France, 2014
La cloche sonna. Arthus rangea lentement ses affaires, puis sortit de la salle de classe pour prendre le chemin du retour.
Cela faisait trois mois qu'il s'était réveillé dans le laboratoire du professeur Leblanc. Conformément à son souhait, il avait été envoyé dans la petite bourgade d'Honchin, une ville tranquille, située dans le sud-ouest d'Europa, à quelques dizaines de kilomètres du mont Argentera. Là, comme n'importe quel adolescent, le Familier suivait des cours au lycée et s'était par ailleurs étonnement bien adapté à sa nouvelle vie. Il avait immédiatement compris comment interagir avec les autres êtres humains et parvenait sans difficulté à se comporter comme eux, à la grande joie de son créateur.
Même si cette vie n'avait rien de palpitant, Arthus était heureux. Ou, du moins, il se satisfaisait de ce qu'il avait. Il n'avait besoin de se soucier de rien puisqu'Ambroise s'occupait de toutes les formalités administratives et de ses finances, qui ne manquaient jamais. Sa seule contrainte était de devoir appeler le scientifique une à deux fois par mois pour lui faire un rapport sur sa situation.
Parmi les personnes qu'il fréquentait, aucune ne semblait se douter qu'il n'était pas humain, ce qui n'avait rien d'étonnant. Après tout, Arthus ressemblait à n'importe quel adolescent de seize ans du haut de son mètre quatre-vingt. Ses cheveux noir de jais, entrecoupés d'une étrange mèche blanche rebelle, avaient la fâcheuse tendance de couvrir son front lorsqu'il ne les coiffait pas. Il possédait un nez assez fin et un visage effilé, presque triangulaire. Son unique signe distinctif, qui avait grandement attiré l'attention à son arrivée, était ses yeux rouges comme des rubis. Certains l'avaient pris pour un vampire, d'autres avaient trouvé ça « super cool », mais, rapidement, la plupart s'étaient désintéressés de lui pour reprendre leur train de vie. Quant aux fameux pouvoirs dont le professeur Leblanc avait parlé..., ils ne s'étaient pas manifestés. Et, même si l'homme continuait à affirmer que ce n'était qu'une question de temps, sa création était de plus en plus encline à penser qu'ils n'avaient simplement jamais existé.
Alors qu'Arthus arpentait les couloirs de l'école, perdu dans ses pensées, quelqu'un lui rentra dedans de plein fouet. L'adolescent, déstabilisé, tomba à la renverse. Il s'apprêtait déjà à protester vivement, lorsqu'il croisa le regard de son colocataire de dortoir, David Himmel. Son physique était assez typique des jeunes de son âge : ni spécialement musclé, ni spécialement grand, ni spécialement volumineux. Malgré ses seize ans, il possédait encore des traits assez enfantins, plutôt ronds et des yeux d'ébène pétillant en permanence de malice, comme ceux d'un gamin à l'affut d'une blague à faire. Ses cheveux blonds étaient coupés assez court. Il était le genre de personne à vivre sans se soucier de rien ni de personne. Un air crétin illuminait son visage alors qu'il était à terre, sonné par sa chute.
— C'était en quel honneur, ça ? demanda Arthus en se relevant péniblement.
— Mec, écoute ! Je crois que je suis amoureux !
Le Familier dévisagea son ami avec une certaine lassitude. David avait toujours tendance à exagérer grandement les choses. Avec lui, une fuite dans les toilettes se transformait en inondation. C'est pourquoi Arthus avait appris à ne plus prêter attention à ses propos. À tous les coups, il avait simplement croisé le regard d'une fille et s'était monté tout un scénario de film hollywoodien.
— De qui, cette fois ? La bouchère ? La vendeuse de crêpe ? Ou alors...
— Non, mais, c'est une histoire de fou ! le coupa-t-il, surexcité. J'étais en train de séch... euh, je veux dire, de me balader dans la rue quand une top model m'a abordé.
— Elle t'a demandé son chemin ?
— Écoute-moi ! Elle s'est approchée de moi et m'a dit que mon odeur lui rappelait quelque chose parce que je sentais le Familier, ou un truc du genre, j'ai pas compris, cette partie.
VOUS LISEZ
Arthus Leclipse: Le mystère du familier libre [En réécriture]
Paranormal« Un jour, je me suis posé cette question : que signifie réellement "être humain"? Et j'ai réalisé que j'étais tout, sauf humaine. » Après une terrible guerre opposant les deux plus puissantes organisations planétaires, la paix semble revenue en Eur...