétaires, la paix semble revenue en Eur...