Après une longue journée de cours ennuyeux, Arthus attendit devant les grilles de l'école l'arrivée de Misty pour se rendre comme prévu chez Yuki. Il avait prévenu cette dernière de sa venue par mail le matin même, mais n'avait pas eu l'occasion de vérifier si elle l'avait bien reçu, puisque son smartphone ne se résumait plus qu'à trois éclats de verre brisé. Au pire, il lui expliquerait sur place, pensait-il.
Au bout de quelques minutes, le garçon aperçut la chevelure blonde de son « amie » au milieu d'une foule de lycéens de seconde. Étrangement, celle-ci se tenait légèrement à l'écart de ses camarades, et marchait la tête rentrée dans les épaules, fixant le sol. Néanmoins, lorsqu'elle entendit la voix d'Arthus, un large sourire éclaira sa figure et elle se précipita à sa rencontre.
— Désolée pour l'attente, le prof ne voulait pas nous laisser sortir, lança-t-elle, gênée. Et merci de m'accompagner jusqu'à la maison de cette fille !
— Si ça peut t'aider à résoudre ce mystère pour que je puisse retrouver ma vie tranquille, c'est avec plaisir, lui répondit l'adolescent en haussant les épaules. Au fait, David, mon coloc nous accompagne, j'espère que ça ne te dérange pas ?
Misty jeta un regard intrigué derrière son interlocuteur et distingua David, assis sur un banc, les bras chargés de cartons à pizzas.
— C'est ce mec bizarre ? s'étonna-t-elle. J'ai cru que c'était juste le livreur, moi...
— J'ai une tête de livreur ? s'offusqua le blondinet.
— Bah... un peu, quand même, pouffa Arthus. Il ne te manque que le scooter !
— C'est pas ma faute, il est à fourrière et j'ai pas encore eu le temps d'aller le chercher...
Sans épiloguer davantage, le petit groupe se dirigea vers la demeure de Yuki. Sur le chemin, Misty ne manqua pas de taquiner David sur son apparence, en proposant notamment des pizzas à tous les passants qu'ils croisaient. Arthus, même s'il marchait en tête sans se préoccuper des autres, ne pouvait s'empêcher de pouffer lorsque cela tombait sur des enfants à qui son colocataire ne pouvait pas refuser, de peur de s'attirer la foudre des parents. Et, puisque c'était l'heure des sorties d'école, le pauvre garçon ne se retrouva plus qu'avec une seule boite à moitié entamée lorsqu'ils arrivèrent enfin à leur destination.
Arthus sonna une fois, puis deux, mais personne ne lui répondit.
— Je crois qu'on n'a pas besoin d'attendre de réponse pour entrer chez les gens, au Japon, fit remarquer Misty.
— Hein ? T'es sûre de toi ? Ça a l'air assez fumeux, cette info, répliqua l'adolescent, sceptique.
— Elle a raison ! Dans les manga, ils font ça ! renchérit David. Allez, on entre !
Son colocataire soupira.
— Depuis quand les manga représentent la réalité ? Bref, je laisserai vous débrouiller si elle appelle la police...
Les trois adolescents poussèrent la porte d'entrée qui s'ouvrit en grinçant. Dès qu'ils posèrent un pied dans le jardin japonais qui se trouvait de l'autre côté, Misty et David restèrent cloués sur place pendant plusieurs secondes, bouches bée. Ils avaient du mal à réaliser qu'un tel endroit se cachait en plein cœur de la ville, et Arthus les comprenait. Lui aussi avait été subjugué par la beauté des lieux, la veille. La délicieuse odeur des primevères du Japon et le doux clapotis de l'eau s'écoulant dans le bassin rempli de carpes koï l'apaisèrent aussitôt. Les rayons cramoisi du Soleil couchant se reflétaient sur les feuillages d'autonome enflammés des cerisiers.
Le garçon aurait pu rester là des heures à contempler cette toile végétale semblant avoir été peinte par un artiste de renom. C'était d'ailleurs exactement ce que Yuki faisait. La rouquine, assise en tailleur sur la terrasse de sa maison, pianotait sur son ordinateur, le regard perdu dans le vague.
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Arthus Leclipse: Le mystère du familier libre [En réécriture]
Paranormal« Un jour, je me suis posé cette question : que signifie réellement "être humain"? Et j'ai réalisé que j'étais tout, sauf humaine. » Après une terrible guerre opposant les deux plus puissantes organisations planétaires, la paix semble revenue en Eur...