Chapitre 17: Soulagement

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Les deux adolescents coururent pendant une bonne dizaine de minutes avant de s'arrêter finalement près de la gare, essoufflés et trempés de sueur, mais certains d'être suffisamment loin des policiers pour ne pas être soupçonnés. Il leur fallut plusieurs longues secondes pour reprendre leur souffle après cette course effrénée. Puis, une fois remise de ses émotions, Yuki sortit un mouchoir de sa poche, épongea son front et déclara entre deux respirations :

— Je pense qu'il vaut mieux qu'on se sépare ici. Je vais faire un rapport à la fondation pour en apprendre davantage. Si ton boulet de coloc te demande, on a réussi à s'enfuir et on s'est cachés dans un bar à côté jusqu'à l'arrivée des flics. O.K ?

— Tu crois que je suis assez idiot pour lui dire qu'on a 1V1 une meute de chiens ? râla gentiment son camarade.

— On ne sait jamais ! Et d'ailleurs, file-moi ton numéro. Si j'ai du nouveau, c'est plus facile par SMS que par mail.

Arthus dévisagea son amie d'un air à la fois las et écœuré. La rouquine ne comprit pas ce qui avait provoqué cette réaction chez lui jusqu'à ce qu'il sorte un bout de verre brisé de sa poche.

— Aucun problème... Ah, si ! C'est tout ce qu'il en reste à cause d'une certaine personne ici présente !

Yuki tenta de siffloter tout en faisant mine de ne pas saisir les reproches, sans succès. Seule une sorte de long souffle légèrement aigu, et ridicule à l'oreille s'échappa de sa bouche. Arthus ne put s'empêcher d'éclater de rire devant cette scène burlesque, et fut rapidement suivi par la jeune fille, comme si toute la pression qui s'était accumulée durant cette journée se relâchait d'un seul coup. Les passants regardèrent les deux adolescents en les prenant certainement pour des fous, mais Arthus s'en fichait. Il était simplement heureux de partager finalement un moment de complicité avec son alliée forcée.

— Bon ! Pour te remercier pour aujourd'hui, je te le repaierai. C'était quel modèle ? demanda l'Esper, une fois calmée.

— Un iPhone 5, évidemment.

— Eh ! Chasseuse, ça paie bien, mais il ne faut pas abuser non plus !

— Ça va, je blaguais. Achète ce que tu trouves, tant que je peux passer des appels, la rassura Arthus.

— O.K. Un 3310, du coup, c'est noté !

Yuki ne laissa pas au lycéen l'occasion de protester et tourna les talons pour disparaître au coin de la rue au pas de course.

— Misère... Elle ne tient vraiment pas en place, soupira-t-il.

Quinze heures sonnèrent au loin. Il était encore tôt pour rentrer et Arthus n'avait pas spécialement envie d'expliquer à David et Misty de quelle façon miraculeuse il s'en était sorti. Pour se changer les idées après ce début de journée mouvementé, il décida de faire le tour de la ville. Après tout, cela faisait plusieurs mois qu'il était arrivé et il n'avait jamais pris le temps de visiter les environs. C'était le moment idéal.

À cette période de l'année, les rues étaient calmes. Seules quelques voitures circulaient sur la chaussée de l'avenue principale. Honchin n'était pas le lieu le plus prisé des touristes, surtout à l'arrivée de l'automne. Il fallait dire que cette bourgade était plutôt isolée, entourée par une haute chaîne de montagnes qui ne laissait que peu de routes d'accès. De plus, le port de plaisance était bien trop petit pour accueillir de gros paquebots de croisière. Les récifs escarpés et les nombreux rochers perçant à travers la surface de la mer ne facilitaient rien. Cette combinaison de facteurs rendait Honchin vraiment tranquille, y compris en plein été. Le point négatif était évidemment le manque d'activité. À l'exception de la forêt, connue pour ses chemins de randonnée, et quelques bars et musées, les habitants s'ennuyaient.

Tout en longeant la côte, Arthus repensa à son combat contre les Gallytrots. Il n'arrivait toujours pas à expliquer ce qu'il s'était passé. C'était comme s'il avait absorbé l'énergie de ces chiens, la drainant jusqu'à ce qu'ils ne restent d'eux que poussière. Était-il une sorte de vampire ? Cette idée n'avait rien de très réjouissant. Quitte à posséder des pouvoirs, il aurait préféré quelque chose qui fasse davantage héros que vilain... Dans tous les cas, il comptait bien demander au professeur ce qu'il en était réellement dès qu'il aurait récupéré un téléphone portable.

Après une marche d'une bonne heure, Arthus retourna finalement au dortoir. À peine eut-il posé la main sur la poignée de la porte de sa chambre que celle-ci s'ouvrit avec fracas. Le pauvre garçon la reçut en pleine figure et tomba à la renverse, sonné.

— Ah non ! J'ai tué Arthus ! gémit Misty d'un air affolé.

— Mec, t'en as mis du temps, j'ai cru que ces chiens t'avaient bouffé, moi ! enchaîna David. Content de voir que tu es en un seul morceau !

— Je vais bien, sinon. Merci de vous être inquiétés pour moi, grommela le lycéen, tout en se massant la nuque. Et aussi, qu'est-ce que vous fabriquez ici ?

— Tu m'as demandé de l'amener en lieu sûr alors je l'ai fait ! lui répondit le blond en se frappant le torse, fier de lui. Et toi, comment tu t'en es tiré ?

— Je... La police est arrivée à temps et nous a sortis de là, mentit le Familier, mal à l'aise.

— T'as l'air d'avoir pris un sacré coup quand même, mon pote. Regarde ta chemise, elle est trempée de sang...

Arthus jura intérieurement. Même si ses blessures avaient déjà cicatrisé, les traces de son combat étaient toujours visibles sur ses vêtements. Par ailleurs, il comprenait mieux pourquoi les passants s'écartaient de lui durant sa balade. Il s'était baladé en ville avec des habits en lambeaux et aussi rouges que des tomates...

— Ce... Ce n'est rien ! C'est quand j'ai crevé l'œil d'un des cabots, ça a giclé, ce n'était pas beau à voir ! Mais, je n'ai rien, c'est le principal !

Un voile de culpabilité passa devant les iris de jade de Misty. La jeune fille, d'ordinaire si pleine de vie et espiègle, regardait le sol d'un air préoccupé.

— C'est encore ma faute, tout ça, murmura-t-elle en serrant le poing, tremblante.

— De ta faute ? répéta David, perdu. C'est une coïncidence que les chiens nous aient pris pour cible. On n'a juste pas fui assez vite et...

— Non ! rétorqua-t-elle, au bord des larmes. Si je n'avais pas été là, rien de tout cela ne serait arrivé !

Sans donner davantaged'explications, la cadette sortit de la chambre en courant, le visage enfouientre ses mains pour cacher ses pleurs. Arthus, qui commençait à comprendre cequ'il se passait au vu de sa discussion avec Yuki, se précipita à sa suite pourla rattraper.

Arthus Leclipse: Le mystère du familier libre [En réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant