Chapitre 13: La vision

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Un épais talus sombre masquait l'éclat de la Lune. Seuls quelques maigres filets de lumière blanchâtre parvenaient à se frayer un chemin à travers les branchages, dont les ombres grandissantes s'étiraient sur le sol humide comme des fantômes dansant au gré du vent.

Arthus avançait à grandes enjambées, la respiration saccadée, se faufilait entre les branches et les ronces qui jonchaient la terre. Deux adolescents dont il ne pouvait pas distinguer les visages marchaient à ses côtés. À en juger par leur allure vive, leurs regards furtifs qu'ils jetaient toutes les secondes, et les vêtements déchirés qu'ils portaient, ils cherchaient à fuir quelque chose.

Soudain, un craquement résonna à quelques mètres. Le groupe s'arrêta net, et le garçon qui accompagnait Arthus fit signe à ses deux camarades de rester en arrière. La fillette se blottit derrière lui, tremblante.

Pendant plusieurs secondes, rien ne se passa. Alors qu'ils s'apprêtaient à repartir, les arbres volèrent en éclats. Ils furent ainsi violemment projetés vers l'arrière. Un rugissement assourdissant leur perfora les tympans. Lorsque le familier aperçut ce qu'il avait en face de lui, son cœur s'emballa. Devant lui se tenait une créature immonde, au corps velu de chauve-souris et à la tête de lézard. Debout sur ses membres postérieurs, ses yeux pourpres luisaient dans la pénombre comme des rubis tandis qu'un sourire malsain semblait se dessiner sur sa gueule, qui laissait entrevoir une rangée de crocs dégoulinant de sang frais.

Arthus revint à lui en sursaut, la respiration haletante, et le cœur battant à tout rompre. Il était brûlant, et son teint était devenu livide. Il parvint toutefois à se calmer assez rapidement lorsqu'il croisa le regard inquiet de David, qui l'avait rattrapé de justesse. Yuki s'était levée précipitamment et avait déjà ordonné à Misty de mouiller un torchon pour appliquer une compresse. Cependant, les visages de tous se détendirent légèrement en constatant que l'adolescent reprenait connaissance.

— Eh, mec, ça va ? lança le blondinet. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

— J'ai... J'ai juste eu un vertige pendant un instant, mais ça va mieux, maintenant, mentit son ami d'une voix tremblotante. Je crois que j'ai besoin de prendre l'air.

Sans attendre de réponse, Arthus se remit debout et sortit de la cuisine d'un pas peu assuré. Il marcha jusqu'à la terrasse, et s'assit sur les planches de bois, face au jardin. Il inspira longuement pour réguler son rythme cardiaque. Aussitôt, les effluves de l'automne mêlées aux fragrances des fleurs japonaises le calmèrent. Il resta ainsi là pendant plusieurs minutes, dans le froid, fixant le bassin dans lequel nageaient les carpes rouge et blanches. La nuit était tombée, et le maigre croissant de Lune se reflétait sur la surface de l'étang limpide. Au sol, plusieurs petites lanternes éclairaient le chemin de gravier, donnant au lieu une allure féérique.

Il n'y avait pas un bruit. Le brouhaha du centre-ville était remplacé par le bruissement du vent dans les feuilles mortes et le clapotis de l'eau.

Tout en se laissant bercer par cette atmosphère magique, Arthus tentait tant bien que mal d'analyser ce qu'il avait vu. Mais, à chaque fois qu'il essayait de visualiser les visages des deux inconnus, un profond sentiment de regret l'envahissait.

L'écho de bottes sur les planches tira finalement le garçon de ses réflexions. Yuki vint se placer à côté de lui, la main posée sur sa hanche. Malgré son air impassible, l'inquiétude se lisait dans ses yeux azurés.

— Le dîner est prêt, j'imagine ? Commencez sans moi, je vous rejoindrai, lança Arthus, dans l'espoir de la faire partir.

— Pas encore. Quand j'ai aidé, j'ai mis le feu au potage, donc David doit tout recommencer, soupira-t-elle.

Arthus Leclipse: Le mystère du familier libre [En réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant