La fugue

Chapitre 19

James lu le message sur le téléphone que lui tendait Nina.

" Comment va-t-on faire ? " dit Nina à voix basse.

_ Je sais ! " Répondit James.

Il expliqua son plan à Nina, et ils passèrent à l'acte. Nina se déguisa en vieille dame, et transforma son ami en fille. Ils sortirent dans la rue et laissèrent leurs sacs dans leur cachette. Par précaution, James portait des lunettes de soleil, un conseil de Nina qui savait que les yeux de son ami étaient particuliers et donc facile à reconnaître. Il avait dans ses yeux noisettes, une petite étincelle de malice, et un peu de vert. Ils traversèrent les rues, Nina guidant James jusqu'à chez elle.

" Es-tu sûr que l'on ne va pas droit dans le piège ? " Lui demanda à nouveau Nina, inquiète.

James lui répondit par un signe de tête négatif, mais cela ne la rassura pas pour autant. La tante de James devait avoir contacté la police, qui devait avoir prévu qu'ils se rendaient chez elle. Nina fit un signe à James pour qu'il s'arrête. Elle vit alors sa maison, cela faisait un mois qu'elle en était partie. Un petit pincement au cœur lui indiqua qu'elle se souviendrai toujours de ce moment. Elle respira un grand coup, puis s'approcha de la porte du garage dont elle tenait les clés. Elle consulta sa montre, fébrilement, et glissa les clés dans la serrure. Elle entendit un petit bruit, et ouvrit doucement la porte. Elle retrouva le garage dans le même état qu'elle l'avait vu avant de partir, le désordre dans un coin, la table de ping-pong pliée et rangée, les buches, le barbecue, l'armoire contenant divers outils de jardinage, et la brouette. Elle traversa la pièce à pas de loup, suivit de James, comme si elle avait peur de déranger le silence. Elle ouvrit une autre porte, gravit des escaliers, ouvrit encore une autre porte, et se retrouva dans le couloir du bas. Elle contempla la tapisserie orange clair qui ornait les murs, fit le tour de la cheminée comme quand elle était petite, passa au peigne fin avec ses yeux tous les meubles, armoires, tables, pour voir des éventuels détails qui auraient changés. Puis elle entra dans sa chambre. Rien n'avait changé, si ce n'est que la poussière qui recouvrait finement le parquet de sa chambre. Elle regarda pendant de longue seconde son piano, et soudain, elle prit ses livres de partitions, ses compositions, son diplôme de piano, son manuel de français, son argent de poche. Elle voulut prendre son ordinateur, mais se rappela que James lui avait conseillé de plutôt prendre une clé USB et de télécharger les fichiers intéressants. Elle prit aussi quelques vêtements, sa carte d'identité et son classeur de français. Le tout rentrait tout juste dans le sac à dos jaune qu'elle alla chercher dans la chambre de ses parents. Puis elle s'en alla, et James et elle sortirent de la maison, et rejoignirent leur cachette, Nina retenant ses larmes.