Chapitre 4: Yuki l'Esper

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Arthus esquiva de justesse la lame du couteau d'argent de Yuki. Maladroitement, il roula sur le sol, dans l'espoir de prendre ses distances. En vain. La vitesse de l'Esper était surhumaine. L'adolescent eut à peine le temps de cligner des yeux que son adversaire l'avait rattrapé. Il reçut alors un violent coup de poing dans l'abdomen qui expulsa tout l'air de ses poumons et le projeta trois mètres en arrière. Heureusement, un sac poubelle amortit sa chute, mais il n'en restait pas moins sonné. Il n'y avait rien à faire. Il ne pouvait pas lutter contre elle. S'il voulait s'en sortir vivant, il allait devoir ruser.

Alors que Yuki se jetait à nouveau sur lui, prête à lui transpercer le cœur, le Familier se saisit d'un pauvre couvercle de poubelle. Il brandit comme il put le morceau de ferraille rouillée pour se protéger. La rouquine ne ralentit pas et trancha le bouclier de fortune comme du papier mâché. L'onde de choc résiduelle se propagea dans les bras d'Arthus et le déstabilisa. Dans son dos, il pouvait sentir le béton froid d'un immeuble. Il n'y avait plus aucune échappatoire. Dans la pénombre, luisaient les deux iris ambrés de la jeune fille. Une haine profonde envers son adversaire s'y lisait, aux côtés d'une once de doute.

Le corps d'Arthus agit de lui-même. D'un bond, il parvint à sauter suffisamment haut pour éviter l'attaque mortelle. Yuki, qui ne s'attendait pas à ce retournement de situation, lâcha un râle de frustration. Au moment de retomber au sol, le garçon usa de son inertie pour asséner un puissant coup de pied qui, à défaut de la mettre à terre, fit reculer la rouquine. Celle-ci trébucha sur les ordures éparpillées lors du combat. Il n'en fallut pas plus à sa proie pour profiter de cette occasion et prendre ses jambes à son cou.

Tout en courant aussi vite que ses muscles le lui permettaient, Arthus composa le numéro de la police sur son téléphone. Qu'est-ce qu'il allait leur dire ? Il ne le savait pas lui-même. Il avait simplement besoin d'une aide providentielle qui le sortirait des griffes de ce monstre à l'apparence féminine.

Lorsqu'il émergea dans l'avenue principale, celle-ci était déserte. Pourquoi ? Où était passé tout le monde ? Il n'était pas si tard, la rue aurait dû être bondée de travailleurs ! Mais il n'y avait pas une âme visible à l'horizon. Pire, les stores de toutes les boutiques étaient baissés et les lampadaires éteints. Quelque chose clochait dans cette ville. Néanmoins, Arthus n'eut pas le loisir de s'interroger davantage sur le pourquoi du comment.

Derrière lui, une violente explosion retentit. L'instant d'après, son téléphone vola en éclats dans sa main, comme si une bombe avait été placée à l'intérieur. Plusieurs morceaux de verre déchirèrent sa chair. Il ne ressentit toutefois aucune douleur : l'adrénaline qui coulait dans ses veines l'en empêchait. Il était conscient qu'il avait frôlé la mort.

La respiration haletante, le combattant se retourna lentement, et déglutit. Elle était, à quelques mètres de lui, debout au sommet d'un lampadaire. Yuki Fuyuku dévisageait son adversaire de ses yeux inhumains. Ses longs cheveux aux reflets orangés baignaient dans une faible lueur mauve. Ils flamboyaient, tel un brasier ardent. Un frisson parcourut Arthus lorsqu'il distingua dans la main gauche de l'Esper une sinistre épée à la lame dorée.

C'était un tableau à la fois spectaculaire et effrayant. Le garçon était cloué sur place. Il ne pouvait détacher son regard de la beauté mortelle qui lui faisait face, et qui n'allait certainement pas tarder à lui percer le cœur. Il devait se rendre à l'évidence : personne ne viendrait le sauver, à présent. Le Familier était bien incapable de vaincre Yuki. Finalement, il ne devait être qu'un échec et c'était pour cela que le professeur Leblanc avait essayé de se débarrasser de lui en prétendant agir pour sa liberté... Arthus n'était qu'un humain, sans pouvoir, à la naissance qui sortait simplement de l'ordinaire. Que pouvait-il faire contre un monstre pareil ?

Arthus Leclipse: Le mystère du familier libre [En réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant